CARTE POSTALE
(4:23) (F. Cabrel) - © 1981
Allumés les postes de télévision
Verrouillées les portes des conversations
Oubliés les dames et les jeux de cartes
Endormies les fermes quand les jeunes partent
Brisées les lumières des ruelles en fête
Refroidi le vin brûlant, les assiettes
Emportés les mots des serveuses aimables
Disparus les chiens jouant sous les tables
Déchirées les nappes des soirées de noces
Oubliées les fables du sommeil des gosses
Arrêtées les valses des derniers jupons
Et les fausses notes des accordéons
C'est un hameau perdu sous les étoiles
Avec de vieux rideaux pendus à des fenêtres sales
Et sur le vieux buffet sous la poussière grise
Il reste une carte postale
Goudronnées les pierres des chemins tranquilles
Relevées les herbes des endroits fragiles
Désertées les places des belles foraines
Asséchées les traces de l'eau des fontaines
Oubliées les phrases sacrées des grands-pères
Aux âtres des grandes cheminées de pierre
Envolés les rires des nuits de moissons
Et allumés les postes de télévision
C'est un hameau perdu sous les étoiles
Avec de vieux rideaux pendus à des fenêtres sales
Et sur le vieux buffet sous la poussière grise
Il reste une carte postale
Envolées les robes des belles promises
Les ailes des grillons, les paniers de cerises
Oubliés les rires des nuits de moissons
Et allumés les postes de télévision
MÊME SI J'Y RESTE
(3:53) (F. Cabrel) - © 1981
Y'a sûrement une piste à l'autre bout du monde
A moitié recouverte sous les herbes blondes
Sur une île perdue où le ciel se lamente
Depuis qu'ont disparu les avions de quarante
On ne peut pas toujours vivre les vieilles et mêmes choses
Il faudra bien qu'un jour mon appareil s'y pose
Les ailes déchirées par les vents du parcours
Ne me permettront pas le voyage retour
Même si j'y reste
Même si j'en pleure
Même si j'y attrape la peste
Même si j'en meure
Rien ne me fera regretter mon geste
A force de dormir sous les brises marines
Il ne restera rien de mes anciennes racines
Je n'aurai que ma peau pour unique prison
Trois ou quatre photos et la moitié d'un crayon
J'y vivrai tout le temps qu'on voudra que qu'y vive
Mes histoires d'amour belles et définitives
Pour les arbres. les fleurs et les caméléons
Pour les vagues qui viennent et celles qui s'en vont
Même si j'y reste
Même si j'en pleure
Même si j'y attrape la peste
Même si j'en meure
Rien ne me fera regretter mon geste
Juste en face. la mer sur des blocs de granit
Un jour j irai graver les raisons de ma fuite
Avec les reflets blancs du regard des sirènes
J'avais peur des chemins qu'on voulait que je prenne
Même si j'y reste
Même si j'en pleure
Même si j'y attrape la peste
Même si j'en meure
Rien ne me fera regretter mon geste
Même si j'y reste
Même si j'en pleure
Même si j'y attrape la peste
Même si j'en meure
Rien ne me fera regretter mon geste
ELLE S'EN VA VIVRE AILLEURS
(3:27) (F. Cabrel) - © 1981
Ce soir son rêve a rejoint
Le dernier wagon d'un train
Elle s'en ira vivre ailleurs
Loin des murs gris où elle pleure
Elle connaît quelqu'un
Qui ira croire en son histoire
Et lui ouvrir le cœur
Il fera brûler des mots
Pour lui réchauffer la peau
Et pour la couvrir de fleurs
Elle s'en va vivre ailleurs
Au bras d'une étoile bizarre
D'une star ou d'un modèle d'un chanteur
On lui a tant parlé de sa vie
Qu'elle veut la vivre
On lui a tant parlé de lui
Qu'elle veut le suivre
Et peut-être qu'elle l'a choisi
Pour qu'il la délivre
Elle s'en ira pour qu'il la sauve
Qu'il lui dise des phrases mauves
Pour qu'il l'emporte ailleurs
Loin des murs gris où elle pleure
Il n'y aura que lui sur sa route
Elle vivra toutes ses folies par cœur
On lui a tant parle de sa vie
Qu'elle veut la vivre
On lui a tant parlé de lui
Qu'elle veut le suivre
Et peut-être qu'elle l'a choisi
Pour qu'il la délivre
Tant pis si c'est un mirage
L'autre côté de l'image
Ne lui fait même pas peur
Elle s'en va vivre ailleurs
Même si le chanteur vit dans une autre histoire
Même si son regard n'est qu'un miroir
Qu'un miroir
RÉPONDEZ-MOI
(4:30) (F. Cabrel) - © 1981
Je vis dans une maison sans balcon, sans toiture
Où y'a même pas d'abeilles sur les pots de confiture
Y'a même pas d'oiseaux, même pas la nature
C'est même pas une maison
J'ai laissé en passant quelques mots sur le mur
Du couloir qui descend au parking des voitures
Quelques mots pour les grands
Même pas des injures
Si quelqu'un les entend
Répondez-moi
Répondez-moi
Mon cœur a peur d'être emmuré entre vos tours de glace
Condamné au bruit des camions qui passent
Lui qui rêvait de champs d'étoiles, de colliers de jonquilles
Pour accrocher aux épaules des filles.
Mais le matin vous entraîne en courant vers vos habitudes
Et le soir, votre forêt d'antennes est branchée sur la solitude
Et que brille la lune pleine
Que souffle le vent du sud
Vous, vous n'entendez pas
Et moi, je vois passer vos chiens superbes aux yeux de glace
Portés sur des coussins que les maîtres embrassent
Pour s'effleurer la main, il faut des mots de passe
Pour s'effleurer la main
Répondez-moi
Répondez-moi
Mon cœur a peur de s'enliser dans aussi peu d'espace
Condamné au bruit des camions qui passent
Lui qui rêvait de champs d'étoiles et de pluies de jonquilles
Pour s'abriter aux épaules des filles
Mais la dernière des fées cherche sa baguette magique
Mon ami, le ruisseau dort dans une bouteille en plastique
Les saisons se sont arrêtées aux pieds des arbres synthétiques
Il n'y a plus que moi
Et moi, je vis dans ma maison sans balcon, sans toiture
Où y'a même pas d'abeilles sur les pots de confiture
Y'a même pas d'oiseaux, même pas la nature
C'est même pas une maison
MA PLACE DANS LE TRAFFIC
(3:17) (F. Cabrel) - © 1981
Le jour se lève à peine
Je suis déjà debout
Et déjà je promène une larme sur mes joues
Le café qui fume
L'ascenseur qui m'attend
Et le moteur que j'allume
M'aident à prendre lentement
Prendre ma place dans le trafic
A prendre ma place dans le trafic
J'aimerais que quelqu'un vienne et me délivre
Mais celui que je viens de choisir
M'a donné juste assez pour survivre
Et trop peu pour m'enfuir
Je reste prisonnier de mes promesses
A tous ces marchands de tapis
Qui me font dormir sur de la laine épaisse
Et qui m'obligent au bout de chaque nuit
A prendre nia place dans le trafic
A prendre nia place dans le trafic
Et quand je veux parler à personne
Quand j'ai le blues
Je vais décrocher mon téléphone
Je fais le 12
Je suis un mutant. un nouvel homme
Je ne possède même pas mes désirs
Je me parfume aux oxydes de carbone
Et j'ai peur de savoir comment je vais finir
Je regarde s'éloigner les rebelles
Et je me sens à l'étroit dans ma peau
Mais j'ai juré sur la loi des échelles
Si un jour je veux mourir tout en haut
Il faut que je prenne ma place dans le trafic
Que je prenne ma place dans le trafic
Et quand je veux parler à personne
Quand j'ai le blues
Je vais débrancher mon téléphone
Et je fais le 12
Parce que quoique je dise
Quoique je fasse
Il faut que passent les voitures noires
Je suis un mutant, un nouvel homme
Je ne possède même pas mes désirs
Je me parfume aux oxydes de carbone
Et j'ai peur de savoir comment je vais finir
Il y a tellement de choses graves
Qui se passent dans mes rues
Que déjà mes enfants savent
Qu'il faudra qu'ils s'habituent
A prendre ma place dans le trafic
A prendre ma place dans le trafic
Ma place dans le trafic
CHANDELLE
(4:08) (F. Cabrel) - © 1981
Elle, elle sort tout droit d'une aquarelle
Avec ses dentelles d'autrefois
Elle est belle comme un chemin de croix
Elle, les enfants l'appellent chandelle
Parce qu'elle tremble à chaque pas
Mais le prisonnier c'est moi
Si elle a peur, si elle a froid, moi aussi
L'hiver est fait pour que nos corps se serrent
Et se serrent sans bruit
Si elle a peur, si elle a froid, moi aussi
Chandelle, je suis le premier qui l'appelle
Le premier qui lui ouvre les bras
Comme si chez nous elle n'existait pas
Et d'elle, je reçois quelques nouvelles
Par les oiseaux qu'elle m'envoie
Je suis loin, mais ne t'inquiète pas
Si elle a peur, si elle a froid, moi aussi
L'hiver est fait pour que nos corps se serrent
Et se serrent sans bruit
Si elle a peur, si elle a froid, moi aussi
Mais chacun de ses silences est mortel
Chacun de ses mots te porte au ciel
Hey, d'aussi loin que tu sois
Si tu m'entends, arrête-toi
Toi qui cours pour que ton corps soit transparent
Toi qui pleures que la vie te prend tout ton temps
Hey, d'aussi loin que tu sois
Si tu m'entends, arrête-toi
Chandelle, c'est ma chanson pour toi
Ma chanson pour toi
Chandelle, c'est toujours le soir de Noël
Quand elle revient vers chez moi
Et même je ne suis pas sûr qu'il ait fait nuit
Entre hier et aujourd'hui
COMME UNE MADONE OUBLIÉE
(4:33) (F. Cabrel) - © 1981
Tous les soirs, la même fille attend
Sur le même square. le même banc
Comme une madone oubliée, les jambes croisées
Elle voyage au milieu des maisons
Dans la nuit bleue des télévisions
Comme les fantômes légers. les voiles de fumée
On dit qu'elle a des chambres en ville
On dit qu'elle dort sur le coté
Qu'elle est plutôt d'humeur facile
Qu'on ne la dérange jamais
Qu'il y a des tas de chats qui dorment
En travers sur ses oreillers
Au milieu du parfum des hommes
Et même si tout ça c'était vrai
Au milieu des feuilles et des brindilles
Elle fait son show sur talons aiguilles
Elle joue son cinéma muet
Elle tend ses filets
Et sur les allées du square s'imprime
Le pas de ses futures victimes
Qui viendront s'incendier le cœur
Aux étranges lueurs
On dit qu'elle est l'amie fidèle
De ceux qui n'osent pas parler
Qu'elle connaît le chant des sirènes
Qu'elle peut aussi le murmurer
Qu'il y a des tas de gens qui l'aiment
Et qui ne lui sourient jamais
Que ce ne sont jamais les mêmes
Et même si tout ça c'était vrai
Quels que soient les murs qui te protègent
Un soir tu te prendras à son piège
Le soir où tu seras devenu
Une ombre de plus
Car tous les soirs. la même fille attend
Sur le même square et sur le même banc
Comme une madone oubliée
Les jambes croisées.
TU ES TOUJOURS LA MÊME
(4:28) (F. Cabrel / G. Augier de Moussac) - © 1981
Tu es toujours la même
Tu as toujours dans les yeux
Un peu de nos folies anciennes
Quelques braises d'un ancien feu
Et même si ce feu est mort
Quelque chose y brûle encore
Tu es toujours la même
A croire que le temps s'éternise
Tu es toujours mon plus beau poème
Celui que je ne veux pas qu'on lise
Et même si ces mots sont morts
Quelque chose y brûle encore
C'est peut-être
Que ma tête dort encore
Au milieu de tes bras
C est sons doute
Que ma route passe
Juste à coté de toi
La prêtresse gitane l'avait dit
Rien n'est jamais fini
Elle voit mes rêves avec tes rêves autour
T'es la même toujours
La même toujours
Même les autres se souviennent
Cette vie qu'on vivait tout droit
Il suffit qu'ils en parlent à peine
J'ai des gouttes de pluie sur les bras
Cet orage est passé si fort
Que les éclairs brillent encore
Au fond des ruelles secrètes
Les pierres ont gardé nos murmures
Entre les mendiants qui regrettent
Et les chiens qui rasent les murs
Chaque fois qu'un mot s'évapore
Il en revient d'autres plus forts
C'est peut-être
Que ma tête dort encore
Au milieu de tes bras
C'est sans doute
Que ma route passe
Juste à côté de toi
La prêtresse gitane l'avait dit
Rien n'est jamais fini
Elle voit mes rêves avec tes rêves autour
T'es la même toujours
La même toujours
CHAUFFARD
(3:16) (F. Cabrel) - © 1981
Y'a les bandes blanches qui défilent
Et la vie qui t'accroche à son fil
Tu es dans la zone rouge du compteur
Mois tu ne t'occupes plus des couleurs
Il faut surtout pas que tes mains tremblent
Y'a les troncs des arbres qui t'attendent
Même dons les passages difficiles
Y'a les bandes blanches qui défilent
Y'a le vent qui siffle sous les tôles
Et le cri des pneus quand tu décolles
Et derrière toi la nuit qui retombe
Sur le sillage étroit de ta bombe
Est-ce que c'est ton cœur qui fait hurler la machine
Ou bien le moteur qui bat dans ta poitrine
Et qui propulse ton projectile
Entre les bandes blanches qui défilent
Chauffard, chauffard
Tu vois le monde autour dans des brumes liquides
Et c'est pour ça que tu cours toujours sur la voie rapide
Chauffard, chauffard
Tu pousses la musique jusqu'au plus fort
Pour pas sentir les doigts de la mort
Et cri les chiens qui aboient dans leur sommeil
Ni les hommes de loi que tu réveilles
Tu vois quelques tâches claires sur le dos des camions
Quelques mots de travers sur des panneaux bidons
Et ton sang fait monter les aiguilles
Jusqu'au rouge des feux que tu grilles
Chauffard, chauffard
Tu vois le monde autour dans des brumes liquides
Et c'est pour ça que tu cours toujours sur la voie rapide
Chauffard, chauffard
Tu dis que tu connais ton nom par cœur
Et que tu préfères le son de ton moteur
Et si jamais personne ne t'arrête
T'iras te "crasher" sur le fond de la planète
Et que tu vibres quand les virages s'avancent
Et que la vitesse te laisse ta chance
Et que t'es jamais aussi tranquille
Que quand les bandes blanches défilent
Chauffard, chauffard
Tu vois le monde autour dans des brumes liquides
Et c'est pour ça que tu cours toujours sur la voie rapide
Chauffard, chauffard
JE M'ENNUIE DE CHEZ MOI
(3:12) (F. Cabrel / J.P. Bucolo) - © 1981
Quand les vents se déchirent sur les angles des toits
Des rues que je traverse à peine
Quand les journées s'étirent et n'en finissent pas
Je m'ennuie de chez moi
Quand je sens que l'automne se consume là-bas
Quand je sais que le feu dévore
Les berges de Garonne où les arbres flamboient
Je m'ennuie de chez moi
De ce bout de terrain qui a brûlé ma mémoire
Ce petit point sur le grand canevas
Qu'un grand-père italien a choisi par hasard
Y'a longtemps déjà
Y'a longtemps déjà
Quand le mot tambourin ne chantait que pour moi
Quand je me cachais pour l'entendre
La cabane du jardin, la clef du cadenas
Y'a longtemps déjà
Lorsque j'y pense trop
Lorsque mes yeux se froissent
Puisque je sais qu'il existe sans moi
Je mets mon cœur en haut des pilotis de glace
Je continue comme ça
Je continue comme ca
Lorsque j'y pense trop
Lorsque mes yeux se froissent
Puisque je sais qu'il existe sans moi
Je mets mon cœur en haut des pilotis de glace
Je continue comme ça
Quand je m'ennuie de chez moi