JE VOUDRAIS TE PRENDRE
(2:55) (Lynda Lemay) - © 1999


Que tu sois jolie, que tu sois laide
Que tu t'en balances ou qu'ça t'importe
Avant qu'tu m'oublies ou que tu décèdes
Ouvre-moi ta porte
Je voudrais te prendre dans mes bras
Que tu sois putain ou religieuse
Que tu sois faible ou que tu sois forte
Avant que ton bout d'cimetière se creuse
Ouvre-moi ta porte
Je voudrais te prendre dans mes bras
Que tu te trouves lâche et qu'tu t'en veuilles
Ou que ça t'indiffère totalement
Avant que tout l'monde à part moi
Ne porte ton deuil
Je voudrais te prendre dans mes bras
Même si tu t'fous de c'que je pense
Même si t'es méchante comme dix
Même si ton monde entier
Ne sait pas que j'existe
Je voudrais te prendre
Je voudrais te prendre
Parce que t'es ma source et mes racines
Parce que t'es ma cigogne et mon chou
Parce que dans ton ventre il y a
Mon pays d'origine
Je voudrais te prendre dans mes bras
Que je sois ton regret le plus tendre
Que je sois ton plus mauvais souvenir
Que je me sois fait donner ou vendre
J'ai jamais cessé d't'appartenir !
Je voudrais te prendre...
Je voudrais te prendre
Je voudrais te prendre dans mes bras
Et me reconnaître dans tes yeux
Je voudrais te dire que j't'en veux pas
Même si y a des soirs où je t'en veux
Que tu te sois damné les entrailles
Ou que tu m'aies fait des demi-frères
Si tu te présentes aux retrouvailles
Je veux que tu m'serres
Je veux que tu m'serres dans tes bras !!!

DÉCEVOIR
(5:28) (Lynda Lemay) - © 1999


J'ai aucun compte à rendre
à quelque âme qui vive
j'ai pas d'conseil à prendre
que je saurais pas suivre
si je prie si je mens
si je dis des bêtises
je ferai pas autrement
quoi que tu fasses ou dises
tu seras jamais ma mère
et même si tu l'étais
j'te déclarerais la même guerre
qu'à celle que j'ai
si il y a une réussite
dont je peux me prévaloir
dont j'ai tout le mérite
c'est de décevoir
j'ai déçu ma famille
j'ai déçu mes amours
j'ai pas déçu ma fille
oh mais j'ai tout fait pour
quand j'ai quitté son père
elle a penché sa tête
elle a pris ses affaires
elle a dit je suis prête
comme si elle comprenait
pourtant j'étais fautive
elle a dit "oh tu sais"
ce sont des choses qui arrivent"
elle est monté tranquille
dans ma vieille bagnole
elle a changé de ville
elle a changé d'école
je sais que tu m'en veux
et que tu me condamnes
oui je passe aux aveux
et je prends tous les blâmes
toi le témoin gentil
de toutes mes erreurs
toi qui est mon amie
soi-disant la meilleure
toi qui t'montre fidèle
depuis la petite enfance
toi qui est mon modèle
un modèle de patience
je savais que j'arriverais
à perdre ta confiance
mon cœur est si mauvais
qu'tu trembles d'impuissance
tu sais ou j'me les mets
tes belles remontrances
puisque j'ai pas d'cervelle
c'est bien là où tu penses
s'il fallait que j'men veuille
chaqe fois que j'fais d'la peine
je serais dans mon cercueil
j'me serais ouuvert les veines
c'pas vrai qu'y faut que j'me donne
une foutue seconde chance
qu'y faut que j'me pardonne
et que je recommence
dis pas d'conneries ma vieille
je sais que j'te dérange
mais c'est pas demain la veille
que j'vais devenir un ange
et si c'est aujourd'hui
que j'dois perdre ma dernière
plutôt ma seule amie
eh bien vas-y ma chère
j'vais t'ajouter au poids
de tous mes grands échecs
tout le respect que j'te dois
j'vais m'étouffer avec
si t'étais pas déçue
y'était temps que tu l'sois
c'était du temps perdu
tout ce temps avec moi
fallait pas perdre ta vie
à vouloir me sauver
reprends ton crucifix
et laisse moi sombrer
il me restera ma fille
mon petit rayon d'amour
mon restant de famille
ma bouée de secours
il me restera ma fille
qui veut me ressembler
qui danse et qui se maquille
et qui met mes souliers
il me restera ma fille
qu'tu m'offres d'adopter
car tu crains la béquille
qu'elle va m'emprunter
il ne me restera qu'elle
voila c'est mon histoire
il ne me restera qu'elle seule
à décevoir

MA CHOUETTE
(3:51) (Lynda Lemay) - © 1999


 avait toute la famille dans la cafétéria
ça prenait des paris, certains disaient
Ce sera sans aucun doute une fille 
Parce que j'te portais bas
Même si l'échographie me prédisait un gars
Puis y avait ton père exalté comme une femme
Entre la crise de nerfs et puis la crise de larmes
Impatient comme un cheval derrière la barrière
Qui piétine la terre avant la course finale
Et y avait l'infirmière, tranquille comme un poisson
Diplomée en matière de respiration
Qui m'flattait la jaquette pendant les contractions
Et qui m'appelait ma chouette 
Comme si c'était moi l'poupon
Et bien sur, y avait moi, moi la chouette en question
Tremblante comme un soldat qui va combattre au front
Comme une brebis frileuse qui veut pas qu'on la tonde
Comme une poule couveuse qui sait pas comment pondre
Finalement y avait toi, toi qui voulais sortir
Tant pis si c'est étroit, tant pis si ça déchire
Pressée comme la police en pleine chasse à l'homme
Toi, la star en coulisses
J'allais t'voir en personne
A l'heure où, pour être franche
Moi j'en avais plein l'col
Y avait une petite balle blanche
Qui prenait son envol
Sur le grand terrain d'golf
Où s'promenait mon docteur
Qui entendait pas sonner
L'téléavertisseur !
Y avait toute la famille dans la cafétéria
ça mangeait des croustilles, ça buvait du coca
Et puis y avait ton père que je sentais faiblir
Qui savait pas quoi faire et encore moins quoi dire
Et l'infirmière inquiète qui regardait filer l'heure
Qui m'répétait Ma chouette, on trouve pas ton docteur
Et y avait moi la chouette qui gueulais dans la chambre
Débarque de ma jaquette ou bien j'te casse les jambes
Puis y avait l'médecin d'garde qui est venu à la rescousse
De la pauvre garde-malade
Qui osait même plus me dire pousse
C'est a ce moment précis qu'tu t'es sorti la tête
Ton père s'est évanoui et l'infirmière m'a dit
Un dernier effort ma chouette
Quelques secondes plus tard
T'étais contre mon sein
Avec ton petit regard bouffi
Qui cherchait l'mien
Ton papa tout baba
Pleurait comme un gamin
En mettant son gros doigt
En dessous de ta p'tite main...
Il a r'joint la famille qui brûlait de savoir
Il a dit C'est une fille a sorti les cigares
Elle a des petites fossettes, elle a les cheveux noirs
Une belle petite grassouillette de 8 lbs et quart
Aujourd'hui ma fillette, c'est ton anniversaire
T'en as plein la bavette de ton beau dessert
En fait d'puis ta naissance
Y a qu'une chose qui m'inquiète
C'est qu'parfois j'ai tendance
A t'appeler ma chouette !!!

ALPHONSE
(3:42) (Lynda Lemay) - © 1999


je m'appelle Alphonse c'est pas d'ma faute
c'est mes parents qui m'ont fait l'coup
ça aurait pu tomber sur un autre
on était neuf garçons chez nous
je sais qu'ça fait plusieurs prénoms
et que ça fait plusieurs baptême
on peut manquer d'inspiration
mais y' des limite quand même
j'sais pas à quoi ils ont pensé
ils devaient être pompette ou quequ'chose
j'devais pas être beau quand j'suis né
j'devais être drôle, je suppose
oh pas danger que le beau phil
hérite d'un prénom comme le mien
philippe pour aborder les filles
il faut avouer que ça sonne bien
moi, même posée par la plus belle
la question restait sans réponse
salut toi comment tu t'appelles
vaut mieux crever que dire Alphonse
mais vous savez changer d'prénom
c'plus compliqué que d'changer d'sexe
qui soit trop court qui sois trop long
faut s'résigner a vivre avec
j'me serais bien contenté d'Stéphane
Normant, Eric ou même Denis
Alphonse ça peut pas chauffer d'van
ça fait pas d'vague dans une brasserie
et puis ça s'lance pas en affaire
ça s'fait manger la laine sur l'dos
même si papa était prospère
Alphonse y repart à zéro
y'm'semble que si j'm'appelais Stéphane
ben j'serais peut être pas aussi pauvre
j'aurais pas une face à soutane
pis j's'rais peut être pas aussi chauve
frère Alphonse, ça c'est beau
le monastère m'ouvrait les bras
si j'étais pas si hétéro
je serais sans doute rendu là
j'ai de la rancune au fond du cœur
s'appeler Alphonse, ça rend méchant
j'ai jamais mis une cenne de fleurs
sur le tombeau de mes parents
j'm'appelle Alphonse, c'est mon prénom
c'est mon problème, faut que j'm'adapte
mais je vous jure qu'une vie c'est long
affublé d'un tel handicap
je n'ai pas eu de fils encore
mais s'il faut que dieu m'en donne un
je l'appelerai Alphonse junior
juste pour me venger sur quelqu'un

L'INCOMPÉTENCE
(3:12) (Lynda Lemay) - © 1999


Le gars du magasin
Au rayon des matelas
Il dit que c'est trop loin
Ils livrent pas jusque-là
T'es là qu'tu lui expliques
Qu'c'est à peine un détour
Y'est là qu'il te réplique
Qu'y peut pas changer les règles
Et qu'y font pas la livraison
Que c'est pas sur le trajet
De ses petits camions
Alors il t'remet le chèque
Que tu viens juste de faire
En te disant "j'vous remets l'chèque
Que vous venez juste de faire"
Alors quoi tu exploses
Tu veux lui arracher la tête
Tu reprends tes deux mille douilles
Qui valaient pas deux kilomètres
Et puis tu t'grouilles et puis tu sors
Car avoir fait ce que tu penses
On l'aurait r'trouvé mort
Gisant dans son incompétence !

La fille du restaurant
Elle a jamais voulu
Faire un petit changement
A son petit menu
T'es là qu'tu lui répètes
Qu'tu vas payer l'surplus
Elle est là qu'elle s'entête
Qu'elle peut pas changer les frites
Pour mettre du riz à la place
Elle a pas l'droit la petite
Qu'est-ce que tu veux qu'elle fasse
Alors elle t'amène ton riz
Dans une assiette à part
En te disant "je vous l'ai mis
Dans une assiette à part"
Alors toi tu t'emportes
E puis tu t'obstines avec elle
Tu lui dis "Tiens l'idiote
Va jeter tes frites à la poubelle"
Et tu sors en claquant la porte
Car avoir fait ce que tu penses
On l'aurait r'trouvée morte
Gisant dans son incompétence !

Le bonhomme du garage
Il a changé d'avis
Paraît que les dommages
Ils sont pas garantis
T'es là que tu t'étonnes
Que tu sors ton papier
Il est là qu'il marmonne
Qu'y peut pas changer les pièces
Parce que ces pièces-là, y'en a plus
A moins d'en faire venir de Grèce
Ou du Caire ou d'Honolulu
Alors y t'propose de t'vendre
Son kit de silencieux
En te disant
"Ga, laisse-moi-lé jusqu'à demain
M'a te l'arranger
Y va être comme neu :"
Alors toi l'capot t'saute
Et là tu t'accotes sur le mur
Tu lui dis :"Veux-tu j'vas te
L'arranger moi, ta facture !"
Et puis finalement t'en peux plus
De jamais faire ce que tu penses
Et tu le laisses tout nu
Gisant dans son bidon d'essence !

LES FILLES SEULES
(4:57) (Lynda Lemay) - © 1999


Les filles seules
Elles habitent avec des copines, les filles seules
Parlent des plats qu'elles se cuisinent, elles s'engueulent
à propos de choses anodines qui les agacent
Elles dorment avec des pyjamas très confortables
Elles ont l'horaire du cinéma dans un cartable
Où elles se font aussi des listes interminables
Les filles seules
Elles rêvent pourtant d'aventures et de voyages
De promenades sans chaussures le long d'une plage
Mais dans le fond d'une cabine d'essayage
Un ventre rond sous un maillot les décourage
Elles passeront juillet dans leur deuxième étage
Elles n'ont pas toujours l'air plus jeune que leur âge
Les filles seules
Elles ont de l'humour à revendre et elles rigolent
Y a même des jours où on s'demande si elles sont folles
Elles ont des drôles d'habitudes de vieilles filles
Elles exagèrent un peu chaque fois qu'elles s'maquillent
Se trouvent de nouveaux défauts, de nouvelles rides
Tellement les pauvres filles seules s'examinent
Elles magasinent
Les jeudis, vendredis, samedis soir, elles décident
Du prochain film qu'elles iront voir, elles s'obstinent
Contre celle qui connaît l'histoire et qui la raconte
Et pendant ce temps-là, elles ne se rendent plus compte
Qu'elles se sentent seules jusqu'au bout des ongles
Et que cette maudite solitude leur fait honte
Les filles seules
Elles rêvent pourtant d'aventures et de voyages
De caresses et d'amour et même de mariage
Mais pour les hommes, elles sont plutôt difficiles
Les filles seules ont fini de croire aux idylles
L'amour qu'elles veulent court pas toujours les rues de leur ville
On peut bien les entendre dire que c'est une chance
Que pour les enfants, elles n'auraient pas la patience
Dès qu'elles ont un pied dans le parc, il faut les voir
Pendant des heures, faire danser les balançoires
Et revenir la larme à l'œil et le cœur triste
Malgré les airs déterminés, elle se trahissent
Les filles seules sont souvent les plus romantiques
Les filles seules
Elles habitent avec des copines
Les filles seules
Parlent des plats qu'elles se cuisinent
Elles conservent
Scellé avec de la paraffine
Un cœur de rêve

ÉPOUSTOUFLANTE
(3:42) (Lynda Lemay) - © 1999


J'suis arrivée une bonne demi-heure
plus tôt que l'heure d'mon rendez-vous
le temps d'être sûre de la couleur
pour ne pas regretter après coup
le temps d'fouiller dans les revues
pour découvrir Claudia Schiffer
les bras en l'air à moitiè nue
bien entendu belle comme un cœur

c'est alors que j'ai eu un flash
j'ai dit "c'est comme elle que je les veux"
mon vieux faut pas que tu me les gâches
ce soir je vois mon amoureux
j'ai insisté sur la longueur
y a dit "du calme chère cliente
soyez tranquille, ayez pas peur
je vais vous rendre époustouflante"

il a dit je connais mon art
laissez-moi faire, vous allez voir
je vais vous faire un look d'enfer
on va vous prendre pour une star
il semblait tellement convaincu
que je lui ai dit "je te fais confiance"
j'ai pris place avec ma revue
en essayant d'garder l'silence

morte de trouille avec ma cape
et ma serviette autour du cou
j'ai subi la fameuse étape
du casque de bain avec des trous
messieurs vous avez pas idée
vous qui passer chez le barbier
vous faire donner un coup d'ciseaux
avant d'retourner au bureau

de ce qui faut que l'on endure
et de combien on s'humilie
lorsque l'on risque notre chevelure
comme s'il s'agissait de notre vie
aux mains de c'que l'on appelle une "tante"
qui jure que l'ovale de notre visage
exige telle ou telle permanente
et puis tel ou tel balayage

oui vous qui n'êtes que témoin
de notre retour hystérique
la tête comme une botte de foin
et l'porte-feuille anorexique
vous qui avez la lourde tâche
de réprimer votre fou rire
pendant qu'on s'cache
dans la salle de bain et qu'on refuse de sortir

j'en était donc au casque affreux
qui me retombait sur les yeux
quelle fâcheuse position
pour apercevoir dans le salon
ma grande voisine de six pieds un
avec sa jupe et son parfum
qui s'en vient s'écrier "salut
Lynda j'tai presque pas r'connue"

puis j'ai eu droit au bigoudis
"c'est juste pour donner plus de corps"
que la fofolle m'avait promis
avant que je passe au séchoir
il avait simplement omis
d'me dire que j'aurais l'air d'avoir
d'la parenté en haiti
c'était crépu quelque chose de rare

enfin comble de désespoir
les mèches blondes sont sorties rousses
le tour d'oreille fait au rasoir
fallait que j'attende que ça repousse
ce qu'y a pire dans mon histoire
c'est qu'après mon passage à la caisse
j'ai dit "merci beaucoup, bonsoir"
comme la reine des épaisses

je suis revenue en beau maudit
epoustouflante qu'il m'avait dit
ben pour epoustoufler ça oui
j'époustouflait en jésus Christ
je me suis étudiée dans le miroir
en petite culottes en levant les bras
j'ai jamais réussi à voir
la ressemblance avec Claudia

j'ai annulé mon rendez-vous
de peur qu'le gars soit asthmatique
y aurait pu crever sur le coup
a peine passé le portique
j'ai juré que plus jamais de ma vie
j'aurais recours à un expert
au diable l'art, vive les tony
les beaux permanents de ma mère

LE PLUS FORT, C'EST MON PÈRE
(4:07) (Lynda Lemay) - © 1999


Comment t'as fait maman
Pour savoir que papa
Beau temps et mauvais temps
Il ne partirait pas
Est-ce que t'en était sure
Ou si tu savais pas
Est-ce que les déchirures ça se prévoit

Comment t'as fait, maman
Pour trouver le bon gars
Tu l'as connu comment
Tu l'as aimé pourquoi
Est-ce qu'y en avait juste un
Dans tout le présent siècle
Et y s'trouve que c'est toi qui dors avec

Comment t'as pu trouver
Un homme qui n'a pas peur
Qui promet sans trembler
Qui aime de tout son coeur
J'le disais y'a longtemps
Mais pas d'la même manière
T'as d'la chance maman
Le plus fort c'est mon père

Comment ça s'fait maman
Que dans ma vie à moi
Avec autant d'amants
Avec autant de choix
Je n'ai pas encore trouvé
Un homme comme lui
Capable d'être ami, père et mari

Comment t'as fait maman
Pour lui ouvrir ton coeur
Sans qu'il parte en courant
Avec c'que t'as d'meilleur
Est-ce qu'y' a des mots magiques
Que t'as dit sans te rendre compte
Explique moi donc c'qui faudrait que j'raconte

Comment t'as pu trouver
Un homme qui n'a pas peur
Qui promet sans trembler
Qui aime de tout son coeur
J'le disais y'a longtemps
Mais pas d'la même manière
T'as d'la chance maman
Le plus fort c'est mon père

Quand j'ai l'air d'les aimer
Les hommes changent de regard
Si j'ose m’attacher
Y s'mettent a m'en vouloir
Si je parle d'avenir
Y sont déjà loin derrière
J'avais raison d’le dire
Le plus fort c'est mon père

Vas tu m'dire maman
Comment t'as pu savoir
Dès le commencement
Qu'c'était pas un trouillard
Qu'il allait pas s'enfuir
Et qu'il allait tout faire
Pour que je puisse dire
Le plus fort c'est mon père

Quel effet ça t'as fait
Quand tu l'as rencontré
Est-ce que ça parraissait
Qu'il allait tant t'aimer
Les hommes bien souvent
Paraissent extraordinaires
Mais dit toi bien maman
Qu'le plus fort c'est mon père

LA MARMAILLE
(4:22) (Lynda Lemay) - © 1999


Longtemps j'ai cru que la marmaille
J'en voudrais jamais dans mes jambes
Que j'endurerais jamais qu'ça braille
Même en punition dans une chambre

Longtemps j'ai cru que la marmaille
Y avait des filles faites pour ça
Et qu'elles méritaient des médailles
Et j'étais pas de ces filles-là

Mais d'où me vient cette envie folle
Mais d'où me sortent ces idées-là
Cette passion des cours d'école
Cet attendrissement que voilà

J'm'émeus devant les femmes enceintes
Qui magasinent les berceaux
Qui ont les seins gros comme ma crainte
D'avoir toute la marmaille à dos

Toutes mes certitudes s'écroulent
J'veux d'la marmaille à moi
J'veux moucher les p'tits nez qui coulent
J'veux mettre ça en pyjama

Je veux qu'ça crie, je veux qu'ça saute
Que ça brise des matelas
Et j'veux qu'ça salisse des chaises hautes
J'veux d'la marmaille à moi

J'sais pas pourquoi, mais la marmaille
J'croyais qu'ça m'aimait pas la face
Que ça priait pour que j'm'en aille
Quand j'arrivais dans leur espace

Longtemps j'ai cru que la marmaille
J'en aurais jamais sur les bras
Qu'j'avais ni l'cœur, ni les entrailles
Assez solides pour porter ça

J'm'émeus devant les femmes enceintes
Qui magasinent les berceaux
Qui ont les seins gros comme ma crainte
D'avoir toute la marmaille à dos

Toutes mes certitudes s'écroulent
J'veux d'la marmaille à moi
J'veux moucher les p'tits nez qui coulent
J'veux mettre ça en pyjama

Je veux qu'ça crie, je veux qu'ça saute
Que ça brise des matelas
Et j'veux qu'ça salisse des chaises hautes
J'veux d'la marmaille à moi

J'veux nettoyer les genoux qui saignent
J'veux d'la marmaille à moi
Je veux qu'ça boude, je veux qu'ça s'plaigne
J'veux emmener ça au cinéma

J'veux ressusciter l'père Noël
Je veux que ça y croie
J'veux qu'ça attrape la varicelle
J'veux d'la marmaille à moi

Mon univers a basculé
J'veux d'la marmaille à moi
Et c'est depuis qu't'es arrivé
Que j'veux d'la marmaille...
... J'veux d'la marmaille de toi.

CEUX QUE L'ON MET AU MONDE
(6:37) (Lynda Lemay) - © 1999


Ceux que l'on met au monde
ne nous appartiennent pas
c'est ce que l'on nous montre
et c'est ce que l'on croit
ils ont une vie à vivre
on n'peut pas dessiner
les chemins qu'ils vont suivre
ils devront décider
c'est une belle histoire
que cette indépendance
une fois passés les boires
et la petite enfance
qu'il ne faille rien nouer
qu'on ne puisse pas défaire
que des nœuds pas serrés
des boucles, si l'on préfère
ceux que l'on aide à naître
ne nous appartiennent pas
ils sont ce qu'ils veulent être
qu'on en soit fière ou pas
c'est ce que l'on nous dit
c'est ce qui est écrit
la bonne philosophie
la grande psychologie
et voilà que tu nais
et que t'es pas normal
t'es dodu, t'es parfait
le problème est mental
et voilà que c'est pas vrai
que tu vas faire ton chemin
car t'arrêteras jamais
de n'être qu'un gamin
tu fais tes premiers pas
on se laisse émouvoir
mais les pas que tu feras
ne te mèneront nulle part
qui es-tu si t'es pas
un adulte en devenir
si c'est ma jupe à moi
pour toujours qui t'attire
c'est pas c'qu'on m'avait dit
j'étais pas préparée
t'es à moi pour la vie
le bon dieu s'est trompé
et y a le diable qui rit
dans sa barbe de feu
et puis qui me punit
d'l'avoir prié un peu
pour que tu m'appartiennes
à la vie, à la mort
il t'a changé en teigne
il t'a jeté un sort
t'es mon enfant d'amour
t'es mon enfant spécial
un enfant pour toujours
un cadeau des étoiles
un enfant à jamais
un enfant anormal
c'est ce que j'espérais
alors pourquoi j'ai mal
j'aurais pas réussi
à me détacher de toi
le destin est gentil
tu n'e t'en iras pas
t'auras pas dix-huit ans
de la même façon
que ceux que le temps rend
plus hommes que garçons
t'auras besoin de moi
mon éternel enfant
qui ne t'en iras pas
vivre en appartement
ta jeunesse me suivra
jusque dans ma vieillesse
ton docteur a dit ça
c'était comme une promesse
moi qui avais tellement peur
de te voir m'échapper
voilà que ton petit cœur
me jure fidélité
toute ma vie durant
j'conserverai mes droits
mes tâches de maman
et tu m'appartiendras
ceux que l'on met au monde
ne nous appartiennent pas
c'est ce que l'on nous montre
et c'est ce que l'on croit
c'est une belle histoire
que cette histoire-là
mais voilà que surprise
mon enfant m'appartient
tu te fous de ce que disent
les auteurs des bouquins
t'arrives et tu m'adores
et tu me fais confiance
de tout ton petit corps
de toute ta différence
j'serai pas là de passage
comme les autres parents
qui font dans le mariage
le deuil de leur enfant
j'aurai le privilège
de te border chaque soir
et certains jours de neige
de te mettre ton foulard
à l'âge où d'autres n'ont
que cette visite rare
qui vient et qui repart
par soirs de réveillon
tu seras le baton
de ma vieillesse précoce
en même temps que le boulet
qui drainera mes forces
tu ne connais que moi
et ton ami pierrot
que je te décris tout bas
quand tu vas faire dodo
et tu prends pour acquis
que je serai toujours là
pour t'apprendre cette vie
que tu n'apprendras pas
car ta vie s'est figée
mais la mienne passera
j'me surprends à souhaiter
que tu trépasses avant moi
on ne peut pas t'admirer
autant que je t'admire
moi qui ai la fièrté
de te voir m'appartenir
j'voudrais pas qu'on t'insulte
et qu'on s'adresse à toi
comme à un pauvre adulte
parce qu'on t'connaîtrait pas
si le diable s'arrange
pour que tu me survives
que dieu me change en ange
que je puisse te suivre
ceux que l'on met au monde
ne nous appartiennent pas
à moins de mettre au monde
un enfant comme toi
c'est une belle histoire
que celle qui est la notre
pourtant je donnerais ma vie
pour que tu sois comme les autres

DES PIEDS ET DES MAINS
(2:29) (Lynda Lemay) - © 1999


J'ai bien fait des pieds et des mains
Pour éviter qu'au petit matin
Sans exception depuis des mois
Tu ne te lèves de ce pied-là
C'matin, c'est un pied dans la bouche
Et c'est les deux mains dans les couches
Que j't'ai vu mettre le pied dehors...
Pendant des heures, j'ai fait l'pied d'grue
Avec mon coeur gros sur la main
Et de pied ferme j'ai attendu
Que tu reviennes, mais en vain
Ce soir, au pied de l'escalier,
Je n'ai vu venir que la brunante
C'est dur de monter me coucher
Sans te tenir la main courante
Cette main que tu t'es faite sur moi
Mets-la au cul d'qui tu voudras
Maintenant, ton pied, qu'tu l'prennes ou pas
J'm'en lave les mains
Même celle des deux que t'as demandée
Comme un gentleman à mon père
Je m'en vais me la savonner
Jusqu'à m'libérer l'annulaire
Faut qu'j'prenne mon courage à deux mains
Et que j'retombe sur mes pieds
Puisque c'est clair qu't'as levé les tiens
Et qu'tu t'les es pris quelque part
T'as sûrement sauté à pieds joints
Dans le premier lit d'occasion
Et tu as sûrement bien en main la situation
Ton piédestal a basculé
Et tu t'en sors avec rien
Oui c'est à moi qu'ça casse les pieds
A moi que ça fait du chagrin
D'imaginer la cendrillon
Qui a trouvé chaussure à son pied
En choisissant comme chausson
L'homme de seconde main que tu es...
J'mettrais bien ma main au feu
Qu'tu mets déjà la tienne aux fesses
Et au reste du corps pulpeux de ta princesse
Cette main dans laquelle je mangeais
Jusqu'à c'matin avant qu'tu partes
Alors qu'à tes pieds je dansais
Sur je n'sais plus quel pied de guerre
Je donnerais ma main à couper
Qu'ta main de maître a pris maîtresse
Une qui t'offre au pied levé un pied à terre
Une aux mains douces qui te fait
Un impeccable noeud d'cravate
Pendant qu'les mains sous l'robinet
Moi je m'libère... l'annulaire !

CHÉRI, TU RONFLES
(2:52) (Lynda Lemay) - © 1999


Moi j'aurais jamais cru
Que j'penserais au divorce
Mais l'idée m'est venue
Vers la fin d'la nuit d'noces
C'est pas que j'te déteste
Ou que j'veux t'voir mourir
C'est juste que tu m'agresses
Chaque fois qu'tu respires !
Non c'est pas qu'tu m'écœures
Ou que j'peux plus t'sentir
Mais essaie de dormir
Dans la pelle d'un tracteur !
C'est pas qu't'es pas gentil
C'est qu't'as dû avaler
Lorsque t'étais petit
Un moteur de Harley

Chéri, tu ronfles

J't'ai donné des coups d'genou
J't'ai secoué, j't'ai tourné
J't'ai roué de coups d'pied
Ça n'a rien changé du tout
Quand t'es près d'étouffer
Là je guette en silence
Presque entrain d'espérer
E puis "rrron" tu r'commences
J'me suis mis des bouchons
Et des bonnets d'grand-mère
Mais y a tes vibrations
Mesurables sur "Richter"
J't'ai acheté toutes les marques
D'humidificateur
Pour calmer tes horreurs
D'amygdales qui claquent
Et puis j'ai bâillonné
Ta grosse face de limace
En osant prétexter
Que c'était un fantasme
Quand j'te pince les narines
Jusqu'à c'que ça fasse mal
C'est au tour des babines
De faire "ppfff" comme un cheval
Y aurait l'opération
Qui nous sauverait la vie
Mais monsieur l'étalon
A peur des bistouris
Pourrais-tu m'expliquer
Me confier ton secret
Dis, t'es-tu fait greffer
Entr'la gorge et le nez
Un broyeur à déchets... ?
Y a sûrement une façon
Une potion miracle
A donner aux cochons
Pour ne plus qu'y renâclent
Moi j't'aimerais ma grenouille
Si c'tait pas qu'tu coasses
Si j'ramonais ta face
A grand coup de quenouilles
Au début j'me disais
Que j'allais m'habituer
Mais alors j'ignorais
Que t'allais empirer !!!
Là, j'comprends le bonheur
Le bonheur de ta mère au mariage
Elle rêvait qu'son enfant
Qu'son enfant-pas-d'muffler déménage !
J'vais te tirer d'affaire
Si tu veux que j'me charge
De t'trouver un garage
Ou un vétérinaire
Sinon, r'tourne chez ta mère
Avec ton vice caché
J'vais lui dire de t'refaire
Et puis de s'appliquer !!!

LA VISITE
(3:41) (Lynda Lemay) - © 1999


La Visite
J'veux pas d'visite
Parce que j'ai pas passé l'balai
Parce que j'ai pas d'liqueur au frais

J'veux pas d'visite
J'veux pas leur dire comment je vais
Pis j'ai les cheveux tout défaits

J'veux pas d'visite
Parce qu'la maison est à l'envers
Parce que j'suis pas bonne cuisinière

J'veux pas d'visite
Parce qu'les cousins et les beaux-frères
Ça me tombe un peu sur les nerfs

Parce qu'la visite, ça parle fort
Et parce que c'est jamais d'accord
Parce que j'ai pas une grosse façon
parce que j'ai pas de plat d'bonbons
Parce que j'ai pas d'conversation
J'veux pas d'visite!

J'veux pas d'visite
Parce quand ça sonne à la porte
J'ai comme une envie d'être morte

Toute la visite
C'est hypocrite en arrivant
Et puis ça repart en mémérant

J'veux pas d'visite
Je veux qu'on me traite de sauvage
Et que ça s'dise dans l'voisinage

J'veux qu'on m'évite
Que les enfants demandent à leur mère
"Est-ce-que c'est vrai qu'c'est une sorcière?"

Parce qu'la visite, c'comme les fourmis
Ça rentre et puis ça s'multiplie
Ça revient tout le temps comme un cauchemar
Ça pense qu'on est content d'les voir

Ça coupe les films en plein milieu
Ça prend l'divan le plus moelleux
Ça nous condamne à la chaise droite
Ça prend racine, ça mange comme quatre

J'veux pas d'visite
J'ferme les lumières et les rideaux
J'fais ma prière, j'cache mon auto

J'veux pas d'visite
Parc'que j'déteste les surprises
Quand j'me promène en queue d'chemise

Parce qu'la visite, c'est pas futé
Ça fait du bruit, puis ça grignote
C'est des p'tite bêtes bien él'vées
Faut leur faire bouffer des peanuts

Mais le problème, c'est qu'ça s'attache
Ça coûte une fortune de pistaches
Et quand ça fini par partir
Ça nous promet qu'ça va rev'nir...
...Et ça revient!

LES SOULIERS VERTS
(4:20) (Lynda Lemay) - © 1999


Ça faisait deux petits mois d'amour
Qu'on s'connaissait
Pas un seul accroc dans l'parcours
C'était parfait
On a fini par s'faire l'amour
On a choisi notre moment
On était mûrs, on était sûrs
De nos moindre petits sentiments
J'étais sceptique, j'étais peureuse
T'as mis deux mois
À remettre ma confiance boiteuse
En bon état
J'avais baissé mon bouclier
Cessé de nous prédire une guerre
J'étais en train d'emménager
Lorsque j'ai vu... les souliers verts
Des souliers verts à talons hauts
Dans l'garde-robe
Une paire de souliers verts
Aussi suspects qu'ignobles
J'les ai r'gardés droit dans les semelles
Quand ils m'ont sauté dans la face
Et ça puait la maudite femelle
Qui a dû les porter rien qu'en masse
Et ce fut un interminable face-à-face
C'était entre moi et la vieille paire de godasses
Et j'ai vu ma vie défiler
Devant mes yeux déconcertés
Et j'ai senti la sueur couler
Le long d'ma tempe ...
Ça faisait deux petits mois d'amour
Qu'on s'connaissait
Fallait voir ça la belle petite cour
Que tu m'faisais
J'avais cessé d'me protéger
Depuis le cœur jusqu'à la chair
J'me sentais en sécurité
Jusqu'à ce que j'voie... les souliers verts !
Des souliers verts à talons hauts
Sur la tablette
Une paire de souliers verts de femme
Ou de tapette
J'les ai r'gardés droit dans les semelles
Dieux merci, c'tait pas ta pointure
J'suis allée m'mettre des gants vaisselle
Pour m'emparer d'ces petites ordures
Quand j'suis arrivée dans la chambre
En t'les montrant
T'étais comme un caméléon sur le lit blanc
Je t'ai demandé à qui c'était
J'peux pas croire que t'as bredouillé
Exactement ce que j'craignais
Que t'en avais aucune idée
Que t'étais le premier surpris
Qu't'avais jamais vu ça avant
Au grand jamais, jamais d'la vie
Non... sincèrement !!
...Ben oui ça pousse des souliers verts
C'est comme une sorte de champignon
Une sorte de quenouille ou d'fougère
Ça devait être humide dans ta maison
C'est parfaitement compréhensible
Qu'ça apparaisse des souliers verts
J'pense même qu'y en a des comestibles
Mais eux, ils poussent dans l'frigidaire
C'est sûr qu'j'ai pas à m'inquiéter
Des petites chaussures de rien du tout
Le petit modèle de fin de soirée
Pour dames à quatre pattes ou à genoux
Qui sait si c'est pas l'Saint-Esprit
Qui est venu t'octroyer des souliers
C'comme les brassières en dessous du lit
Qui poussent chez d'autres miraculés
Bien sûr !
Ça faisait deux petits mois d'amour
Qu'on s'connaissait
J'allais quand même pas laisser ça
Nous séparer
Mais si tu veux bien mon amour
J'vais me permettre un commentaire
Pour toutes les jeunes filles au cœur lourd
Qui ont rencontré des souliers verts
Allez chercher vos gants d'vaisselle
Puis jetez-moi ça à la poubelle
Vous saurez pas l'fond d'l'histoire
Puis c'est p't'être mieux de n'pas l'savoir !
Fermez vos yeux petites brebis
Vous irez droit au paradis
Le ciel est rempli de petits anges
Qui ont jeté des souliers aux vidanges
Et puis j'vous parie qu'en enfer
Dans la basse-cour du vieux Satan
Y a pleins de poules en souliers verts
Et y a plein d'maris innocents
Qui n'les ont jamais vues avant
Non... sincèrement !!!
Bien sûr... !

DANS MON JEUNE TEMPS
(3:53) (Lynda Lemay) - © 1999


Dans mon jeune temps, comme disent les vieux
J'trouvais qu'maman était vieux jeu
Dans mon jeune temps, avant qu'sois grande
J'fuyais les grands qui voulaient me prendre

Dans mon jeune temps, du temps qu'j'étais petite
Je voulais pas grandir trop vite
Devenir sérieuse, parler d'argent
J'étais heureuse dans mon jeune temps

Dans mon jeune temps, j'croyais qu'l'amour
C'était gratuit et pour toujours
Et j'trouvais pas ça important
De dire je t'aime à mes parents

Dans mon jeune temps, je fuyais tout
C'qui s'penchait pour m'faire un bisou
Et lorsque hélas, on m'embrassait
Dans une grimace, je m'essuyais

Dans mon jeune temps, les yeux rivés
Sur une bande dessinée
J'oubliais tout c'qui m'entourait
Tous mes toutous, tous mes jouets

Même le papier peint tout nouveau
Celui que j'avais choisi moi-même
Celui qu'mon père sur l'escabeau
Avait posé non sans problème

Dans mon jeune temps, je voyais pas
Tout c'qu'on faisait pour me faire plaisir
J'croyais qu'le plaisir était là
Et qu'il suffisait d'se servir
Qu'il était comme dans un gros plat
Que le bon Dieu nous préparait

Dans mon jeune temps, je savais pas
Combien coûtait ce que j'mangeais

Dans mon jeune temps, quand ma grand-mère
Venait me radoter le sien
Et qu'elle se rappelait mon grand-père
Avec des yeux comme plein d'chagrin

Dans mon jeune temps, j'comprenais pas
C'que voulais dire mélancolie
J'croyais qu'y avait des mots comme ça
Qui étaient là juste pour faire joli

Dans mon jeune temps, j'croyais qu'la vie
C'était très long, mais j'ai grandi
Et voilà que j'ai l'impression
De manquer d'jours et de saisons
Voilà que j'parle comme les vieux
Avec des larmes dans les yeux
De mon mariage, de ma carrière
Et de tout c'que j'ai pas pu faire

Y'a du tout nouveau papier peint
Dans la chambre de Marie-Hélène
Rien qu'parce qu'elle m'a dit y'a deux semaines
Qu'elle raffolait pas de l'ancien
Dans mon jeune temps je savais pas
Qu'y aurait fallu que j'dise merci
J'irais maintenant l'dire à papa
S'il était pas déjà parti

Dans mon jeune temps, comme disent les vieux
J'trouvais qu'maman était vieux jeu
Elle me disait d'faire attention
Chaque fois que j'sortais d'la maison
Et voilà que j'fais la même chose
Avec Marie-Hélène et Rose
Et je les embrasses même si
Elles grimacent, et puis s'essuient ...

AU NOM DES FRUSTRÉES
(4:05) (Lynda Lemay) - © 1999


Au nom de toutes les frustrées du monde entier
Au nom de toutes les pauvres laissées pour compte
J'vais crever les pneus de toutes les voitures aux vitres embuées
Et je vais couper les cheveux des grandes blondes.

Au nom de celles qu'à l'intérieur elles sont belles
Au nom de toutes les cocues inconsolables
Je vais filer en douce tous les p'tits couples jusqu'à leurs motels
Et je vais crier "au feu" quand ça a l'air agréable.

Au nom de toutes les bonnes femmes à la diète
Au nom de toutes les victimes d'adultère
J'vais accrocher sans faire exprès avec le bout d'ma cigarette
Tous les visons des secrétaires particulières.

Au nom de toutes les frustrées du monde entier
Je vais kidnapper Adjani et Sophie Marceau
Je vais leur faire bouffer des chips et des brownies à la pocheté
Jusqu'à voir apparaître deux gros ventres flasques.

An nom de toutes les pas jolies mais très gentilles
Au nom de toutes les révoltées contre les hommes
Je vais entrer par effraction chez les p'tits cons tombeurs de filles
Je vais leur faire "guili guili" pendant qu'ils dorment.

Au nom de toutes les allergiques aux agaces
Au nom de toutes les ennemies de Sharon Stone
Je vais m'asseoir au cinéma derrière un couple qui s'embrasse
Je vais éternuer dans les séquences cochonnes.

Au nom de toutes les frustrées du monde entier
Au nom des mangeuses de tires de Sainte Catherine
J'vais faire signer des pétitions contre le sexe à la télé
J'vais faire la chasse aux laminés de Marilyn.

Au nom de toutes les coquettes qui vieillissent
Et qui n'attirent plus le regard de leur mari
J'vais m'arranger pour trouver l'moyen d'faire pousser des varices
Sur les gambettes de pétards de Dynasty

Au nom de la désillusion et de la rage
Au nom des tentations secrètes des bonnes sœurs
J'vais supplier le diable de faire apparaître un feu sauvage
Sur la grosse maudite bouche de Kim Basinger

Au nom de toutes les frustrées du monde entier
J'ai composé cette chanson thérapeutique
Plus on la gueule fort mesdames et plus on se sent libérée
Je la conseille à toutes les frustrées chroniques !