QUESTION D'ÉQUILIBRE
(3:47) (F. Cabrel / G. Augier de Boussac) - © 1983


Je suis tout seul ce soir
J'ai les bras collés au comptoir
J'ai les pieds en bas dans la poussière
La tête là-haut dans le brouillard
Dans tous les couloirs
J'ai cru revoir les courbes de ton corps
Dans toutes les salles des aérogares
Dans toutes les cales des navires du port
Refrain
J'ai besoin de toi pour vivre
C'est une question d'équilibre
Quand t'es partie ça m a coupé les ailes
Depuis le plancher m'appelle
Le plancher m'appelle
Faut pas m'en vouloir
J'suis pas en état de te revoir
J'ai laissé toutes les larmes de mon corps
Dans le ruisseau en bas du trottoir
Et tous les autres m'agacent
Ceux qui parlent haut, ceux qui parlent fort
Je ne vois que toi dans les grandes glaces
Entre les bouteilles de " Southern Confort  
Refrain
J'ai besoin de toi pour vivre
C'est une question d'équilibre
Quand t'es partie ça m a coupé les ailes
Depuis le plancher m'appelle
Le plancher m'appelle
Encore un verre
Après je me couche par terre
Je veux dormir en essayant de croire
Que c'est encore un de tes regards
Mais tous les autres m'agacent...
Guitare: René LEBHAR

LA FILLE QUI M'ACCOMPAGNE
(4:32) (F. Cabrel) - © 1983


Elle parle comme l'eau des fontaines
Comme les matins sur la montagne
Elle a les yeux presque aussi clairs
Que les murs blancs du fond de l'Espagne
Le bleu nuit de ses rêves m'attire
Même si elle connaît les mots qui déchirent
J'ai promis de ne jamais mentir
A la fille qui m'accompagne
Au fond de ses jeux de miroir
Elle a emprisonné mon image
Et même quand je suis loin le soir
Elle, pose. ses mains su[ mon visage
J'ai brûlé tous mes vieux souvenirs
Depuis qu'elle a mon cœur en point de mire
Et je garde mes nouvelles images
Pour la fille avec qui je voyage
On s'est juré les mots des enfants modèles
On se tiendra toujours loin des tourbillons géants
Elle prendra jamais mon cœur pour un hôtel
Je dirai les mots qu'elle attend
Elle sait des îles auxquelles je pense
Et l'autre moitié de mes secrets
Je sais qu'une autre nuit s'avance
Lorsque j'entends glisser ses colliers
Un jour je bâtirai un empire
Avec tous nos instants de plaisirs
Pour que plus jamais rien ne m'éloigne
De la fille qui m'accompagne
On s'est juré les mots des enfants modèles
On se tiendra toujours loin des tourbillons géants
Je prendrai jamais son cœur pour un hôtel
Elle dira les mots que j'attends
Elle sait les )les auxquelles je pense
Et l'autre moitié de mes délires
Elle sait déjà qu'entre elle et moi
Plus y'a d'espace et moins je respire
Slide Guitare: J.P. BUCOLO

LE TEMPS S'EN ALLAIT
(5:07) (F. Cabrel) - © 1983


Ce matin j'ai joué aux billes
J'ai couru les filles
J'ai pris tout mon temps
J'ai accroché mon cœur
Aux épines des fleurs
Et j'ai gagné souvent
Ce soir, je pousse de ma canne
Les feuilles de platanes
Sous les bancs de ciment
Dans les odeurs de cigares
Et le bruit des guitares
De mes petits enfants
Je courrais, je courrais, je courrais
Et le temps s'en allait
Je courrais, je courrais...
Et tout le temps que je passe
Assis à la même place
Juste à bouger les yeux
Avec mes vieilles rengaines
Mon écharpe de laine
Même quand le ciel est tout bleu
Toujours la voix qui s'embrume
La crainte du rhume
Ou le bruit des avions
Et dans le froid qui s'approche
J'ai peur que les cloches
Chantent bientôt mon prénom
Je courrais, je courrais, je courrais
Et le temps s'en allait
Je courrais, je courrais...
Toi, mon enfant que j'aime
Toi qui a tant de peine
Assieds toi un moment
Quels que soient ceux qui te quittent
Dis-toi que le temps passe vite
Et que la poussière t attend
Tu vois ces bras de misère
On fait le tour de la terre
Pour une fille de chez nous
Ils ont fait sauter les tables
Et des plages de sable
Et des hordes de loups
On était tellement bien
On était tellement bien
Qu'on était presque perdus
On était tellement haut
Et tellement beaux
Qu'on ne se reconnaît plus
On courrait, on courrait, on courrait...
Et le temps s'en allait...
Ce matin, j'ai joué aux billes
J'ai couru les filles
J'ai pris tout mon temps
J'ai accroché mon cœur
Aux épices des fleurs
Et j'ai gagné souvent
Ce soir, j ai plus de problèmes
Tout le, monde m'aime
Mais c'est pas pareil qu'avant...
Parce qu'il y a le bout de ma canne
Les feuilles des platanes
Et c'est l'automne tout le temps
Toi mon enfant que j'aime...
Guitare Nylon: Isaac GUILLORY

EDITION SPÉCIALE
(3:29) (F. Cabrel) - © 1983


D'abord y'a cette fille
Dans la boîte de verre
Qui dit " Bonne nuit, à demain  
Sur un bout de musique
Des bonshommes à I envers
Et puis après plus rien
J'étais là à huit heures
Pour les mauvaises nouvelles
Elle m'a laissé tout, seul
Avec mes envies d'elle
Derrière son visage
Un paysage de neige
Et puis après plus rien
Après je prends mon pote
Sur la radio locale
Au milieu d'un discours
C'est le temps qu'il espère
Au-dessus de son bocal
S'il arrive à faire jour
Parce qu'il parait qu'y a le feu
A la moitié de la terre
Et qu'on attend du mieux
Juste pour les sagittaires
Après un dernier verre
Le souffle des étoiles
Et puis après plus rien
Et puis après plus rien
Et puis après Édition Spéciale, Édition Spéciale
En couleur naturelle
Mes envies d'elle
Et puis après Édition Spéciale, Édition Spéciale
En grandeur nature
Ses yeux sur le mur
Et puis après je cherche
Quelqu'un que je connais
Qui soit encore debout
Faut pas que je me leurre
A l'heure qu'il est
On doit pas être beaucoup
J'ai du mal à dormir
A côté de personne
Le silence m'attend
Je l'entends qui résonne
" Allez, salut bonsoir!  
Le bruit quand je raccroche
Et puis après plus rien
Et puis après... Édition Spéciale...
Quand je me lève
La fille dans la boîte de verre
A déjà dit bonjour
Mon poste est reparti
Dans une autre colère
Sur un autre discours
Mais la nuit arrive vite
A ceux qui ont peur d'elle
Y'a des choses qu'on évite
Pas facile avec elle
Après-midi tranquille
Après-midi banal
Et puis après...
Et puis après...
Édition Spéciale
Basse et Guitare: G. AUGIER
Batterie: Claude SALMIERI - Studio Gang
Guitare Slide: J.P. BUCOLO - Studio Gang

SAÏD ET MOHAMED
(3:50) (F. Cabrel) - © 1983


Elle changeait les draps de l'hôtel
Les traces de doigts sur les poubelles
Petite hirondelle, au milieu des corbeaux
Elle chantait " Desperado  
Moi, j'avais du retard sur le sommeil
Je m étais fait doubler par le soleil
Elle de l'autre côté du couloir
Elle faisait chanter les miroirs
J'ai passé une heure de sa vie
Une heure sous le soleil d'Algérie
Sous la course des planètes
Y'a des moments qu'on regrette
Derrière ses paupières mi-closes
Je voyais plus de gris que de rose
Quand je suis parti j'ai bien compris
Que je perdais quelque chose
Ses enfants qui font rien à l'école
Et qui ont les poches pleines de tubes de colle
Et toute façon personne ne t'aide
Quand tu t appelle Saïd ou Mohamed
C'est le ciel en tôle ondulée pour toujours
C'est la fenêtre sur la troisième cour
C'est le cri des voisines plein les oreilles
Et les heures de mauvais sommeil
Mais s'il y a quelqu'un autour qui comprend
Le mauvais français le musulman,
Sous la course des planètes
Ça serait bien qu'il s'inquiète
Avant que ses paupières n'explosent
Qu'elle prenne ce gris en overdose
Quand je suis parti j'ai bien compris
Qu'on y pouvait quelque chose...
Toi t'envoies dix francs
Pour les enfants du Gange
Parce que t'as vu les photos qui dérangent
T'envoies dix francs
Pour les enfants d'ailleurs
Parce que t'as vu les photos qui font peur
Et elle que tu croises en bas de chez toi
Elle que tu croises en bas de chez toi...
Depuis je suis retourné à Marseille
Ses âmes n'ont pas de nouvelles
Y'a trop d'hirondelles
Ou trop de corbeaux
Elle a du changer de ghetto
Mois, je crois plutôt qu'elle
Change les draps d'un autre hôtel
D'autres traces de doigts
Sur d'autres poubelles
De l'autre côté d'un autre couloir
Elle doit faire chanter les miroirs
Chanter les miroirs

L'ENFANT QUI DORT
(3:50) (F. Cabrel / G. Augier de Boussac - F. Cabrel) - © 1983


Laissez rêver l'enfant qui dort
Aux fumées bleues des châteaux-forts
Laissez-lui démonter le ciel
Dehors c'est toujours pareil
Le coin des rues comme des frontières
Et toujours penser à se taire
La ville encerclée sous le gel
Depuis c'est toujours pareil
Le temps malmène
Ces hommes qui traînent
Le poids de leur corps
Leurs phrases vides
Leurs larmes sèches
Leurs années d'effort
Les rues immenses
Où le givre s'avance
Et la patrouille dehors
C'est à peine si les pavés résonnent
Sous le pas lourds des moitiés d'homme
Les mains fermées sur leur colère
Les yeux comme privés de lumière
Peut-être un jour si Dieu s'en mêle
La pluie remontera au ciel
Vers nos immobiles remords
Mais c'est toujours pareil dehors
Le temps malmène...
Et s'il veut vivre ici longtemps
Surtout laisser rêver l'enfant...
Arrangements de cordes: Pierre TEODORI

LEILA ET LES CHASSEURS
(4:19) (F. Cabrel) - © 1983


Leïla, si tu savais les yeux qu'elle a
Quand elle voit s'approcher les chasseurs
Pas la peine de mentir
Leïla sait ce que veut dire
Ce feu sous les paupières blanches
Qui fixe le dessous de ses hanches
Ces mots humides de pluie
Qui meurent aussitôt dit
Ces corps tendus immobiles
Après les éclairs faciles
Leïla, elle les connaît trop
Faux nez et faux numéros
Même par terre même morts
Et quand même les plus forts
Leurs phrases pleines de détours
Qui craignent la lumière du jour
Ils cachent tous quelque chose
Ils chassent tous quelque chose
Leïla, si tu savais...
Y'a ceux qui pleurent de joie
En ajoutant une croix
Ceux qui l'aiment à tout jamais
Et qui ont un avion juste après
Ceux qui ont des barques sur la Seine
Trop loin pour que je t'y emmène
Ceux qui ont de l'or plein les châteaux
Ceux qui ont des ports pleins de bateaux
Ils parlent tellement fort
Ils sont tellement nombreux
Qu'un soir de fatigue elles s'endort
Contre la peau de l'un d eux
Pour peu qu'il soit d'une autre sorte
Un peu moins menteur que les autres
Elle aura le gris du matin
Et les fleurs du papier peint
Leïla, si tu savais...
Leïla n'y peut pas grand chose
Si elle a la fraîcheur des roses
Elle est la cible de vos flèches
Mais c'est pas vous qu'elle cherche
Elle rêve d un fragile, d'un fou
Qui l'embrasse au quinzième rendez-vous
Qui tremble en lui prenant la main
Et surtout qui ne dise rien
Leïla, elle les connaît trop...

DAME D'UN SOIR
(4:14) (F. Cabrel) - © 1983


Dame d'un soir
Je t'imagine sans effort
Dame d un soir
Je te dessine
Quand je m'endors
Laisse faire la lumière
Laisse-toi soulever doucement
Fermes les yeux
Dehors il pleut, un peu
Tu dérives captive
Vers le soleil blanc d'un nouveau jour
Quelqu'un t'attend
Au bout de l'océan
Dame d'un soir...
Les sirènes te préviennent
Qu'un voilier s approche de ton corps
Plein de rubans
Et de papillons blancs
Pour tes ailes d'enfant
Nos épaules se frôlent
Nos voiles se fondent au même feu
Nos corps se glissent
Jusqu'aux plages d'ATLANTIS
Les sirènes te préviennent
Qu'un voilier s approche de ton corps
Plein de rubans
Et de papillons blancs
Pour ton ventre d'enfant
Le silence immense
Juste la musique de ton cœur
Personne autour
Que nos haleines d'amour
Aquarelle, nouvelle
Sur des fils de laine roses et blancs
Fermes les yeux
Dehors il peut, un peu un peu...
Arrangements de cuivres: Roger LOUBET
Basse et Guitares: G. AUGIER

QUELQU'UN DE L'INTÉRIEUR
(3:38) (F. Cabrel) - © 1983


J'avais besoin de chaleur
Personne autour pour l'amour
Le ventre des flippers
Et pour parler les boules d'acier
Et les zéros du compteur
T'étonnes pas si je suis
Quelqu'un de l'intérieur
Ils voulaient que je leur ressemble
Ces hommes qui chassent, qui violent
Qui calculent et qui vendent
Et qui voulaient que j'aille après
Confesser mes erreurs
T'étonnes pas si je suis
Quelqu'un de l'intérieur
J'ai supposé qu'on s'habitue
Et que ce serait ma vie
J'étais un peu mal au début
Mais je t'assure qu'aujourd'hui
J'en ris plus souvent que j'en pleure
Je suis quelqu'un de l'intérieur
Je les regarde qui dansent
Et qui parlent et qui parlent
Et qui disent plus que ce qu'ils pensent
Qui se séduisent à coup de phrases de rien du tout
Qui parlent tellement
Qu'ifs trouvent que je parle pas beaucoup
Alors ils croient que je suis triste
Mais si je mettais mon cœur là
Au milieu de la piste
Ils verraient des couleurs
Ils savent même pas qu'elles existent
C'est pas le courage qui me manque
Qui m'empêche de sourire
Y'a des moments tellement beaux
Y'a que le silence pour le dire
J'en ris plus souvent que j'en pleure
Je suis quelqu'un de l'intérieur
Peut être ils croient que je suis calme
Que je compte les étoiles
Au milieu de leur vacarme
Mais si un jour je dévoile
Les secrets de mon âme...
C'est pas le courage qui me manque
Qui m empêche de sourire
Y'a des moments tellement beaux
Y'a que le silence pour le dire
T'as pris toute la place dans mon cœur
Mais je suis quelqu'un de l'intérieur

LES CHEVALIERS CATHARES
(3:41) (F. Cabrel) - © 1983


Les chevaliers Cathares
Pleurent doucement
Au bord de l'autoroute
Quand le soir descend
Comme une dernière insulte
Comme un dernier tourment
Au milieu du tumulte
En robe de ciment
La fumée des voitures
Les cailloux des enfants
Les yeux sur les champs de torture
Et les poubelles devant
C est quelqu'un du dessus de la Loire
Qui a du dessiner les plans
Il a oublié sur la robe
Les tâches de sang
On les a sculptés dans la pierre
Qui leur a cassé le corps
Le visage dans la poussière
De leur ancien trésor
Sur le grand panneau de lumière
Racontez aussi leur mort
Les chevaliers Cathares
Y pensent encore
N'en déplaisent à ceux qui décident
Du passé et du présent
Ils n'ont que sept siècles d'histoire
Ils sont toujours vivant
J'entends toujours le bruit des armes
Et je vois encore souvent
Des flammes qui lèchent des murs
Et des charniers géants
Les chevaliers Cathares...
Arrangements de cordes: Roger LOUBET

Enregistré à Montségur. Juin 83.