LE MONDE EST SOURD
(4:26) (Francis Cabrel) - © 1999
Pendant qu'on se promène
L'enfant pour cinq francs la semaine
Vient broder des survêts
Pour l'homme blanc qui golfe en voiturette
Sale temps sur la planète
Oh le drôle, le drôle de temps
Porter secours, c'est défendu
Le monde est sourd, bien entendu
Chercheur contre nature
Truqueur, sur l'honneur qui jure
Faut pas que ça vous inquiète
J'ai bien connu l'animal mort dans votre assiette
Sale temps sur la planète
Oh le drôle, le drôle de temps
Porter secours, c'est défendu
Le monde autour est sourd, bien entendu
Tricheur à la tribune
Menteur amassant la fortune
Grimpeur dans la tempête
Rien que des doses d'eau claire au fond de la musette
Sale temps sur la planète
Oh le drôle, le drôle de temps
Pas de témoin, une fois de plus
Le monde est sourd, bien entendu
Cendrillon tombée d'un coin du Sahël perdue
Sur un bout de papier me lance un appel et dessus
Elle dit "C'est où exactement
C'est où exactement la tour de Babel"
Monsieur sort de l'église
Heureux que les hommes fraternisent
Son fils qui lui fait la tête
Et lui qui court acheter
Le fusil et les fléchettes
Sale temps sur la planète
Oh le drôle, le drôle de temps
Porter secours, c'est défendu
Le monde autour est sourd, bien entendu
Pendant qu'on se promène
L'enfant pour cinq francs la semaine
Chercheur contre-nature
Bien caché derrière sa devanture
Tricheur à la tribune
Et nous, tous les applaudir
Comme la lune
Comme la lune...
CENT ANS DE PLUS
(3:55) (Francis Cabrel) - © 1999
Cent ans dans la peau de l'esclave,
Et juste après cent ans de plus
Chercher des miettes sous les tables
Avant que les blancs ne marchent dessus
Dormir sur des paquets de planches,
Chanter seulement le dimanche
Oh, tu vois la femme noire
Dans le rôle de la bonne,
Avec tout à côté,
Tout tordu, son bonhomme
Après ça, faut pas que tu t'étonnes:
C'est Eux qui ont fait,
Eux qui ont fait,
Son House et Charlie Patton,
Howlin' wolf et Blind Lemon
Bien rouge le sang de l'Afrique
Sur la jolie fleur du coton
La toute nouvelle Amérique,
La belle démocratie, "Welcome"
Bateaux déportant les villages
Au bout de l'immense voyage.
Gravés dans la mémoire,
Pour des années-lumière,
Chaque larme d'ivoire,
Et chaque collier de fer.
Après ça, faut pas que tu t'étonnes:
C'est Eux qui ont fait,
Eux qui ont fait,
Son House et Charlie Patton,
Howlin' wolf et Blind Lemon
Toujours plaire aux marchands de fantômes
Elle qu'on achète et lui que l'on donne
Naître avec la peine maximum
Toujours vivant dans ce que nous sommes,
Peuple interdit du reste des hommes
Cherchant le bleu de l'ancien royaume
Eux qui ont fait, faut pas que ça t'étonne!
Son House et Charlie Patton,
Blind Blake et Willie Dixon,
Ma Rainey et Robert Jonhson,
Howlin' wolf et Blind Lemon
Son House et Charlie Patton
PRESQUE RIEN
(4:21) (Francis Cabrel) - © 1999
Et voilà tout ce que je sais faire
Du vent dans des coffres en bambou
Des bancs de ciel pour mettre à tes paupières
Et d'autres pour pendre à ton cou
C'est rien que du ciel ordinaire
Du bleu comme on en voit partout
Mais j'y ai mis tout mon savoir-faire
Et toute notre histoire en dessous.
Refrain -----------------
Tu vois, c'est presque rien
C'est tellement peu
C'est comme du verre
C'est à peine mieux
Tu vois c'est presque rien
C'est comme un rêve
Comme un jeu
Et des pensées prises dans des perles d'eau claires
-------------------------
Je t'envoie des journées entières
Des chats posés sur les genoux
Des murs couverts de fleurs que tu préfères
Et de la lumière sur tout.
Rien que des musiques légères
Une source entre deux cailloux
Du linge blanc sur des années de guerre
C'est tout ce que je sais faire, c'est tout.
Refrain
Tu vois, c'est presque rien
C'est tellement peu
C'est comme du verre
C'est à peine mieux
Tu vois c'est presque rien
C'est comme un rêve
Comme un jeu
Et des pensées prises dans des perles d'eau claires
LE RESTE DU TEMPS
(3:30) (Francis Cabrel) - © 1999
Et si on dormait sous les arbres
Le reste du temps
Deux amants posés sur les hardes
Deux débutants
En dessous des cieux qui lézardent
Juste en faire autant
(tellement de choses ont changés !)
Mieux que tous les palais de marbres
L'or des sultants
Quelques branchages qui nous gardent
Des mauvais vents
Je ferais tout ce qu'il te tarde
L'homme ou l'enfant
Dans nos jardins dérangés
Tellement de fleurs allongées, tellement
Sous la lumière orangée
Longtemps nos corps mélangés, longtemps
Rien qui mérite qu'on en parle
Rien d'inquiétant
Un miroir pour que tu te fardes
Je t'aime pourtant
Plus personne ne nous regarde
Ni ne nous entend
(solo)
Dans nos jardins dérangés
Tellement de fleurs allongées, tellement
Sous la lumière orangée
Longtemps nos corps mélangés, longtemps
Pendant que le monde bavarde
A rien d'important
On pourrait dormir sous les arbres
Le reste du temps
RIEN DE NOUVEAU
(4:04) (Francis Cabrel) - © 1999
Elle passe
Sans le regarder, elle passe
Lui ça lui glace le dos
Elle est exactement tout ce qu'il lui faut...
il lui faut
Elle laisse
Sans même y penser elle laisse
Traîner comme un lasso
Quelques parfums où il vient se prendre aussitôt
Aussitôt
Il bloque
Les yeux comme des hublots
Et le coeur au-delà du tempo
Il fonce
Il part droit sur elle il fonce
Comme un lanceur de marteaux
Après il jongle avec des cercles et des flambeaux.
Des flambeaux
Il parle
Jusqu'à l'asphyxier
Il parle comme gable à garbo
Il prend des poses
Comme les danseurs de tango...
De tango
Il bloque
Les yeux comme des hublots
En fait... en fait il en fait trop !
Y'a soixante-cinq millions d'années
Par un soleil comme aujourd'hui
Un de nos grands-parents faisait
Le beau pour sa nouvelle amie
Et lui il reste
Il reste comme collé au carreau
Il dit qu'il l'aime en somme
Et c'est rien de nouveau... rien de nouveau
Solo
Les yeux comme des hublots
Et le coeur au delà du tempo
Y'a soixante-cinq millions d'années
Par un soleil comme aujourd'hui
Un de nos grands-parents faisait
Le beau pour sa nouvelle amie
Il reste
Il reste comme collé au carreau
Il dit qu'il l'aime en somme
Et c'est rien de nouveau... rien de nouveau
LOIN DEVANT
(4:46) (Francis Cabrel) - © 1999
Loin devant
L'horizon encombré
Fais-moi loin devant
Une maison posée
Et j'entends
Le monde chanter
Sous les arbres penchés
Devant
Il descend
Des lumières dorées
Dessines-nous dedans
Dans les habits légers
Et j'entends
Les collombes jouer
La paix est bien cachée
Dedans
Simplement
Après tant et tant de brume
On aura les yeux qui s'allument vraiment
Forcément
Sous de vrai croissants de lune
Les enfants pourront rêver autrement, autrement
Loin devant
L'horizon encombré
Fais-moi loin devant
Un chemin, un sentier
Un ruban
Des tables chargées de pain blanc
Simplement
Après tant et tant de brume
On aura les yeux qui s'allument vraiment
Forcément
Comme on aura plus de larmes
On verra enfin le monde autrement, autrement
Loin devant
L'horizon encombré
Fais-moi loin devant
Une maison posée
J'entends
DEPUIS TOUJOURS
(4:22) (Otis Redding / Jerry Butler adapt. Francis Cabrel) - © 1999
Je t'aime depuis toujours et je viens seulement te dire : Je t'aime pour longtemps encore
Tes mots de velours, ta peau jusqu'à en éblouir mes yeux de chercheur d'or
Toutes ces nuits d'hiver, ces longues longues journées de pluie
J'en entends parler chez les autres
Moi, quel que soit le ciel, t'es mon éternelle éclaircie depuis toujours
Et je viens seulement te dire, pour longtemps encore
Le monde autour n'est rien qu'un brumeux souvenir, rien qu'un lointain décor
Comme sur les horloges, les mêmes aiguilles, jour et nuit s'en retournent l'une vers l'autre
Moi comme tu vois, je retourne vers celle que j'aime depuis toujours
Pour seulement lui dire, pour longtemps encore
Même au bout du monde, c'est le même ciel, le même lit
La même chaleur qui m'entoure, les mêmes parfums
Ceux qui enveloppent mes nuits depuis toujours
et je viens seulement te dire, pour longtemps encore
Je retourne vers celle que j'aime depuis toujours
oh je retourne vers celle que j'aime depuis toujours
depuis toujours
COMME EUX
(4:42) (Francis Cabrel) - © 1999
Il rêvait de noircir des pages
D'écrire des choses nouvelles
Elle aurait peint des paysages
Et joué du violoncelle
A s'aimer toujours davantage
Ils ont trouvé naturel, naturel
Elle, le cambouis des garages
Et lui, les produits de vaisselle.
Elle posait ses doigts sur la carte
Toujours du côté chaleur
De temps en temps faudra qu'on parte
Pour s'embrasser ailleurs
Elle ne voit pas le temps qui passe
Ils prennent tellement à coeur, à coeur
Ces fins de semaine sur place
Autour d'un bouquet de fleurs...
Jamais de cris, de problèmes
Tout le monde peut voir comme ils s'aiment
Ni double fond, ni double jeu
Rien que d' la lisse surface
Que du collant double face
Fasse le ciel qu'on soit comme eux
Ils rêvent d'une chambre tranquille
De quelques jouets au milieu
Qu'importe l'endroit ou le style
Le centre-ville ou la banlieue
De temps en temps faudra qu'on parte
Un jour, il écrira un peu, un peu
Elle, elle sait où elle a rangé la carte
Pour les jours où ça ira mieux
HELL NEP AVENUE
(5:47) (Francis Cabrel) - © 1999
Comme j'arrivais la tête en vrac
Entre ma guitare et mon sac,
J'entends: "Malheureux, ne bougez plus!
Ne bougez plus...
Le prochain pas que vous allez faire
Peut vous mener droit en enfer,
Personne ne vous a prévenu?
Vous êtes sur Hell Nep Avenue..."
Boulevard des papiers qui s'envolent,
Le vent y descend droit du pôle,
Ca fait des chansons de travers,
De travers...
Chanteurs aux épaules tombantes
Pris dans les fougères grimpantes;
Encore une averse de plus
Sur la Hell Nep Avenue...
Quelques mesures de silence
A l'heure où l'autobus s'avance;
Aucune fille n'en descend,
Et le blues reprend...
On peut voir se creuser les rides
De ceux qui attendent dans le vide,
Il n'y a pas de ciel par-dessus
La Hell Nep Avenue...
Personne ne vous a prévenu...
A cette heure-ci elle viendra plus!
Il n'y a pas de ciel par-dessus
La Hell Nep Avenue...
Avenue du blues, boulevard de personne,
On y a vu traîner Robert Jonhson
Jusqu'au matin grattant la misère,
La misère...
Il reste un carré de pelouse
Où quelques silhouettes jalouses
Viennent pour fleurir la statue...
Vous êtes sur Hell Nep Avenue
Tendresse pendue aux pupitres,
Rue des fenêtres sans vitres...
Combien d'amoureux étendus,
Etendus...
On y a tous chanté une fois,
Depuis on a tous la même voix;
Une fois et puis t'oublies plus
La Hell Nep Avenue...
Combien d'amoureux étendus?
Tellement de silhouettes perdues...
Encore une averse de plus
Sur la Hell Nep Avenue
Personne ne vous a prévenu...
A cette heure-ci elle viendra plus...
Il n'y a pas de ciel par-dessus
La Hell Nep Avenue...
HORS-SAISON
(4:41) (Francis Cabrel) - © 1999
C'est le silence qui se remarque le plus
Les volets roulants tous descendus
De l'herbe ancienne dans les bacs à fleurs sur les balcons
On doit être hors saison.
La mer quand même dans ses rouleaux continue
Le même thème, sa chanson vide et têtue
Pour quelques ombres perdues sous des capuchons
On doit être hors saison
Le vent transperce ces trops longues avenues
Quelqu'un cherche une adresse inconnue
Et le courrier déborde au seuil des pavillons
On doit être hors saison
Une ville se fane
Dans des brouillards salés
Oh la colère océane
Est trop près
Les tourments la condamnent
Aux écrans de fumée
Et personne ne s'éloigne du quai.
On pourrait tout prendre : les murs, les jardins et les rues
On pourrait mettre aux boîtes aux lettres nos prénoms dessus
Ou bien peut-être un jour les gens reviendront
On doit être hors saison
La mer quand même dans ses rouleaux continue
Le même thème, sa chanson vide, oh où es-tu ?
Tou mon courrier déborde au seuil de ton pavillon
On doit être hors saison
Une ville se fane
Dans des brouillards salés
Oh la colère océane
Est trop près
Les tourments la condamnent
Aux écrans de fumée
Et personne ne s'éloigne du quai.
BELLE DEBBIE
(4:55) (Francis Cabrel) - © 1999
La belle Debbie, debout d'un bond
Au tout début me bouda
Puis elle trouva de bon ton
Que je lui dise vous comme à une diva
J'étais ses beaux boutons d'habits
Je mis un vieux CD à ABBA
Alors, alors elle s'enhardit
Et Dieu soit loué s'amadoua
Elle voulu deux doigts de Bourbon
"Merci ça finit mal quand je bois"
Je me mis à faire le gibbon
Elle se tordait comme le boa
Je lui récitais ma leçon
Doux comme un ourson venu pour ça
Puis-je votre peau de bonbon
L'effleurer comme une rumba ?
Et j'ajoute pour être tout à fait juste
Les miroirs où elle se projette
Ces rires auxquels elle est sujette
Et ses jolies mains qui s'agitent
Oh j'ajoute...
Je lui récitais du Rimbaud
Elle disait peut-on tomber plus bas
Elle borda ses yeux de charbon
Pour me tendre un bâton de Cuba
Les liqueurs, nous les avons bues
Quand il n'est plus resté de tabac
Elle m'avoua je revis
Désirez-vous que l'on se revoie ?
Et j'ajoute pour être tout à fait juste
Les miroirs où elle se projette
Ces rires auxquels elle est sujette
Et ses jolies mains qui s'agitent
Et j'ajoute pour être tout à fait juste
Ces moments salés où elle me laissa
Ces secrets qu'elle me consacra
Ces formes où je m'étais ancré
Ces cris...
quand son mari entra
MADAME X
(2:41) (Francis Cabrel) - © 1999
Madame X et ses enfants,
Tout l'hiver sans chauffage,
Caravane pour des gens,
Même pas du voyage,
Et pourtant comme elle dit,
C'est pas elle la plus mal lotie,
Elle en connaît qui couchent dehors dans les parages
Quand y a toutes ces voitures de sport dans les garages
Madame à savoir comment,
Fait deux fois plus que son âge,
Elle s'endort avec des gants,
Au fond d'un sac de couchage,
Et pourtant comme elle dit,
C'est pas elle la plus mal lotie,
Elle en connaît qui restent accrochés au grillage,
En espérant qu'un camion manque le virage,
C'était un pays charmant,
C'était un pays comme il faut,
Elle dit, elle dit maintenant
Maintenant on prend,
Quelques photos des mourants,
Au lieu de leur donner de l'eau,
Elle dit pas ça méchamment
Pour l'instant
Madame et ces enfants, toujours pas de chauffage...