LE PLAT PAYS
(2:43) (Jacques Brel) - © 1962


Avec la mer du Nord pour dernier terrain vague
Et des vagues de dunes pour arrêter les vagues
Et de vagues rochers que les marées dépassent
Et qui ont à jamais le cœur à marée basse
Avec infiniment de brumes à venir
Avec le vent de l'est écoutez-le tenir
Le plat pays qui est le mien

Avec des cathédrales pour uniques montagnes
Et de noirs clochers comme mâts de cocagne
Où des diables en pierre décrochent les nuages
Avec le fil des jours pour unique voyage
Et des chemins de pluie pour unique bonsoir
Avec le vent d'ouest écoutez le vouloir
Le plat pays qui est le mien

Avec un ciel si bas qu'un canal s'est perdu
Avec un ciel si bas qu'il fait l'humilité
Avec un ciel si gris qu'un canal s'est pendu
Avec un ciel si gris qu'il faut lui pardonner
Avec le vent du nord qui vient s'écarteler 
Avec le vent du nord écoutez-le craquer
Le plat pays qui est le mien

Avec de l'Italie qui descendrait l'Escaut
Avec Frida la blonde quand elle devient Margot
Quand les fils de novembre nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud écoutez-le chanter
Le plat pays qui est le mien.

ZANGRA
(3:21) (Jacques Brel) - © 1962


Je m'appelle Zangra et je suis Lieutenant
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir les filles en troupeaux
Mais elles rêvent d'amour et moi de mes chevaux
 
Je m'appelle Zangra et déjà Capitaine
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir la jeune Consuello
Mais elle parle d'amour et moi de mes chevaux
 
Je m'appelle Zangra maintenant Commandant
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg boire avec Don Pedro
Il boit à mes amours et moi à ses chevaux
 
Je m'appelle Zangra je suis vieux Colonel
Au fort de Belonzio qui domine la plaine
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros
En attendant ce jour je m'ennuie quelquefois
Alors je vais au bourg voir la veuve de Pedro
Je parle enfin d'amour mais elle de mes chevaux
 
Je m'appelle Zangra hier trop vieux Général
J'ai quitté Belonzio qui domine la plaine
Et l'ennemi est là; je ne serai pas héros.

LE CAPORAL CASSE-POMPON
(2:40) (Jacques Brel) - © 1962


Mon ami est un type énorme
Il aime la trompette et le clairon
Tout en préférant le clairon
Qui est une trompette en uniforme
Mon ami est une valeur sûre
Il dit souvent sans prétention
Qu'à la minceur des épluchures
On voit la grandeur des nations

Subséquemment subséquemment
Subséquemment que je comprends pas
Pourquoi souvent ses compagnons
L'appellent
L'appellent
Caporal Casse-Pompon

Mon ami est un doux poète
Dans son jardin quand vient l'été
Faut le voir planter ses mitraillettes
Ou bien creuser ses petites tranchées
Mon ami est un homme plein d'humour
C'est lui c'est lui qu'à trouvé ce bon mot
Que je vous raconte à mon tour
Ich slaffen at si auz wihr prellen so

Subséquemment subséquemment
Subséquemment que je comprends pas
Pourquoi souvent ses compagnons
L'appellent
L'appellent
Caporal Casse-Pompon

Mon ami est un doux rêveur
Pour lui Paris c'est une caserne
Et Berlin un petit champs de fleurs
Qui va de Moscou à l'Auvergne
Son rêve revoir Paris au printemps
Redéfiler à la tête de son groupe
En chantant comme tous les vingt-cinq ans
Baisse ta gaine Gretchen que je baise ta croupe (ein zwei)

Subséquemment subséquemment
Subséquemment que nous ne coprenons
Comment nos amis les Franzosen
Ils osent ils osent l'appeler
Caporal Casse-Pompon (ein zwei)

LA STATUE
(3:19) (Jacques Brel / Jacques Brel - François Raubert) - © 1962


J'aimerais tenir l'enfant de Marie
Qui a fait graver sous ma statue
&laqno; Il a vécu toute sa vie
Entre l'honneur et la vertu »
Moi qui ai trompé mes amis
De faux serment en faux serment
Moi qui ai trompé mes amis
Du jour de l'An au jour de l'An
Moi qui ai trompé mes maîtresses
De sentiment en sentiment
Moi qui ai trompé mes maîtresses
Du printemps jusques au printemps
Ah, cet enfant de Marie je l'aimerais là
Et j'aimerais que les enfants ne me regardent pas

J'aimerais tenir l'enfant de carême
Qui a fait graver sous ma statue
« Les Dieux rappellent ceux qu'ils aiment,
Et c'était lui qu'ils aimaient le plus »
Moi qui n'ai jamais prié Dieu
Que lorsque j'avais mal aux dents
Moi qui n'ai jamais prié Dieu
Que quand j'ai eu peur de Satan
Moi qui n'ai prié Satan
Que lorsque j'étais amoureux
Moi qui n'ai prié Satan
Que quand j'ai eu peur du Bon Dieu
Ah, cet enfant de carême je l'aimerais là
Et j'aimerais que les enfants ne me regardent pas

J'aimerais tenir l'enfant de salaud
Qui a fait graver sous ma statue
&laqno; Il est mort comme un héros
Il est mort comme on ne meurt plus »
Moi qui suis parti faire la guerre
Parce que je m'ennuyais tellement
Moi qui suis parti faire la guerre
Pour voir si les femmes des Allemands
Moi qui suis mort à la guerre
Parce que les femmes des Allemands
Moi qui suis mort à la guerre
De n'avoir pu faire autrement
Ah, cet enfant de salaud je l'aimerais là
Et j'aimerais que mes enfants ne me regardent pas.

ROSA
(2:43) (Jacques Brel) - © 1962


Rosa rosa rosam
Rosae Rosae rosa
Rosae rosae rosae
Rosarum rosis rosis

C'est le plus vieux tango du monde
Celui que les têtes blondes
Anonnent comme une ronde
En apprenant leur latin
C'est le tango du collège
Qui prend les rêves au piège
Et dont il est sacrilège
De ne pas sortir malin
C'est le tango des bons pères
Qui surveillent l'oeil sévère
Les Jules et les Prosper
Qui seront la France de demain

Rosa rosa rosam
Rosae Rosae rosa
Rosae rosae rosae
Rosarum rosis rosis

C'est le tango des forts en thèmes
Boutonneux jusqu'à l'extrême
Et qui recouvrent de laine
Leur cœur qui est déjà froid
C'est le tango des forts en rien
Qui déclinent de chagrin
Et qui seront pharmaciens
Parce que papa ne l'était pas
C'est le temps oú j'étais dernier
Car ce tango rosa rosae
J'inclinais à lui préférer
Déjà ma cousine Rosa

Rosa rosa rosam
Rosae Rosae rosa
Rosae rosae rosae
Rosarum rosis rosis

C'est le tango des promenades
Deux par seul sous les arcades
Cerclés de corbeaux et d'alcades
Qui nous protégeaient des pourquoi
C'est le tango de la pluie sur le cour
Le miroir d'une flaque sans amour
Qui m'a fait comprendre un beau jour
Que je ne serais pas Vasco de Gama
Mais c'est le tango du temps béni
Où pour un baiser trop petit
Dans la clairière d'un jeudi
A rosi cousine Rosa

Rosa rosa rosam
Rosae Rosae rosa
Rosae rosae rosae
Rosarum rosis rosis

C'est le tango du temps des zèros
J'en avais tant des minces des gros
J'en faisais des tunnels pour Charlot
Des auréoles pour Saint François
C'est le tango des récompenses
Qui allaient à ceux qui ont la chance
D'apprendre dès leur enfance
Tout ce qui ne leur servira pas
Mais c'est le tango que l'on regrette
Une fois que le temps s'achète
Et que l'on s'aperçoit tout bête
Qu'il y a des épines aux Rosa

Rosa rosa rosam
Rosae Rosae rosa
Rosae rosae rosae
Rosarum rosis rosis

LES BOURGEOIS
(2:55) (Jacques Brel / Jean Corti) - © 1962


Le cœur bien au chaud
Les yeux dans la bière
Chez la grosse Adrienne de Montalant
Avec l'ami Jojo
Et avec l'ami Pierre
On allait boire nos vingt ans
Jojo se prenait pour Voltaire
Et Pierre pour Casanova
Et moi moi qui étais le plus fier
Moi moi je me prenais pour moi
Et quand vers minuit passaient les notaires
Qui sortaient de l'hôtel "Des Trois Faisans"
On leur montrait notre cul et nos bonnes manières
En leur chantant 

Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient

Le cœur bien au chaud
Les yeux dans la bière
Chez la grosse Adrienne de Montalant
Avec l'ami Jojo
Et avec l'ami Pierre
On allait brûler nos vingt ans
Voltaire dansait comme un vicaire
Et Casanova n'osait pas
Et moi moi qui restais le plus fier
Moi j'étais presque aussi saoul que moi
Et quand vers minuit passaint les notaires
Qui sortaient de l'hôtel "Des Trois Faisans"
On leur montrait notre cul et nos bonnes manières
En leur chantant 

Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient

Le cœur au repos
Les yeux bien sur terre
Au bar de l'hôtel "Des Trois Faisans"
Avec Maître Jojo
Et avec Maître Pierre
Entre notaires on passe le temps
Jojo parle de Voltaire
Et Pierre de Casanova
Et moi moi moi qui suis resté le plus fier
Moi moi je parle encore de moi
Et c'est en sortant vers minuit Monsieur l' Commissaire
Que tous les soirs de chez la Montalant
De jeunes "peigne-culs" nous montrent leur derrière
En nous chantant 

Les bourgeois c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux plus ça devient bête
Disent-ils Monsieur le commissaire
Les bourgeois
Plus ça devient vieux plus ça devient...

MADELEINE
(2:42) (Jacques Brel / Jacques Brel - Gérard Jouannest - Jean Corti) - © 1962


Ce soir j'attends Madeleine
J'ai apporté du lilas
J'en apporte toutes les semaines
Madeleine elle aime bien ça
Ce soir j'attends Madeleine
On prendra le tram trente-trois
Pour manger des frites chez Eugène
Madeleine elle aime tant ça
Madeleine c'est mon Noël
C'est mon Amérique à moi
Même qu'elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Joël
Ce soir j'attends Madeleine
On ira au cinéma
Je lui dirai des (je t'aime)
Madeleine elle aime tant ça
Elle est tenement jolie
Elle est tenement tout ça
Elle est toute ma vie
Madeleine que j'attends là

Ce soir j'attends Madeleine
Mais ii pleut sur mes lilas
Il pleut comme toutes les semaines
Et Madeleine n'arrive pas
Ce soir j'attends Madeleine
C'est trop tard pour le tram trente-trois
Trop tard pour les frites d'Eugène
Et Madeleine n'arrive pas
Madeleine c'est mon horizon
Clest mon Amérique à moi
Même qu'elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Gaston
Mais ce soir j'attends Madeleine
I1 me reste le cinéma
Je lui dirai des (je t'aime)
Madeleine elle aime tant ça

Elle est tenement jolie
Elle est tenement tout ça
Elle est toute ma vie
Madeleine qui n'arrive pas

Ce soir j'attendais Madeleine
Mais j'ai jeté mes lilas
Je les ai jetés comme toutes les semaines
Madeleine ne viendra pas
Ce soir j'attendais Madeleine
C,est fichu pour le cinéma
Je reste avec mes (je t'aime)
Madeleine ne viendra pas
Madeleine c'est mon espoir
C'est mon Amérique à moi
Sûr qu'elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Gaspard
Ce soir j'attendais Madeleine
Tiens le dernier tram s'en va
On doit fermer chez Eugène
Madeleine ne viendra pas

Elle est tenement jolie
Elle est tenement tout ça
Elle est toute ma vie
Madeleine qui ne viendra pas

Demain j'attendrai Madeleine
Je rapporterai du lilas
J'en rapporterai toute la semaine
Madeleine elle aimera ça
Demain j'attendrai Madeleine
On prendra le tram trente-trois
Pour manger des frites chez Eugène
Madeleine elle aimera ça
Madeleine c'est mon espoir
C'est mon Amérique à moi
Tant pis si elle est trop bien pour moi
Comme dit son cousin Gaspard
Demain j'attendrai Madeleine
On ira au cinéma
Je lui dirai des (je t'aime)
Madeleine elle aimera ça

LES PAUMÉS DU PETIT MATIN
(4:19) (Jacques Brel / François Rauber) - © 1962


Paumés du petit matin Ils s'éveillent à l'heure du berger
Pour se lever a l'heure du thé
Et sortir à l'heure de plus rien!
Les paumés du petit matin
Elles, elles ont l'arrogance
Des filles qui ont de la poitrine
Eux ils ont cette assurance
Des hommes dont on devine
Que le papa a eu de la chance
Les paumés du petit matin

Venez danser
Copain, copain, copain, copain..
Venez danser
Et ça danse les yeux dans les seins

Ils se blanchissent leurs nuits
Au lavoir des mélancolies
Qui lave sans salir les mains
Les paumés du petit matin
Ils se racontent à minuit
Les poèmes qu'ils n'ont pas lus
Les romans qu'ils n'ont pas écrits
Les amours qu'ils n'ont pas vécues
Les vérités qui ne servent á rien
Les paumés du petit matin

Venez danser
Copain, copain, copain, copain..
Venez danser
Et ça danse les yeux dans les seins

L'amour leur déchire le foie
C'était, c'était, c'était si bien
C'était.. vous ne comprendriez pas ...
Les paumés du petit matin
Ils prennent le dernier whisky
Ils prennent le dernier bon mot
Ils reprennent le dernier whisky
Ils prennent le dernier tango
Ils prennent le dernier chagrin
Les paumés du petit matin

Venez pleurer
Copain, copain, copain, copain
Venez pleurer
Es ça pleure les yeux dans les seins
...
Les paumés du petit matin

BRUXELLES
(3:01) (Jacques Brel / Jacques Brel - Gérard Jouannest) - © 1962


C'était au temps où Bruxelles rêvait
C'était au temps du cinéma muet
C'était au temps où Bruxelles chantait
C'était au temps où Bruxelles bruxellait
Place de Brouckère on voyait des vitrines
Avec des hommes des femmes en crinoline
Place de Brouckère on voyait l'omnibus
Avec des femmes des messieurs en gibus
Et sur l'impériale
Le cœur dans les étoiles
Il y avait mon grand-père
Il y avait ma grand-mère
Elle était militaire
Il était fonctionnaire
Il pensait pas elle pensait rien
Et on voudrait que je sois malin

C'était au temps où Bruxelles chantait
C'était au temps du cinéma muet
C'était au temps où Bruxelles rêvait
C'était au temps où Bruxelles bruxellait

Sur les pavés de la place Sainte-Catherine
Dansaient les hommes les femmes en crinoline
Sur les pavés dansaient les omnibus
Avec des femmes des messieurs en gibus
Et sur l'impériale
Le cœur dans les étoiles
Il y avait mon grand-père
Il y avait ma grand-mère
Il avait su y faire
Elle l'avait laissé faire
Ils l'avaient donc fait tous les deux
Et on voudrait que je sois sérieux

C'était au temps où Bruxelles rêvait
C'était au temps du cinéma muet
C'était au temps où Bruxelles dansait
C'était au temps où Bruxelles bruxellait

Sous les lampions de la place Sainte-Justine
Chantaient les hommes les femmes en crinoline
Sous les lampions dansaient les omnibus
Avec les femmes les messieurs en gibus
Et sur l'impériale
Le cœur dans les étoiles
Il y avait mon grand-père
Il y avait ma grand-mère
Il attendait la guerre
Elle attendait mon père
Ils étaient gais comme le canal
Et on voudrait que j'aie le moral

C'était au temps où Bruxelles rêvait
C'était au temps du cinéma muet
C'était au temps où Bruxelles chantait
C'était au temps où Bruxelles bruxellait

CHANSON SANS PAROLES
(2:52) (Jacques Brel / François Rauber) - © 1962


J'aurais aimé ma belle
T'écrire une chanson
Sur cette mélodie
Rencontrée une nuit
J'aurais aimé ma belle
Rien qu'au point d'Alençon
T'écrire un long poème
T'écrire un lon "je t'aime"

Je t'aurais dit "amour"
Je t'aurais dit "toujours"
Mais de mille façons
Mais par mille détours
Je t'aurais dit "partons"
Je t'aurais dit "brûlons"
Brûlons de jour en jour
De saisons en saison

Mais le temps que s'allume
L'idée sur le papier
Le temps de prendre une plume
Le temps de la tailler
Mais le temps de me dire
Comment vais-je l'écrire
Et le temps est venu
Où tu ne m'aimais plus
Où tu ne m'aimais plus.

UNE ÎLE
(3:44) (Jacques Brel) - © 1962


Une île au large de l'espoir
Où les hommes n'auraient pas peur
Et douce et calme comme ton miroir
Une île
Claire comme un matin de Pâques
Offrant l'océane langueur
D'une sirène à chaque vague
Viens
Viens mon amour
Là-bas ne seraient point ces fous
Qui nous disent d'être sages
Ou que vingt ans est le bel âge
Voici venu le temps de vivre
Voici venu le temps d'aimer

Une île
Une île au large de l'amour
Posée sur l'autel de la mer
Satin couché sur le velours
Une île
Chaude comme la tendresse
Espérante comme un désert
Qu'un nuage de pluie caresse
Viens
Viens mon amour
Là-bas ne seraient point ces fous
Oui nous cachent les longues plages
Viens mon amour
Fuyons l'orage
Voici venu le temps de vivre
Voici venu le temps d'aimer

Une île qu'il nous reste à bâtir
Mais qui donc pourrait retenir
Les rêves que l'on rêve à deux
Une île
Voici qu'une île est en partance
Et qui sommeillait en nos yeux
Depuis les portes de l'enfance
Viens
Viens mon amour
Car c'est là-bas que tout commence
Je crois à la dernière chance
Et tu es celle que je veux
Voici venu le temps de vivre
Voici venu le temps d'aimer
Une île.

LES BIGOTES
(2:43) (Jacques Brel) - © 1963


Elles vieillissent à petits pas
De petits chiens en petits chats
Les bigotes
Elles vieillissent d'autant plus vite
Qu'elles confondent l'amour et l'eau bénite
Comme toutes les bigotes
Si j'étais diable en les voyant parfois
Je crois que je me ferais châtrer
Si j'étais Dieu en les voyant prier
Je crois que je perdrais la foi
Par les bigotes

Elles processionnent à petits pas
De bénitier en bénitier
Les bigotes
Et patati et patata
Mes oreilles commencent à siffler
Les bigotes
Vêtues de noir comme Monsieur le Curé
Qui est trop bon avec les créatures
Elles s'embigotent les yeux baissés
Comme si Dieu dormait sous leurs chaussures
De bigotes

Le samedi soir après le turbin
On voit l'ouvrier parisien
Mais pas de bigotes
Car c'est au fond de leur maison
Qu'elles se préservent des garçons
Les bigotes
Qui préfèrent se ratatiner
De vêpres en vêpres, de messe en messe
Toutes fières d'avoir pu conserver
Le diamant qui dort entre leurs f...
De bigotes

Puis elles meurent à petits pas
A petit feu, en petits tas
Les bigotes
Qui cimetièrent à petits pas
Au petit jour d'un petit froid
De bigotes
Et dans le ciel qui n'existe pas
Les anges font vite un paradis pour elles
Une auréole et deux bouts d'ailes
Et elles s'envolent... à petits pas
De bigotes.

LES VIEUX
(4:06) (Jacques Brel / Jacques Brel - Gérard Jouannest - Jean Corti) - © 1963


Les vieux ne parlent plus ou alors seulement parfois du bout des yeux
Même riches ils sont pauvres, ils n'ont plus d'illusions et n'ont qu'un cœur pour deux 
Chez eux ça sent le thym, le propre, la lavande et le verbe d'antan 
Que l'on vive à Paris on vit rous en province quand on vit trop longtemps 
Est-ce d'avoir trop ri que leur voix se lézarde quand ils parlent d'hier 
Et d'avoir trop pleuré que des larmes encore leru perlent aux paupières 
Et s'ils tremblent u peu est-ce de voir vieillir la pendule d'argent 
Qui ronronne au salon, qui dit qui qui dit non, qui dit je vous attends

Les vieux ne rêvent plus, leurs livres s'ensommeillent, leurs pianos sont fermés 
Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter 
Les vieux ne bougent plus leurs gestes ont trop de rides leur monde est trop petit 
Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit 
ET s'ils sortent encore bras dessus bras dessous tout habillés de raide 
C'est pour suivre au soleil l'enterrement d'un plus vieux, l'enterrement d'une plus laide 
Et le temps d'un sanglot, oublier toute une heure la pendule d'argent 
Qui ronronne au salon, qui dit qui qui dit non, et puis qui les attend

Les vieux ne meurent pas, ils s'endorment un jour et dorment trop longtemps 
Ils se tiennent la main, ils ont peur de se perdre et se perdent pourtant 
Et l'autre rest là, le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère

Cela n'importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enfer 
Vous le verrez peut-être, vous la verrez parfois en pluie et en chagrin 
Traverser le présent en s'exusant déjà de n'être pas plus loin 
Et fuir devant vous une dernière fois la pendule d'argent 
Qui ronronne au salon, qui dit qui qui dit non, qui leur dit: j'attends 
Qui ronronne au salon, qui dit qui qui dit non et puis qui nous attend

LES FENÊTRES
(2:49) (Jacques Brel / Jacques Brel - Gérard Jouannest) - © 1963


Les fenêtres nous guettent
Quand notre cœur s'arrête
En croisant Louisette
Pour qui brûlent nos chairs
Les fenêtres rigolent
Quand elles voient la frivole
Qui offre sa corolle
A un clerc de notaire
Les fenêtres sanglotent
Quand à l'aube falote
Un enterrement cahote
Jusqu'au vieux cimetière
Mais les fenêtres froncent
Leurs corniches de bronze
Quand elles voient les ronces
Envahir leur lumière

Les fenêtres murmurent
Quand tombent en chevelure
Les pluies de la froidure
Qui mouillent les adieux
Les fenêtres chantonnent
Quand se lève à l'automne
Le vent qui abandonne
Les rues aux amoureux
Les fenètres se taisent
Quand l'hiver les apaise
Et que la neige épaisse
Vient leur fermer les yeux
Mais les fenêtres jacassent
Quand une femme passe
Qui habite l'impasse
Où passent les Messieurs

La fenêtre est un oeuf
Quand elle est oeil-de-boeuf
Qui attend comme un veuf
Au coin d'un escalier
La fenêtre bataille
Quand elle est soupirail
D'où le soldat mitraille
Avant de succomber
Les fenêtres musardent
Quand elles sont mansardes
Et abritent les hardes
D'un poète oublié
Mais les fenêtres gentilles
Se recouvrent de grilles
Si par malheur on crie
Vive la liberté

Les fenêtres surveillent
L'enfant qui s'émerveille
Dans un cercle de vieilles
A faire ses premiers pas
Les fenêtres sourient
Quand quinze ans trop jolis
Et quinze ans trop grandis
S'offrent un premier repas
Les fenêtres menacent
Les fenêtres grimacent
Quand parfois j'ai l'audace
D'appeler un chat un chat
Mais les fenêtres me suivent
Me suivent et me poursuivent
Jusqu'à ce que peur s'ensuive
Tout au fond de mes draps

Les fenêtres souvent
Traitent impunément
De voyous des enfants
Qui cherchent qui aimer
Les fenêtres souvent
Soupçonnent ces manants
Qui dorment sur les bancs
Et parlent l'étranger
Les fenêtres souvent
Se ferment en riant
Se ferment en criant
Quand on y va chanter
Ah ! je n'ose pas penser
Qu'elles servent à voiler
Plus qu'à laisser entrer
La lumière de l'été

Non je préfère penser (bis)
Qu'une fenêtre fermée
Ça ne sert qu'à aider
Les amants à s'aimer.

LES TOROS
(2:21) (Jacques Brel / Jacques Brel - Gérard Jouannest - Jean Corti) - © 1963


Les toros s'ennuient le dimanche
Quand il s'agit de courir pour nous
un peu de sable du soleil et des planches
Un peu de sang pour faire un peu de boue
C'est l'heure où les épiciers se prennent pour Don Juan
C'est l'heure où les Anglaises se prennent pour Montherlant
Ah !
Qui nous dira à quoi ça pense
Un toro qui tourne et danse
Et s'aperçoit soudain qu'il est tout nu
Ah !
Qui nous dira à quoi ça rêve
Un toro dont l'oeil se lève
Et qui découvre les cornes des cocus
Les totos s'ennuient le dimanche
Quand il s'agit de souffrir pour nous
Voici les picadors et la foule se venge
Voici les toreros la foule est à genoux
C'est l'heure où les épiciers se prennent pour García Lorca
C'est l'heure où les Anglaises se prennent pour la Carmencita

Les toros s'ennuient le dimanche
Quand il s'agit de mourir pour nous
Mais l'épée va plonger et la foule se penche
Mais l'épée a plongé et la foule est debout
C'est l'instant de triomphe où les épiciers se prennent pour Néron
C'est l'instant de triomphe où les Anglaises se prennent pour Wellington
Ah !

Est-ce qu'en tombant à terre
Les toros rêvent d'un enfer
Où bruleraient hommes et toreros défunts
Ah !
Ou bien à l'heure du trépas
Ne nous pardonneraient-ils pas
En pensant à Carthage, Waterloo et Verdun
Verdun

LA PARLOTE
(3:28) (Jacques Brel / Jacques Brel - Gérard Jouannest) - © 1963


C'est elle qui remplit les squares
Les promenades les salons de thé
C'est elle qui raconte l'histoire
Quand elle ne l'a pas inventée
La Parlote, la Parlote
C'est elle qui sort toutes les nuits
Et ne s'apaise qu'au petit jour
Pour s'éveiller après l'amour
Entre deux amants éblouis
La Parlote, la Parlote
C'est là qu'on dit qu'on a dit oui
C'est là qu'on dit qu'on a dit non
C'est le support de l'assurance
Et le premier apéritif de France
La Parlote, la Parlote
La Parlote, la Parlote

Marchant sur la pointe des lèvres
Moitié fakir et moitié vandale
D'un faussaire elle fait un orfèvre
D'un fifrelin elle fait un scandale
La Parlote, la Parlote
C'est elle qui attire la candeur
Dans les filets d'une promenade
C'est par elle que l'amour en fleur
Souvent se meurt dans les salades
La Parlote, la Parlote
Par elle j'ai changé le monde
J'ai même fait battre tambour
Pour charger une Pompadour
Pas même belle pas même blonde

La Parlote, la Parlote
La Parlote, la Parlote

C'est au bistrot qu'elle rend ses sentences
Et nous rassure en nous assurant
Que ceux qu'on aime n'ont pas eu de chance
Que ceux qu'on n'aime pas en ont tellement
La Parlote, la Parlote
Si c'est elle qui sèche les yeux
Si c'est elle qui sèche les pleurs
C'est elle qui dessèche les vieux
C'est elle qui dessèche les cœurs
La Parlote, la Parlote
C'est elle qui vraiment s'installe
Quand on n'a plus rien à se dire
C'est l'épitaphe c'est la pierre tombale
Des amours qu'on a laissé mourir
La Parlote, la Parlote,
La Parlote, la Parlote.

LES FILLES ET LES CHIENS
(2:59) (Jacques Brel / Gérard Jouannest) - © 1963


Les filles
C'est beau comme un jeu
C'est beau comme un feu
C'est beaucoup trop peu Les filles
C'est beau comme un fruit
C'est beau comme la nuit
C'est beaucoup d'ennuis Les filles
C'est beau comme un renard
C'est beau comme un retard
C'est beaucoup trop tard
Les filles
C'est beau tant que ça peut
C'est beau comme l'adieu
Et c'est beaucoup mieux
Mais les chiens
C'est beau comme des chiens
Et ça reste là
A nous voir pleurer
Les chiens
Ça ne nous dit rien
C'est peut-être pour ça
Qu'on croit les aimer

Les filles
Ça vous pend au nez
Ça vous prend au thé
Ça vous prend les dés Les filles
Ça vous pend au cou
Ça vous pend au clou
Ça dépend de vous Les filles
Ça vous pend au cœur
Ça se pend aux fleurs
Ça dépend des heures Les filles
Ça dépend de tout
Ça dépend surtout
Ça dépend des sous
Mais les chiens
Ça ne dépend de rien
Et ça reste là
A nous voir pleurer
Les chiens
Ça ne nous dit rien
C'est peut-être pour ça
Qu'on croit les aimer

Les filles
Ça joue au cerceau
Ça joue du cerveau
Ça se joue tango Les filles
Ça joue l'amadou
Ça joue contre joue
Ça se joue de vous Les filles
Ça joue à jouer
Ça joue à aimer
Ça joue pour gagner Les filles
Qu'elles jouent les petites femmes
Qu'elles jouent les grandes dames
Ça se joue en drames
Mais les chiens
Ça ne joue à rien
Parce que ça ne sait pas
Comment faut tricher
Les chiens
Ça ne joue à rien
C'est peut-être pour ça
Qu'on croit les aimer

Les filles
Ça donne à rêver
Ça donne à penser
Ça vous donne congé Les filles
Ça se donne pourtant
Ça se donne un temps
C'est &laqno; donnant donnant » Les filles
Ça donne de l'amour
A chacun son tour
Ça donne sur la cour Les filles
Ça vous donne son corps
Ça se donne si fort
Oue ça donne des remords
Mais les chiens
Ça ne vous donne rien
Parce que ça ne sait pas
Faire semblant de donner
Les chiens
Ça ne vous donne rien
C'est peut-être pour ça
Qu'on doit les aimer

Et c'est pourtant pour les filles
Qu'au moindre matin
Qu'au moindre chagrin
On renie ses chiens.

LA FANETTE
(4:07) (Jacques Brel) - © 1963


Nous étions deux amis et Fanette m'aimait
La plage était déserte et dormait sous juillet
Si elles s'en souviennent les vagues vous diront
Combien pour la Fanette j'ai chanté de chansons
Faut dire
Faut dire qu'elle était belle
Comme une perle d'eau
Faut dire qu'elle était belle
Et je ne suis pas beau
Faut dire
Faut dire qu'elle était brune
Tant la dune était blonde
Et tenant l'autre et l'une
Moi je tenais le monde
Faut dire
Faut dire que j'étais fou
De croire à tout cela
Je le croyais à nous
Je la croyais à moi
Faut dire
Qu'on ne nous apprend pas
A se méfier de tout

Nous étions deux amis et Fanette m'aimait
La plage était déserte et mentait sous juillet
Si elles s'en souviennent les vagues vous diront
Comment pour la Fanette s'arrêta la chanson

Faut dire
Faut dire qu'en sortant
D'une vague mourante
Je le vis s'en allant
Comme amant et amante
Faut dire
Faut dire qu'ils ont ri
Quand ils m'ont vu pleurer
Faut dire qu'ils ont chanté
Quand je les ai maudits
Faut dire
Que c'est bien ce jour-là
Qu'ils ont nagé si loin
Qu'ils ont nagé si bien
Qu'on ne les revit pas
Faut dire
Qu'on ne nous apprend pas
Mais parlons d'autre chose

Nous étions deux amis et Fanette l'aimait
La plage est déserte et pleure sous juillet
Et le soir quelquefois
Quand le vagues s'arrêtent
J'entends comme une voix
J'entends... c'est la Fanette

J'AIMAIS
(4:05) (Jacques Brel / Gérard Jouannest - François Rauber) - © 1963


J'aimais les fées et les princesses
Qu'on me disait n'exister pas
J'aimais le feu et la tendresse
Tu vois je vous rêvais déjà
J'aimais les tours hautes et larges
Pour voir au large venir l'amour
J'aimais les tours de cœur de garde
Tu vois je vous guettais déjà

J'aimais le col ondoyant des vagues
Les saules nobles languissant vers moi
J'aimais la ligne tournante des algues
Tu vois je vous savais déjà

J'aimais courir jusqu'à tomber
J'aimais la nuit jusqu'au matin
Je n'aimais rien non, non j'ai adoré
Tu vois je vous aimais déjà

J'aimais l'été pour ses orages
Et pour la foudre sur le toit
J'aimais 1'éclair sur ton visage
Tu vois je vous brûlais déjà

J'aimais le pluie noyant 1'espace
Au long des brumes du pays plat
J'aimais la brume que le vent chasse
Tu vois je vous pleurais déjà

J'aimais la vigne et le houblon
Les villes du Nord les laides de nuit
Les fleuves profonds m'appelant au lit
Tu vois je vous oubliais déjà

LES BERGERS
(2:47) (Jacques Brel) - © 1964


Parfois ils nous arrivent avec leurs grands chapeaux
Et leurs manteaux de laine que suivent leurs troupeaux
Les bergers
Ils montent du printemps quand s'allongent les jours
Ou brûlés par l'été descendent vers les bourgs
Les bergers
Quand leurs bêtes s'arrêtent pour nous boire de l'eau
Se mettent à danser à l'ombre d'un pipeau
Les bergers

Entr'eux l'en est de vieux, entr'eux l'en est de sages
Qui appellent au puits tous les vieux du village
Les bergers
Ceux-là ont des histoires à nous faire telles peurs
Que pour trois nuits au moins nous rêvons des frayeurs
Des bergers
Ils ont les mêmes rides et les mêmes compagnes
Et les mêmes senteurs que leurs vieilles montagnes
Les bergers

Entr'eux l'en est de jeunes, entr'eux l'en est de beaux
Qui appellent les filles à faire le gros dos
Les bergers
Ceux-là ont des sourires qu'on dirait une fleur
Et des éclats de rire à faire jaillir de l'eau
Les bergers
Ceux-là ont des regards à vous brûler la peau
A vous défiancer, à vous clouer le cœur
Les bergers

Mais tous ils nous bousculent qu'on soit filles ou garçons
Les garçons dans leurs rêves, les filles dans leurs frissons
Les bergers
Alors nous partageons le vin et le fromage
Et nous croyons une heure faire partie du vovage
Des bergers
C'est un peu comme Noël, Noël et ses trésors
Qui s'arrêterait chez nous aux Equinoxes d'or
Les bergers

Après ça ils s'en vont, avec leurs grands chapeaux
Et leurs manteaux de laine que suivent leurs troupeaux
Les bergers
Ils montent du printemps quand s'allongent les jours
Ou brûlés par l'été descendent vers les bourgs
Les bergers
Quand leurs bêtes ont fini de nous boire notr' eau
Se remettent en route à l'ombre d'un pipeau
Les bergers, les bergers, les bergers.

LES BONBONS
(3:30) (Jacques Brel) - © 1964


Je vous ai apporté des bonbons
Parce que les fleurs ça est périssable
Puis les bonbons c'est tellement bon
Bien que les fleurs soient plus présentables
Surtout quand elles sont en boutons
Mais je vous ai apporté des bonbons

J'espère qu'on pourra se promener
Que Madame votre mère ne dira rien
On ira voir passer les trains
A huit heures moi je vous ramènerai
Quel beau dimanche allez pour la saison
Je vous ai apporté des bonbons

Si vous saviez ce que je suis fier
De vous voir pendue à mon bras
Les gens me regardent de travers
Y en a même qui rient derrière moi
Le monde est plein de polissons
Je vous ai apporté des bonbons

Oh! oui! Germaine est moins bien que vous
Oh! oui! Germaine elle est moins belle
C'est vrai que Germaine a des cheveux roux
C'est vrai que Germaine elle est cruelle
Ça vous avez mille fois raison
Je vous ai apporté des bonbons

Et nous voilà sur la grand'place
Sur le kiosque on joue Mozart
Mais dites-moi que ça est par hasard
Qu'il y a là votre ami Léon 
Si vous voulez que je cède la place
J'avais apporté de bonbons...

Mais bonjour Mademoiselle Germaine
Je vous ai apporté des bonbons
Parce que les fleurs ça est périssable
Puis les bonbons c'est tellement bon
Bien que les fleurs soient plus présentables
Surtout quand elles sont en boutons
Mais je vous ai apporté des bonbons.