LA DAME DE HAUTE-SAVOIE
(3:02) (F. Cabrel) - © 1980


Quand je serais fatigué
De sourire à ces gens qui m'écrasent
Quand je serais fatigué
De leur dire toujours les mêmes phrases
Quand leurs mots voleront en éclats
Quand il n'y aura plus que des murs en face de moi
J'irai dormir chez la dame de Haute-Savoie
Quand je serai fatigué
D'avancer dans les brumes d'un rêve
Quand je serai fatigué
D'un métier où tu marches où tu crèves
Lorsque demain ne m'apportera
Que les cris inhumains d une meute aux abois
J'irai dormir chez la dame de Haute-Savoie
Refrain
Y'a des étoiles qui courent
Dans la neige autour
De son chalet de bois
Y'a des guirlandes qui pendent du toit
Et la nuit descend
Sur les sapins blancs
Juste quand elle frappe des doigts
Quand j'aurai tout donné
Tout écrit, quand je n'aurai plus ma place
Au lieu de me jeter
Sur le premier Jésus-Christ qui passe
Je prendrai ma guitare avec moi
Et peut-être mon chien
S'il est encore là
Et j'irai dormir chez la dame de Haute-Savoie

L'ENCRE DE TES YEUX
(3:07) (F. Cabrel) - © 1980


Puisqu'on ne vivra jamais tous les deux
Puisqu'on est fou, puisqu'on est seuls
Puisqu'ils sont si nombreux
Même la morale parle pour eux
J'aimerai quand même te dire
Tout ce que j'ai pu écrire
Je l'ai puisé à l'encre de tes yeux.
Je n'avais pas vu que tu portais des chaînes
A trop vouloir te regarder,
J'en oubliais les miennes
On rêvait de Venise et de liberté
J'aimerai quand même te dire
Tout ce que j'ai pu écrire
C'est ton sourire que me l'a dicté.
Tu viendras longtemps marcher dans mes rêves
Tu viendras toujours du côté
Où le soleil se lève
Et si malgré ça j'arrive à t'oublier
J'aimerais quand même te dire
Tout ce que j'ai pu écrire
Aura longtemps le parfum des regrets.
Guitare: Patrice TISON, José SOUC, Tony SADLER
Arrangements des cordes: André GOERGET
Studio MARCADET PARIS.

DE L'AUTRE CÔTÉ DE TOI
(3:11) (F. Cabrel) - © 1980


Je sais que tu vis là-bas
Au bout de l'autoroute
J'pourrai pas me tromper
C est allumé la nuit.
S'il te reste un instant
Faudra que tu m'écoutes
Faudra que tu m'attendes
Faut pas que tu m'oublies
Refrain
De l'autre côté de toi
Je suis presque sûr qu'il n'y a plus rien
De l'autre côté de toi
Le désert commence où finit ta main
Toute l'eau qui ruisselle
Au fil de tes cheveux
J'ai encore besoin d'elle
Pour rafraîchir mes yeux
Est-ce qu'au moins tu m'entends
Quand j'appelle au secours?
Je suis jaloux des colliers
De diamants qui t'entourent
Refrain
Laisse-moi t'endormir
Une nuit boréale
Sur un lit de pétales
Aux reflets de saphir
Laisse-moi me blottir
Sur ta peau quatre étoiles
Dans ton corps cathédrale
Et ne plus revenir
Je suis presque sûr qu'il n'y a plus rien
Le désert commence où finit ta main
Je sais que tu vis là-bas
Au bout de l'autoroute...

TROP GRAND MAINTENANT
(2:43) (F. Cabrel) - © 1980


On en a passé des mois de décembre
Avec la neige au milieu de la chambre
Et tous ces hommes étranges qui venaient pour couper l'eau
La moitié de l'année au régime
Ramener les bouteilles, compter les centimes
Quand je te croise aujourd'hui, tu me regardes de haut...
Refrain
Joe! T'as plus le temps
T'as trop d'argent
Tu es trop grand maintenant
Joe! Tu gagnes beaucoup trop!
T'étais chanteur dans des boîtes minables
Tu vidais ton cœur entre les tables
Pour quelques notables, quelques marchands
[de hauts-fourneaux
Après, t'allais voir de drôles de garçons
Pour qu'ils te parlent de révolution
Quand tu les croises aujourd'hui tu fais même plus attention!
Refrain
T'as quelqu'un pour gérer ton affaire
T'as quelqu'un pour calmer ta colère
Y'a toujours quelqu'un pour écouter tes méthodes
Y'a des filles au fond de ta baignoire
Des flatteurs le long de tes cou1oirs
Mais y'a pas plus seul qu'un chanteur à la mode!
Guitares électriques: Jean-Pierre BUCOLO
Piano d'enfant: R. LOUBET

ELLE ÉCOUTE POUSSER LES FLEURS
(2:41) (F. Cabrel) - © 1980


Elle écoute pousser les fleurs
Au milieu du bruit des moteurs
Avec de l'eau de pluie
Et du parfum d'encens
Elle voyage de temps en temps
Elle n'a jamais rien entendu
Des chiens qui aboient dans la rue
Elle fait du pain doré
Tous les jours à quatre heures
Elle mène sa vie en couleur
Elle collectionne
Les odeurs de l'automne
Et les brindilles de bois mort
Quand l'hiver arrive
Elle ferme ses livres
Et puis doucement
Elle s'endort sur des tapis de laine
Au milieu des poupées indiennes
Sur les ailes en duvet
De ses deux pigeons blancs
Jusqu'aux premiers jours du printemps
Elle dit qu'elle va faire
Le tour de la terre
Qu'elle sera rentrée pour dîner
Les instants fragiles
Les mots inutiles
Elle sait tout cela
Quand elle écoute pousser les fleurs
Au milieu du bruit des moteurs
Quand les autres s'emportent
Quand j'arrive à m'enfuir
C'est chez elle que je vais dormir
Et c'est vrai que j'ai peur de lui faire un enfant...
Guitares: F. CABREL, Jean-Pierre BUCOLO
Piano d'enfant: R. LOUBET

JE PENSE ENCORE À TOI
(2:13) (F. Cabrel) - © 1980


Je suis entré dans l'église
Et je n'y ai vu personne
Que le regard éteint du plâtre des statues
Je connais un endroit ou il n'y a rien au-dessus
Je pense encore à toi.
J'aurais dû me méfier des vents qui tourbillonnent
De ces pierres qui taillent cachées sous l'eau qui dort
De ces bouts de ruisseaux qui deviennent des ports
Je pense encore à toi.
On m'avais dit que tout s'efface
Heureusement que le temps passe
J'aurai appris qu'il faut longtemps
Mais le temps passe, heureusement, heureusement.
J'ai croisé le mendiant qui a perdu sa route
Dans mon manteau de pluie je lui ressemble un peu
Et puis j'ai ton image plantée dans les yeux
Je pense encore à toi.
Arrangements cordes: R. LOUBET

COOL PAPA COOL
(2:55) (F. Cabrel) - © 1980


Refrain
Cool papa cool
C'est pas parce que ton rêve s'écroule
Qu'il faut que tu tires dans la foule autour de toi.
Cool papa cool
On n est pas fait du même moule
Toi, t'es rocher, moi pierre qui roule
On ne choisit pas.
Ta fortune éclate
Tes prêtres se battent
Juste en bas de chez toi
Ta fille se shoote
Ton fils fait la route
Ta maîtresse reçoit
Y'a tes héros qui sautent
Y'a des mendiants qui votent
Y'a ta femme qui boit
Y'a plus de cathédrales
Y'a des stars en sandales
Et personne les croit
Refrain
Tous les traîtres t'embrassent
Ton pavillon de chasse
Est plein de juges hors la loi
Y'a les huissiers qui sonnent
Y'a dieu au téléphone
T'as du sang sur les doigts
Le temps te bouscule
Ton image brûle
Mais ne t'en fais pas
Faut que tu comprennes
Que dans dix ans à peine
C'est peut-être à moi qu'on dira...
Refrain
Basse: Louis JUSTINE

SI TU LA CROISES UN JOUR
(3:11) (F. Cabrel) - © 1980


Elle n'aimait pas mon deux pièces séjour
Toi qui voyages si tu la croises un jour
Reviens me dire (bis)
Dis-moi un peu si elle porte toujours
Dans les cheveux ses essences d'amour
Et tous mes rêves sur ses lèvres
Refrain
Mais promets-moi
Ne t'approche pas trop
Si tu poses tes doigts
Au bronze de sa peau
Tu délires, tu délires.
Sans me méfier
Je l'ai serrée très fort
Aujourd'hui encore
J'en ai les yeux qui brûlent, qui brûlent.
Elle, elle a l'âge des voyages au long cours
Des princes arabes et mariages d'amour
Des esclaves libres, des histoires à suivre...
Moi je ne rentrais souvent qu'un soir sur deux
Et mes amis étaient des gens curieux
Difficile à suivre, mais dis-lui, je réapprends à vivre.
Refrain
Elle n'aimait pas mon deux pièces séjour
Toi qui voyage si tu la croises un jour
Reviens me dire.
Dis-lui que pour elle je donnerais
Mon dernier souffle et même celui d'après...
Tambourin: Jeff CALVER

LE PETIT GARS
(3:13) (F. Cabrel / G. Augier de Moussac) - © 1980


Derrière la rivière du père
On voyait s'agiter la cité
Et faner les fleurs solitaires
Dans les parterres grillagés
Le petit gars là-haut sur sa colline
Venait les contempler en paix...
Ces enfants qui jouent en plein air
Entre la route et la voie ferrée
Ils vont finir par manquer d'air
Ou ils vont s'électrocuter
Le petit gars là-haut sur sa colline
Venait les contempler en paix...
Refrain
Mais le petit gars ne comprenait rien
Allongé sous les arbres il se trouvait bien
Attendant tranquille la récolte du vin
A quoi servent leurs belles manières
Si leurs mots sont empoisonnés
A quoi servent leurs têtes fières
Puisqu'ils marchent le dos courbé
Le petit gars là-haut sur sa colline
Venait les contempler en paix.
Derrière la rivière du père
On voyait s'agiter la cité
Et tourner les ogres d'affaires
Dans les tours de verre climatisées
Le petit gars là-haut sur sa colline
Venait les contempler en paix...
Refrain
Mais le petit gars ne comprenait rien
Allongé sous 1es arbres il se trouvait bien
En attendant que cuise son pain.
Mais le petit gars ne comprenait rien
Où s'en vont mourir ces pauvres pantins
Allongés sous les arbres ils seraient si bien
Attendant tranquilles que coule le vin.
Guitares acoust. et élect.: Georges AUGIER de MOUSSAC
Choeurs: Jacques CARDONA, François PORTERIE, Francis CABREL

PLUS PERSONNE
(3:22) (F. Cabrel) - © 1980


S'il n'y a que mes pas qui résonnent
C'est qu'il ne reste plus personne
Que même les murs sont froids.
Je n'ai plus personne à moi
Que quelques vieux souvenirs
Et des cachets pour dormir...
Quelques images qui reviennent
Une place avec une scène
Sur des tréteaux de bois
Des milliers de gens sont là
J'ai dû trop longtemps sourire
Je ne t'ai pas vu partir
Refrain
Plus que mes pas qui résonnent
Il ne reste plus personne
J'oserai jamais te demander
De revenir me relever
Je vais rester là
Au milieu des papiers gras
Comme un dieu prisonnier
D'une toile d'araignée
Refrain
Je croyais pouvoir jouer comme un homme
Tant pis pour moi, s'il ne reste plus personne
Que le goût de ta peau sur l'écho de ma voix.

DERNIÈRE CHANSON
(3:03) (F. Cabrel) - © 1980


Chaque fois qu'on arrache une fleur
Qu'on désigne un vainqueur
Qu'on verrouille une issue
Chaque fois qu'on bâtie une tour
On fait reculer l'amour
De quelques mètres de plus (bis)
Chaque fois qu'on fait une maison
Comme elle a trente balcons
Dans les caves en-dessous
Des enfants y apprennent l'odeur
Des fruits mitrailleurs
Et des bouches d'égouts (bis)
Refrain
C'est pas grave
Ce sont mes dernières larmes
C'est pas grave
C'est mon dernier appel avant de me taire
C'est la dernière chanson que je voulais faire
Plus ça va, plus je vis, plus j'ai peur
Plus je regarde ailleurs
Plus ça tremble partout
J'ai peur du vide au détour du sentier
J'ai peur d'avoir donné
Le pouvoir à des fous... (bis)
Mais les fous sont des messieurs très bien
Qui ont des gants en satin
Et des griffes en-dessous
Et qui s amusent à pousser les frontières
Et qui prennent ma terre
Pour un tas de cailloux... (bis)
Refrain
C'est pas grave
Ce sont mes dernières larmes, c'est pas grave
C'est mon dernier appel avant de me taire
C'est ma dernière chanson avant la guerre.


PAROLES ET MUSIQUES DE FRANCIS CABREL
Sauf "Le petit gars". musique de Georges AUGIER de
MOUSSAC
Guitares: Georges AUGIER de MOUSSAC
Claviers: Gérard BIKIALO
Batterie: Roger SECCO
Enregistré: au studio CONDORCET - TOULOUSE par Jean
Michel et François PORTERIE
Mixé: ... RED BUS STUDIO - LONDRES par Jeff CALVER
Collaboration artistique: Guy PONS et Richard SEFF
Pochette réalisée par J.B. MONDINO
Éditeur: LES EDITIONS 31
Gravure: Studio BERTHIER - CBS.