AU PRINTEMPS
(2:41) (Jacques Brel) - © 1958
Au printemps au printemps
Et mon cœur et ton cœur sont repeints au vin blanc
Au printemps au printemps
Les amants vont prier Notre Dame du bon temps
Au printemps
Pour une fleur un sourire un serment pour l'ombre d'un regard
En riant toutes les filles vous donneront leurs baisers et puis tous leurs espoirs
Vois tous ces cœurs comme des artichauts
Qui s'effeuillent en battant pour s'offrir aux badauds
Vois tous ces cœurs comme de gentils mégots
Qui s'enflamment en riant pour les filles du métro
Au printemps au printemps
Et mon cœur et ton cœur sont repeints au vin blanc
Au printemps au printemps
Les amants vont prier Notre Dame du bon temps
Au printemps
Pour une fleur un sourire un serment pour l'ombre d'un regard
En riant tout Paris se changera en baisers parfois même en grand soir
Vois tout Paris se change en pâturages
Pour troupeaux d'amoureux aux bergères peu sages
Vois tout Paris joue la fête au village
Pour bénir au soleil ces nouveaux mariages
Au printemps au printemps
Et mon cœur et ton cœur sont repeints au vin blanc
Au printemps au printemps
Les amants vont prier Notre Dame du bon temps
Au printemps
Pour une fleur un sourire un serment pour l'ombre d'un regard
En riant toute la terre se changera en baisers qui parleront d'espoir
Vois ce miracle car c'est bien le dernier
Qui s'offre encor à nous sans avoir à l'appeler
Vois ce miracle qui devait arriver
C'est la première chance la seule de l'année
Au printemps au printemps
Et mon cœur et ton cœur sont repeints au vin blanc
Au printemps au printemps
Les amants vont prier Notre Dame du bon temps
Au printemps au printemps au printemps.
JE NE SAIS PAS
(3:10) (Jacques Brel) - © 1958
Je ne sais pas pourquoi la pluie
Quitte là-haut ses oripeaux
Que sont les lourds nuages gris
Pour se coucher sur nos coteaux
Je ne sais pas pourquoi le vent
S'amuse dans les matins clairs
A colporter les rires d'enfants
Carillons frêles de l'hiver
Je ne sais rien de tout cela
Mais je sais que je t'aime encore
Je ne sais pas pourquoi la route
Qui me pousse vers la cité
A l'odeur fade des déroutes
De peuplier en peuplier
Je ne sais pas pourquoi le voile
Du brouillard glacé qui m'escorte
Me fait penser aux cathédrales
Où l'on prie pour les amours mortes
Je ne sais rien de tout cela
Mais je sais que je t'aime encore
Je ne sais pas pourquoi la ville
S'ouvre ses remparts de faubourgs
Pour me laisser glisser fragile
Sous la pluie parmi ses amours
Je ne sais pas pourquoi ces gens
Pour mieux célébrer ma défaite
Pour mieux suivre l'enterrement
Ont le nez collé aux fenêtres
Je ne sais rien de tout cela
Mais je sais que je t'aime encore
Je ne sais pas pourquoi ces rues
S'ouvrent devant moi une à une
Vierges et froides froides et nues
Rien que mes pas et pas de lune
Je ne sais pas pourquoi la nuit
Jouant de moi comme guitare
M'a forcé à venir ici
Pour pleurer devant cette gare
Je ne sais rien de tout cela
Mais je sais que je t'aime encore
Je ne sais pas à quelle heure part
Ce triste train pour Amsterdam
Qu'un couple doit prendre ce soir
Un couple dont tu es la femme
Et je ne sais pas pour quel port
Part d'Amsterdam ce grand navire
Qui brise mon cœur et mon corps
Notre amour et mon avenir
Je ne sais rien de tout cela
Mais je sais que je t'aime encore
Mais je sais que je t'aime encore.
DORS MA MIE, BONSOIR
(3:46) (Jacques Brel - François Rauber) - © 1958
Dors ma mie
Dehors la nuit est noire
Dors ma mie bonsoir
Dors ma mie
C'est notre dernier soir
Dors ma mie bonsoir
Sur les fleurs qui ferment leurs paupières
Pleure la pluie légère
Et l'oiseau qui chantera l'aurore
Dors et rêve encor
Ainsi demain déjà
Serai seul à nouveau
Et tu m'auras perdu
Rien qu'en me voulant trop
Tu m'auras gaspillé
A te vouloir bâtir
Un bonheur éternel
Ennuyeux à périr
Au lieu de te pencher
Vers moi tout simplement
Moi qui avais besoin
Si fort de ton printemps
Non les filles que l'on aime
Ne comprendront jamais
Ou'elles sont à chaque fois
Notre dernier muguet
Notre dernière chance
Notre dernier sursaut
Notre dernier départ
Notre dernier bateau
Dors ma mie
Dehors la nuit est noire
Dors ma mie bonsoir
Dors ma mie c'est notre dernier soir
Dors ma mie je pars.
DÎTES, SI C'ÉTAIT VRAI
(1:35) (Jacques Brel) - © 1958
Dites, dites, si c'était vrai
S'il était né vraiment à Bethléem, dans une étable
Dites, si c'était vrai
Si les rois Mages étaient vraiment venus de loin, de fort loin
Pour lui porter l'or, la myrrhe, l'encens
Dites, si c'était vrai
Si c'était vrai tout ce qu'ils ont écrit Luc, Matthieu
Et les deux autres,
Dites, si c'était vrai
Si c'était vrai le coup des Noces de Cana
Et le coup de Lazare
Dites, si c'était vrai
Si c'était vrai ce qu'ils racontent les petits enfants
Le soir avant d'aller dormir
Vous savez bien, quand ils disent Notre Père, quand ils disent Notre Mère
Si c'était vrai tout cela
Je dirais oui
Oh, sûrement je dirais oui
Parce que c'est tellement beau tout cela
Quand on croit que c'est vrai.
LE COLONEL
(3:13) (Jacques Brel - Gaby Wagenheim) - © 1958
Colonel faut-il
Puisque se lève le jour
Faire battre tous les tambours
Réveiller tous les pandours
Colonel faut-il
Faire sonner tous les clairons
Rassembler les escadrons
Colonel, Colonel, nous attendons
Le Colonel s'ennuie
Il effeuille une fleur
Et rêve à son amie
Oui lui a pris son cœur
Son amie est si douce et belle
Dans sa robe au soleil
Que chaque jour passé près d'elle
Se meuble de merveilles
Colonel faut-il
Puisque voilà l'ennemi
Faire tirer notre artillerie
Disposer notre infanterie
Colonel faut-il
Charger tous comme des fous
Ou partir à pas de loup
Colonel, Colonel, dites-le-nous
Le Colonel s'ennuie
Il effeuille une fleur
Et rêve à son amie
Qui lui a pris son cœur
Ses baisers doux comme velours
Tendrement ont conduit
A l'Etat-Major de l'amour
Le colonel ravi
Colonel faut-il
Puisque vous ètes blessé
Faut-il donc nous occuper
De vous trouver un Abbé Colonel faut-il
Puisqu'est mort l'apothicaire
Chercher le vétérinaire
Colonel, Colonel que faut-il faire?
Le Colonel s'ennuie
Il effeuille une fleur
Et rêve à son amie
Qui lui a pris son cœur
Il la voit et lui tend les bras
Il la voit et l'appelle
Et c'est en lui parlant tout bas
Qu'il entre dans le ciel
Ce Colonel qui meurt
Et qui meurt de chagrin
Blessé d'une fille dans le cœur
Ce Colonel loin de sa belle
C'est mon cœur loin du tien
C'est mon cœur loin du tien.
L'HOMME DANS LA CITÉ
(2:24) (Jacques Brel / Jacques Brel - François Raubert) - © 1958
Pourvu que nous vienne un homme
Aux portes de la cité
Que l'amour soit son royaume
Et l'espoir son invité
Et qu'il soit pareil aux arbres
Que mon père avait plantés
Fiers et nobles comme soir d'été
Et que les rires d'enfants
Qui lui tintent dans la tête
L'éclaboussent de reflets de fête
Pourvu que nous vienne un homme
Aux portes de la cité
Que son regard soit un psaume
Fait de soleils éclatés
Qu'il ne s'agenouille pas
Devant tout l'or d'un seigneur
Mais parfois pour cueillir une fleur
Et qu'il chasse de la main
A jamais et pour toujours
Les solutions qui seraient sans amour
Pourvu que nous vienne un homme
Aux portes de la cité
Et qui ne soit pas un baume
Mais une force une clarté
Et que sa colère soit juste
Jeune et belle comme l'orage
Qu'il ne soit jamais ni vieux ni sage
Et qu'il rechasse du temple
L'écrivain sans opinion
Marchand de rien marchand d'émotion
Pourvu que nous vienne un homme
Aux portes de la cité
Avant que les autres hommes
Qui vivent dans la cité
Humiliés d'espoirs meurtris
Et lourds de leur colère froide
Ne dressent aux creux des nuits
De nouvelles barricades.
LA LUMIÈRE JAILLIRA
(2:58) (Jacques Brel / Jacques Brel - François Raubert) - © 1958
La lumière jaillira
Claire et blanche un matin
Brusquement devant moi
Quelque part en chemin
La lumière jaillira
Et la reconnaîtrai
Pour l'avoir tant de fois
Chaque jour espérée
La lumière jaillira
Et de la voir si belle
Je connaîtrai pourquoi
J'avais tant besoin d'elle
La lumière jaillira
Et nous nous marierons
Pour n'être qu'un combat
N'être qu'une chanson
La lumière jaillira
Et je l'inviterai
A venir sous mon toit
Pour y tout transformer
La lumière jaillira
Et déjà modifié
Lui avouerai du doigt
Les meubles du passé
La lumière jaillira
Et j'aurai un palais
Tout ne change-t-il pas
Au soleil de juillet
La lumière jaillira
Et toute ma maison
Assise au feu de bois
Apprendra ses chansons
La lumière jaillira
Parsemant mes silences
De sourires de joie
Qui meurent et recommencent
La lumière jaillira
Qu'éternel voyageur
Mon cœur en vain chercha
Et qui était en mon cœur
La lumière jaillira
Reculant l'horizon
La lumière jaillira
Et portera ton nom.
VOICI
(2:45) (Jacques Brel / Jacques Brel - François Raubert) - © 1958
Qu'un ciel penche ses nuages
Sur ces chemins d'Italie
Pour amoureux sans bagages
Voici
Des coteaux en ribambelles
Pour enrubanner nos vies
Des vins clairs de fleurs nouv>
elles
Voici
Des cloches sonnant la fête
Des fêtes pour que l'on ALIGN=CENTER> rie
Des rires que rien n'arrêBODY>;te
Voici
Des amours en robe blanche
Moitié fleur et moitié fruit
Oue nous jalousent les anges
Voici
Des échos qui font la chaîne
Pour porter à l'infini
Nos &laqno; toujours » et nos &laqno; Je t'aime
Voici
Des promesses de Saint-Jean
Des Saint-Jean qui durent la vie
Des vies qu'épargne le temps
Voici
Certain sourire de nos pères
Oue l'on recherche la nuit
Pour mieux calmer sa colère
Voici
Qu'au carrefour des amitiés
La douleur s'évanouit
Broyée par nos mains serrées
Voici
Qu'en nos faubourgs délavés
Des prêtres en litanies
Sont devenus ouvriers
Voici
Des mains ridées de courage
Qui caressent l'établi
D'où jaillit la belle ouvrage
Voici
Ces fleurs poussant en pagaille
Entre nous et l'ennemi
Pour empêcher la bataille.
Voici
LITANIES POUR UN RETOUR
(2:11) (Jacques Brel / Jacques Brel - François Raubert) - © 1958
Mon cœur ma mie mon âme
Mon ciel mon feu ma flamme
Mon puits ma source mon val
Mon miel mon baume mon Graal
Mon blé mon or ma terre
Mon soc mon roc ma pierre
Ma nuit ma soif ma faim
Mon jour mon aube mon pain
Ma voile ma vague mon guide ma voie
Mon sang ma force ma fièvre mon moi
Mon chant mon rire mon vin ma joie
Mon aube mon cri ma vie ma foi
Mon cœur ma mie mon àme
Mon ciel mon feu ma flamme
Mon corps ma chair mon bien
Voilà que tu reviens.
SEUL
(3:28) (Jacques Brel) - © 1959
On est deux mon amour
Et I'amour chante et rit
Mais à la mort du jour
Dans les draps de 1'ennui
On se retrouve seul
On est dix à défendre
Les vivants par des morts
Mais cloués par leurs cendres
Au poteau du remords
On se retrouve seul
On est cent qui dansons
Au bal des bons copains
Mais au dernier lampion
Mais au premier chagrin
On se retrouve seul
On est mille contre mine
A se croire les plus forts
Mais à I'heure imbécile
Où ça fait deux milte morts
On se retrouve seul
On est million à rire
Du million qui est en face
Mais deux millions de rires
N'empêchent que dans la glace
On se retrouve seul
On est mine à s'asseoir
Au sommet de la fortune
Mais dans la peur de voir
Tout fondre sous la lune
On se retrouve seul
On est cent que la gloire
Invite sans raison
Mais quand meurt le hasard
Quand finit la chanson
On se retrouve seul
On est dix à coucher
Dans le lit de la puissance
Mais devant ces armées
Qui s'enterrent en silence
On se retrouve seul
On est deux à vieillir
Contre le temps qui cogne
Mais lorsqu'on voit venir
En riant la charogne
On se retrouve seul
LA DAME PATRONNESSE
(3:24) (Jacques Brel) - © 1959
Pour faire une bonne dame patronnesse
Il faut avoir I'oeil vigilant
Car, comme le prouvent les événements
Quatre-vingt-neuf tue la noblesse
Car comme le prouvent les événements
Quatre-vingt-neuf tue la noblesse
Et un point à l'envers
Et un point à l'endroit
Un point pour saint Joseph
Un point pour saint Thomas
Pour faire une bonne dame patronnesse
Il faut organiser ses largesses,
Car comme disait le duc d'Elbeuf
&laqno; C'est avec du vieux qu'on fait du neuf »
Car comme disait le duc d'Elbeuf
&laqno;C'est avec du vieux qu'on fait du neuf »
Pour faire une bonne dame patronnesse
C'est qu'il faut faire très attention
A ne pas se laisser voler ses pauvresses
C'est qu'on serait sans situation
A ne pas se laisser voler ses pauvresses
C'est qu'on serait sans situation
Pour faire une bonne dame patronnesse
Il faut être bonne mais sans faiblesse
Ainsi j'ai dû rayer de ma liste
Une pauvresse qui fréquentait un socialiste
Ainsi j'ai dû rayer de ma liste
Une pauvresse qui fréquentait un socialiste
Pour faire une bonne dame patronnesse
Mesdames tricotez tout en couleur caca d'oie
Ce qui permet le dimanche à la grand-messe
De reconnaître ses pauvres à soi,
Ce qui permet le dimanche à la grand-messe
De reconnaître ses pauvres à soi.
LA MORT
(2:51) (Jacques Brel) - © 1959
La mort m'attend comme une vieille fille
Au rendezvous de la faucifle
Pour mieux cueillir le temps qui passe
La mort m'attend comme une princesse
A l'enterrement de ma jeunesse
Pour mieux pleurer le temps qui passe
La mort m'attend comme Carabosse
A l'incendie de nos noces
Pour mieux rire du temps qui passe
Mais qu'y a-t-il derrière la porte
Et qui m'attend déjà
Ange ou démon qu'importe
Au devant de la porte il y a toi
La mort attend sous l'oreiller
Que j'oublie de me réveiller
Pour mieux glacer le temps qui passe
La mort attend que mes amis
Me viennent voir en pleine nuit
Pour mieux se dire que le temps passe
La mort m'attend dans tes mains claires
Qui devront feriner mes paupières
Pour mieux quitter le temps qui passe
Mais qu'y a-t-il derrière la porte
Et qui m'attend déjà
Ange ou démon qu'importe
Au devant de la porte il y a toi
La mort m'attend aux demières feuifles
De I'arbre qui fera mon cercueil
Pour mieux clouer le temps qui passe
La mort m'attend dans les lilas
Qu'un fossoyeur lancera sur moi
Pour mieux fleurir le temps qui passe
La mort m'attend dans un grand lit
Tendu aux toiles de l'oubli
Pour mieux fermer le temps qui passe
Mais qu'y a-t-il derrière la porte
Et qui m'attend déjà
Ange ou dimon qu'importe
Au devant de la porte il y a toi
LA VALSE À MILLE TEMPS
(3:51) (Jacques Brel) - © 1959
Au premier temps de la valse
Toute seule tu souris déjà Au premier temps de la valse
Je suis seul mais je t'aperçois
Et Paris que bat la mesure
Me murmure murmure tout bas
Une valse à trois temps
Qui s'offre encore le temps
Qui s'offre encore le temps
De s'offrir des détours
Du côté de l'amour
Comme c'est charmant
Une valse à quatre temps
C'est beaucoup moins dansant
C'est beaucoup moins dansant
Mais tout aussi charmant
Qu'une valse à trois temps
Une valse à quatre temps
Une valse à vingt ans
C'est beaucoup plus troublant
C'est beaucoup plus troublant
Mais c'est beaucoup plus charmant
Qu'une valse à trois temps
Une valse à vingt ans
Une valse à cent temps
Une valse à cent temps
Une valse ça s'entend
A chaque carrefour
Dans paris que l'amour
Rafraîchit au printemps
Une valse à mille temps
Une valse à mille temps
Une valse a mis l' temps
De patienter vingt ans
Pour que tu aies vingt ans
Et pour que j'aie vingt ans
Une valse à mille temps
Une valse à mille temps
Une valse à mille temps
Offre seule aux amants
Trois cent trente-trois fois le temps
De bâtir un roman
Au deuxième temps de la valse
On est deux tu es dans mes bras
Au deuxième temps de la valse
Nous comptons tous les deux une deux trois
Et paris qui bat la mesure
Paris qui mesure notre émoi
Et paris qui bat la mesure
Nous fredonne fredonne déjà
Une valse à trois temps
Qui s'offre encore le temps
Qui s'offre encore le temps
De s'offrir des détours
Du côté de l'amour
Comme c'est charmant
Une valse à quatre temps
C'est beaucoup moins dansant
C'est beaucoup moins dansant
Mais tout aussi charmant
Qu'une valse à trois temps
Une valse à quatre temps
Une valse à vingt ans
C'est beaucoup plus troublant
C'est beaucoup plus troublant
Mais c'est beaucoup plus charmant
Qu'une valse à trois temps
Une valse à vingt ans
Une valse à cent temps
Une valse à cent temps
Une valse ça s'entend
A chaque carrefour
Dans paris que l'amour
Rafraîchit au printemps
Une valse à mille temps
Une valse à mille temps
Une valse a mis l' temps
De patienter vingt ans
Pour que tu aies vingt ans
Et pour que j'aie vingt ans
Une valse à mille temps
Une valse à mille temps
Une valse à mille temps
Offre seule aux amants
Trois cent trente-trois fois le temps
De bâtir un roman
Au troisième temps de la valse
Nous valons enfin tous les trois
Au troisième temps de la valse
Il y a toi y'a l'amour et y'a moi
Et Paris qui bat la mesure
Paris qui mesure notre émoi
Et Paris qui bat le mesure
Laisse enfin éclater sa joie
Une valse à trois temps
Qui s'offre encore le temps
Qui s'offre encore le temps
De s'offrir des détours
Du côté de l'amour
Comme c'est charmant
Une valse à quatre temps
C'est beaucoup moins dansant
C'est beaucoup moins dansant
Mais tout aussi charmant
Qu'une valse à trois temps
Une valse à quatre temps
Une valse à vingt ans
C'est beaucoup plus troublant
C'est beaucoup plus troublant
Mais c'est beaucoup plus charmant
Qu'une valse à trois temps
Une valse à vingt ans
Une valse à cent temps
Une valse à cent temps
Une valse ça s'entend
A chaque carrefour
Dans paris que l'amour
Rafraîchit au printemps
Une valse à mille temps
Une valse à mille temps
Une valse a mis l' temps
De patienter vingt ans
Pour que tu aies vingt ans
Et pour que j'aie vingt ans
Une valse à mille temps
Une valse à mille temps
Une valse à mille temps
Offre seule aux amants
Trois cent trente-trois fois le temps
De bâtir un roman
JE T'AIME
(2:20) (Jacques Brel / François Raubert) - © 1959
Pour la rosée qui tremble
Au calice des fleurs
De n'être pas aimée
Et ressemble à ton cœur
Je t'aime...
Pour le doigt de la pluie
Au clavecin de l'étang
Jouant page de lune
Et ressemble à ton chant
Je t'aime...
Pour l'aube qui balance
Sur le fil d'horizon
Lumineuse et fragile
Et ressemble à ton front
Je t'aime...
Pour l'aurore légère
Qu'un oiseau fait frémir
En la battant de l'aile
Et ressemble à ton rire
Je t'aime...
Pour le jour qui se lève
Et dentelle le bois
Au point de la lumière
Et ressemble à ta joie
Je t'aime...
Pour le jour qui revient
D'une nuit sans amour
Et ressemble déjà
Ressemble à ton retour
Je t'aime...
Pour la porte qui s'ouvre
Pour le cri qui jaillit
Ensemble de deux cœurs
Et ressemble à ce cri
Je t'aime
Je t'aime
Je t'aime.
NE ME QUITTE PAS
(3:53) (Jacques Brel) - © 1959
Ne me quitte pas
Il faut oublier
Tout peut s'oublier
Qui s'enfuit déjà
Oublier le temps
Des malentendus
Et le temps perdu
A savoir comment
Oublier ces heures
Qui tuaient parfois
A coups de pourquoi
Le cœur du bonheure
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Moi je t'offrirai
Des perles de pluie
Venues de pays
Où il ne pleut pas
Je creuserai la terre
Jusqu'aprè ma mort
Pour couvrir ton corps
D'or et de lumière
Je ferai un domaine
Où l'amour sera roi
Où l'amour sera loi
Où tu seras reine
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Je t'inventerai
Des mots insensés
Que tu comprendras
Je te parlerai
De ces amants-là
Qui ont vue deux fois
Leurs cœurs s'embraser
Je te racontrai
L'histoire de ce roi
Mort de n'avoir pas
Pu te rencontrer
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
On a vu souvent
Rejaillir le feu
De l'ancien volcan
Qu'on croyait trop vieux
Il est paraît-il
Des terres brûlées
Donnant plus de blé
Qu'un meilleur avril
Et quand vient le soir
Pour qu'un ciel flamboie
Le rouge et le noir
Ne s'épousent-ils pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Je ne vais plus pleurer
Je ne vais plus parler
Je me cacherai là
A te regarder
Danser et sourire
Et à t'écouter
Chanter et puis rire
Laisse-moi devenir
L'ombre de ton ombre
L'ombre de ta main
L'ombre de ton chien
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
ISABELLE
(3:13) (Jacques Brel / Jacques Brel - François Raubert) - © 1959
Quand Isabelle dort plus rien ne bouge
Quand Isabelle dort au berceau de sa joie
Sais-tu qu'elle vole la coquine
Les oasis du Sahara
Les poissons dorés de la Chine
Et les jardins de l'Alhambra
Quand Isabelle dort plus rien ne bouge
Quand Isabelle dort au berceau de sa joie
Elle vole les rêves et les jeux
D'une rose et d'un bouton d'or
Pour se les poser dans les yeux
Belle Isabelle quand elle dort
Quand Isabelle rit plus rien ne bouge
Quand Isabelle rit au berceau de sa joie
Sais-tu qu'elle vole la cruelle
Le rire des cascades sauvages
Qui remplacent les escarcelles
Des rois qui n'ont pas d'équipages
Quand Isabelle rit plus rien ne bouge
Quand Isabelle rit au berceau de sa joie
Elle vole les fenêtres de l'heure
Qui s'ouvrent sur le paradis
Pour se les poser dans le cœur
Belle Isabelle quand elle rit
Quand Isabelle chante plus rien ne bouge
Quand Isabelle chante au berceau de sa joie
Sais-tu qu'elle vole la dentelle
Tissée au cœur de rossignol
Et les baisers que les ombrelles
Empêchent de prendre leur vol
Quand Isabelle chante plus rien ne bouge
Quand Isabelle chante au berceau de sa joie
Elle vole le velours et la soie
Qu'offre la guitare à l'infante
Pour se les poser dans la voix
Belle Isabelle quand elle chante.
LA TENDRESSE
(2:38) (Jacques Brel) - © 1959
Pour un peu de tendresse
Je donnerais les diamants
Que le diable caresse
Dans mes coffres d'argent
Pourquoi crois-tu la belle
Que les marins au port
Vident leurs escarcelles
Pour offrir des trésors
A de fausses princesses
Pour un peu de tendresse
Pour un peu de tendresse
Je changerais de visage
Je changerais d'ivresse
Je changerais de langage
Pourquoi crois-tu la belle
Qu'au sommet de leurs chants
Empereurs et ménestrels
Abandonnent souvent
Puissances et richesses
Pour un peu de tendresse
Pour un peu de tendresse
Je t'offrirais le temps
Qu'il reste de jeunesse
A l'été finissant
Pourquoi crois-tu la belle
Que monte ma chanson
Vers la claire dentelle
Qui danse sur ton front
Penché vers ma détresse
Pour un peu de tendresse.
LA COLOMBE
(2:59) (Jacques Brel) - © 1959
Pourquoi cette fanfare
Quand les soldats par quatre
Attendent les massacres
Sur le quai d'une gare
Pourquoi ce train ventru
Qui ronronne et soupire
Avant de nous conduire
Jusqu'au malentendu
Pourquoi les chants les cris
Des foules venues fleurir
Ceux qui ont le droit de partir
Au nom de leurs conneries
Nous n'irons plus au bois la colombe est blessée
Nous n'allons pas au bois nous allons la tuer
Pourquoi l'heure que voilà
Où finit notre enfance
Où finit notre chance
Où notre train s'en va
Pourquoi ce lourd convoi
Chargé d'hommes en gris
Repeints en une nuit
Pour partir en soldats
Pourquoi ce train de pluie
Pourquoi ce train de guerre
Pourquoi ce cimetière
En marche vers la nuit
Nous n'irons plus au bois la colombe est blessée
Nous n'allons pas au bois nous allons la tuer
Pourquoi les monuments
Qu'offriront les défaites
Les phrases déjà faites
Oui suivront l'enterrement
Pourquoi l'enfant mort-né
Que sera la victoire
Pourquoi les jours de gloire
Que d'autres auront payés
Pourquoi ces coins de terre
Que l'on va peindre en gris
Puisque c'est au fusil
Qu'on éteint la lumière
Nous n'irons plus au bois la colombe est blessée
Nous n'allons pas au bois nous allons la tuer
Pourquoi ton cher visage
Dégrafé par les larmes
Qui me rendait les armes
Aux sources du voyage
Pourquoi ton corps qui sombre
Ton corps qui disparaît
Et n'est plus sur le quai
Qu'une fleur sur une tombe
Pourquoi ces prochains jours
Où je devrai penser
A ne plus m'habiller
Que d'une moitié d'amour
Nous n'irons plus au bois la colombe est blessée
Nous n'allons pas au bois nous allons la tuer.