L'AIGLE NOIR
(4:58) (Barbara) - © 1970
Un beau jour, ou peut-être une nuit,
Près d'un lac, je m'étais endormie,
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir.
Lentement, les ailes déployées,
Lentement, je le vis tournoyer,
Près de moi, dans un bruissement d'ailes,
Comme tombé du ciel,
L'oiseau vint se poser.
Il avait, les yeux couleur rubis,
Et des plumes couleur de la nuit,
À son front, brillant de mille feux,
L'oiseau roi couronné,
Portait un diamant bleu.
De son bec, il a touché ma joue,
Dans ma main, il a glissé son cou,
C'est alors que je l'ai reconnu,
Surgissant du passé,
Il m'était revenu.
Dis l'oiseau, ô dis, emmène-moi,
Retournons au pays d'autrefois,
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Pour cueillir, en tremblant,
Des étoiles, des étoiles.
Comme avant, dans mes rêves d'enfant,
Comme avant, sur un nuage blanc,
Comme avant, allumer le soleil,
Être faiseur de pluie,
Et faire des merveilles.
L'aigle noir, dans un bruissement d'ailes,
Prit son vol, pour regagner le ciel.
Un beau jour, ou peut-être une nuit,
Près d'un lac, je m'étais endormie,
Quand soudain, semblant crever le ciel,
Et venant de nulle part,
Surgit un aigle noir.
Un beau jour, une nuit,
Près d'un lac, endormie,
Quand soudain,
Il venait de nulle part,
Il surgit, l'aigle noir.
Un beau jour, une nuit,
Près d'un lac, endormie,
Quand soudain,
Il venait de nulle part,
Surgit un aigle noir...
GOTTINGEN
(2:43) (Barbara) - © 1967
Bien sûr, ce n'est pas la Seine,
Ce n'est pas le bois de Vincennes,
Mais c'est bien joli, tout de même,
À Gottingen, à Gottingen,
Pas de quai et pas de rengaines,
Qui se lamentent et qui se traînent,
Mais l'amour y fleurit quand même,
À Gottingen, à Gottingen,
Ils savent mieux que nous, je pense,
L'histoire de nos rois de France,
Hermann, Peter, Helga et Hans,
À Gottingen,
Et que personne ne s'offense,
Mais les contes de notre enfance,
"Il était une fois" commencent,
À Gottingen,
Bien sûr, nous, nous avons la Seine,
Et puis notre bois de Vincennes,
Mais, Dieu, que les roses sont belles,
À Gottingen, à Gottingen,
Nous, nous avons nos matins blêmes,
Et l'âme grise de Verlaine,
Eux, c'est la mélancolie même,
À Gottingen, à Gottingen,
Quand ils ne savent rien nous dire,
Ils restent là, à nous sourire,
Mais nous les comprenons quand même,
Les enfants blonds de Gottingen,
Et tant pis pour ceux qui s'étonnent,
Et que les autres me pardonnent,
Mais les enfants, ce sont les mêmes,
À Paris ou à Gottingen,
Ô, faites que jamais ne revienne,
Le temps du sang et de la haine,
Car il y a des gens que j'aime,
À Gottingen, à Gottingen,
Et lorsque sonnerait l'alarme,
S'il fallait reprendre les armes,
Mon cœur verserait une larme,
Pour Gottingen, pour Gottingen...
À MOURIR POUR MOURIR
(2:49) (Barbara) - © 1967
À mourir pour mourir,
Je choisis l'âge tendre,
Et partir pour partir
Je ne veux pas attendre,
Je ne veux pas attendre,
J'aime mieux m'en aller,
Du temps que je suis belle,
Qu'on ne me voit jamais
Fanée sous ma dentelle,
Fanée sous ma dentelle,
Et ne venez pas me dire,
Qu'il est trop tôt pour mourir,
Avec vos aubes plus claires,
Vous pouvez vous faire lanlaire,
J'ai vu l'or et la pluie,
Sur les forêts d'automne,
Les jardins alanguis,
La vague qui se cogne,
La vague qui se cogne,
Et je sais, sur mon cou,
La main nue qui se pose,
Et j'ai su, à genoux,
La beauté d'une rose
La beauté d'une rose,
Et tant mieux s'il y en a,
Qui, les yeux pleins de lumière,
Ont préféré les combats,
Pour aller se faire lanlaire,
Au jardin du bon dieu,
Ça n'a plus d' importance,
Qu'on s'y couche, amoureux,
Ou tombé pour la France,
Ou tombé pour la France,
Il est d'autres combats,
Que le feu des mitrailles,
On ne se blesse pas,
Qu'à vos champs de bataille,
Qu'à vos champs de bataille,
Et ne comptez pas sur moi,
S'il faut soulager mes frères,
Et, pour mes frères, ça ira,
J'ai fait ce que j'ai pu faire,
Si c'est peu, si c'est rien,
Qu'ils décident eux-mêmes,
Je n'espère plus rien,
Mais je m'en vais sereine,
Mais je m'en vais sereine,
Sur un long voilier noir,
La mort pour équipage,
Demain, c'est l'au revoir,
Je quitte vos rivages,
Je quitte vos rivages,
Car, mourir pour mourir,
Je ne veux pas attendre,
Et partir pour partir,
Je choisi l'âge tendre...
PIERRE
(3:02) (Barbara) - © 1967
Il pleut,
Il pleut,
Sur les jardins alanguis,
Sur les roses de la nuit,
Il pleut des larmes de pluie,
Il pleut,
Et j'entends le clapotis,
Du bassin qui se remplit,
Oh mon Dieu, que c'est joli,
La pluie,
Quand Pierre rentrera,
Il faut que je lui dise,
Que le toit de la remise,
A fui,
Il faut qu'il rentre du bois,
Car il commence à faire froid,
Ici,
Oh, Pierre,
Mon Pierre,
Sur la campagne endormie,
Le silence et puis un cri,
Ce n'est rien, un oiseau de la nuit,
Qui fuit,
Que c'est beau cette pénombre,
Du ciel, le feu et l'ombre,
Qui se glisse jusqu'à moi,
Sans bruit,
Une odeur de foin coupé,
Monte de la terre mouillé,
Une auto descend l'allée,
C'est lui,
Oh, Pierre,
Pierre...
SI LA PHOTO EST BONNE
(2:49) (Barbara) - © 1964
Si la photo est bonne,
Juste en deuxième colonne,
Y'a le voyou du jour,
Qui a une petite gueule d'amour,
Dans la rubrique du vice,
Y'a l'assassin de service,
Qui n'a pas du tout l'air méchant,
Qui a plutôt l'œil intéressant,
Coupable ou non coupable,
S'il doit se mettre à table,
Que j'aimerais qu'il vienne,
Pour se mettre à la mienne,
Si la photo est bonne,
Il est bien de sa personne,
N'a pas plus l'air d'un assassin,
Que le fils de mon voisin,
Ce gibier de potence,
Pas sorti de l'enfance,
Va faire sa dernière prière,
Pour avoir trop aimé sa mère,
Bref, on va prendre un malheureux,
Qui avait le cœur trop généreux,
Moi qui suis femme de président,
J'en ai pas moins de cœur pour autant,
De voir tomber des têtes,
À la fin, ça m'embête,
Et mon mari, le président,
Qui m'aime bien, qui m'aime tant,
Quand j'ai le cœur qui flanche,
Tripote la balance,
Si la photo est bonne,
Qu'on m'amène ce jeune homme,
Ce fils de rien, ce tout et pire,
Cette crapule au doux sourire,
Ce grand gars au cœur tendre,
Qu'on n'a pas su comprendre,
Je sens que je vais le conduire,
Sur le chemin du repentir,
Pour l'avenir de la France
Contre la délinquance,
C'est bon, je fais le premier geste,
Que la justice fasse le reste,
Surtout qu'il soit fidèle,
Surtout, je vous rappelle,
À l'image de son portrait,
Qu'ils se ressemblent trait pour trait,
C'est mon ultime condition,
Pour lui accorder mon pardon,
Qu'on m'amène ce jeune homme,
Si la photo est bonne,
Si la photo est bonne,
Si la photo est bonne...
MON ENFANCE
(2:57) (Barbara) - © 1968
J'ai eu tort, je suis revenue,
Dans cette ville, au loin, perdue,
Où j'avais passé mon enfance,
J'ai eu tort, j'ai voulu revoir,
Le coteau où glisse le soir,
Bleu et gris, ombre de silence,
Et j'ai retrouvé, comme avant,
Longtemps après,
Le coteau, l'arbre se dressant,
Comme au passé,
J'ai marché, les tempes brûlantes,
Croyant étouffer sous mes pas,
Les voix du passé qui nous hantent,
Et reviennent sonner le glas,
Et je me suis couchée sous l'arbre,
Et c'était les mêmes odeurs,
Et j'ai laissé couler mes pleurs,
Mes pleurs,
J'ai mis mon dos nu à l'écorce,
L'arbre m'a redonné des forces,
Tout comme au temps de mon enfance,
Et longtemps, j'ai fermé les yeux,
Je crois que j'ai prié un peu,
Je retrouvais mon innocence,
Avant que le soir ne se pose,
J'ai voulu voir,
La maison fleurie sous les roses,
J'ai voulu voir,
Le jardin où nos cris d'enfants,
Jaillissaient comme sources claires,
Jean, Claude et Régine et puis Jean,
Tout redevenait comme hier,
Le parfum lourd des sauges rouges,
Les dahlias fauves dans l'allée,
Le puits, tout, j'ai retrouvé,
Hélas,
La guerre nous avait jetés là,
D'autres furent moins heureux, je croix,
Au temps joli de leur enfance,
La guerre nous avait jetés là,
Nous vivions comme hors-la-loi,
Et j'aimais cela, quand j'y pense,
Oh mes printemps, oh mes soleils,
Oh mes folles années perdues,
Oh mes quinze ans, oh mes merveilles,
Que j'ai mal d'être revenue,
Oh les noix fraîches de Septembre,
Et l'odeur des mûres écrasées,
C'est fou, tout, j'ai tout retrouvé,
Hélas,
Ils ne faut jamais revenir,
Au temps caché des souvenirs,
Du temps béni de mon enfance,
Car parmi tous les souvenirs,
Ceux de l'enfance sont les pires,
Ceux de l'enfance nous déchirent,
Vous, ma très chérie, ô ma mère,
Où êtes-vous donc, aujourd'hui,
Vous dormez au chaud de la terre,
Et moi, je suis venue ici, pour y retrouver votre rire,
Vos colères et votre jeunesse,
Mais je suis seule avec ma détresse,
Hélas,
Pourquoi suis-je donc revenue,
Et seule, au détour de ses rues,
J'ai froid, j'ai peur, le soir se penche,
Pourquoi suis-je venue ici, où mon passé me crucifie,
Elle dort à jamais mon enfance...
LE SOLEIL NOIR
(4:00) (Barbara) - © 1968
Pour ne plus, jamais plus, vous parler de la pluie,
Plus jamais du ciel lourd, jamais des matins gris,
Je suis sortie des brumes et je me suis enfuie,
Sous des ciels plus légers, pays de paradis,
Oh, que j'aurais voulu vous ramener, ce soir,
Des mers en furie, des musiques barbares,
Des chants heureux, des rires, qui résonnent bizarres,
Et vous feraient le bruit d'un heureux tintamarre,
Des coquillages blancs et des cailloux salés,
Qui roulent sous les vagues, mille fois ramenés,
Des soleils éclatants, des soleils éclatés,
Dont le feu brûlerait d'éternels étés,
Mais j'ai tout essayé, j'ai fait semblant de croire,
Et je reviens de loin,
Et le soleil est noir,
Mais j'ai tout essayé, et vous pouvez me croire,
Je reviens fatiguée,
Et c'est le désespoir,
Légère, si légère, j'allais court vêtue,
Je faisais mon affaire du premier venu,
Et c'était le repos, l'heure de nonchalance,
À bouche que veux-tu, et j'entrais dans la danse,
J'ai appris le banjo sur des airs de guitare,
J'ai frissonné du dos, j'ai oublié Mozart,
Enfin, j'allais pouvoir enfin vous revenir,
Avec l'œil alangui, vague de souvenirs,
Et j'étais l'ouragan et la rage de vivre,
Et j'étais le torrent et la force de vivre,
J'ai aimé, j'ai brûlé, rattrapé mon retard,
Que la vie était belle et folle mon histoire,
Mais la terre s'est ouverte, là-bas, quelque part,
Mais la terre s'est ouverte,
Et le soleil est noir,
Des hommes sont murés,
Tout là-bas, quelque part,
Des hommes sont murés,
Et c'est le désespoir,
J'ai conjuré le sort, j'ai recherché l'oubli,
J'ai refusé la mort, j'ai rejeté l'ennui,
Et j'ai serré les poings pour m'ordonner de croire,
Que la vie était belle, fascinant le hasard,
Qui me menait ici, ailleurs ou autre part,
Où la fleur était rouge, où le sable était blond,
Où le bruit de la mer était une chanson,
Oui, le bruit de la mer était une chanson,
Mais un enfant est mort, là-bas, quelque part,
Mais un enfant est mort,
Et le soleil est noir,
J'entends le glas qui sonne, tout là-bas, quelque part,
J'entends le glas sonner,
Et c'est le désespoir,
Je ne ramène rien, je suis écartelée,
Je vous reviens, ce soir, le cœur égratigné,
Car, de les regarder, de les entendre vivre,
Avec eux, j'ai eu mal, avec eux j'étais ivre,
Je ne ramène rien, je reviens solitaire,
Du bout de ce voyage au-delà des frontières,
Est-il un coin de terre où rien ne se déchire,
Et que faut-il donc faire, pouvez-vous me le dire,
S'il faut aller plus loin pour effacer vos larmes,
Et si je pouvais, seule, faire taire les armes,
Je jure que, demain, je reprends l'aventure,
Pour que cessent, à jamais, toutes ces déchirures,
Je veux bien essayer, et je veux bien y croire,
Mais je suis fatiguée,
Et le soleil est noir,
Pardon de vous le dire,
Mais je reviens, ce soir,
Le cœur égratigné,
Et c'est le désespoir,
Le cœur égratigné,
Et c'est le désespoir,
Le désespoir...
UNE PETITE CANTATE
(1:58) (Barbara) - © 1965
Une petite cantate,
Du bout des doigts,
Obsédante et maladroite,
Monte vers toi,
Une petite cantate,
Que nous jouions autrefois,
Seule, je la joue, maladroite,
Si, mi, la, ré, sol, do, fa,
Cette petite cantate,
Fa, sol, do, fa,
N'était pas si maladroite,
Quand c'était toi,
Les notes couraient, faciles,
Heureuses au bout de tes doigts,
Moi, j'étais là, malhabile,
Si, mi, la, ré, sol, do, fa,
Mais tu est partie, fragile,
Vers l'au-delà,
Et je reste, malhabile,
Fa, sol, do, fa,
Je te revois, souriante,
Assise à ce piano-là,
Disant "bon, je joue, toi chante,
Chante, chante-la pour moi",
Si, mi, la, ré,
Si, mi, la, ré,
Si, sol, do, fa,
Si, mi, la, ré,
Si, mi, la, ré,
Si, sol, do, fa,
Oh mon amie, Oh ma douce,
Oh ma si petite à moi,
Mon Dieu qu'elle est difficile,
Cette cantate sans toi,
Une petite prière,
La, la, la, la,
Avec mon cœur pour la faire,
Et mes dix doigts,
Une petite cantate,
Mais sans un signe de croix,
Quelle offense, Dieu le père,
Il me le pardonnera,
Si, mi, la, ré,
Si, mi, la, ré,
Si, sol, do, fa,
Si, mi, la, ré,
Si, mi, la, ré,
Si, sol, do, fa,
Les anges, avec leur trompette,
La jouerons, jouerons pour toi,
Cette petite cantate,
Qui monte vers toi,
Cette petite cantate
Qui monte vers toi,
Si, mi, la, ré,
Si, mi, la, ré,
Si, sol, do, fa...
NANTES
(4:08) (Barbara) - © 1964
Il pleut sur Nantes
Donne-moi la main
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin
Un matin comme celui-là
Il y a juste un an déjà
La ville avait ce teint blafard
Lorsque je sortis de la gare
Nantes m'était alors inconnue
Je n'y étais jamais venue
Il avait fallu ce message
Pour que je fasse ce voyage:
"Madame, soyez au rendez-vous
25 rue de la Grange-aux-loups
Faites vite, il y a peu d'espoir
Il a demandé à vous voir."
A l'heure de sa dernière heure
Après bien des années d'errance
Il me revenait en plein cœur
Son cri déchirait le silence
Depuis qu'il s'en était allé
Longtemps je l'avais espéré
Ce vagabond, ce disparu
Voilà qu'il m'était revenu
"25 rue de la Grange-aux-loups"
Je m'en souviens, du rendez-vous
Et j'ai gravé dans ma mémoire
Cette chambre au fond d'un couloir
Assis près d'une cheminée
J'ai vu quatre hommes se lever
La lumière était froide et blanche
Ils portaient l'habit du dimanche
Je n'ai pas posé de questions
A ces étranges compagnons
J'ai rien dit, mais à leurs regards
J'ai compris qu'il était trop tard
Pourtant, j'étais au rendez-vous
"25 rue de la Grange-aux-loups"
Mais il ne m'a jamais revue
Il avait déjà disparu...
Voilà tu la connais l'histoire
Il était revenu un soir
Et ce fut son dernier voyage
Et ce fut son dernier rivage
Il voulait avant de mourir
Se réchauffer à mon sourire
Mais il mourut à la nuit même
Sans un "Adieu", sans un "Je t'aime"
Au chemin qui longe la mer
Couché dans le jardin des pierres
Je veux que, tranquille, il repose
Je l'ai couché dessous les roses
Mon père, mon père
Il pleut sur Nantes
Et je me souviens
Le ciel de Nantes
Rend mon cœur chagrin.
AU BOIS DE SAINT-AMAND
(1:32) (Barbara) - © 1964
Y'a un arbre, je m'y colle,
Dans le petit bois de Saint-Amand,
Je t'attrape, tu t'y colles,
Je me cache, à toi maintenant,
Y'a un arbre, pigeon vole,
Dans le petit bois de Saint-Amand,
Où tournent nos rondes folles,
Pigeon vole, vole, vole au vent,
Dessus l'arbre, oiseau vole,
Et s'envole, voilà le printemps,
Y'a nos quinze ans qui s'affolent,
Dans le petit bois de Saint-Amand,
Et sous l'arbre, sans paroles,
Tu me berces amoureusement,
Et dans l'herbe, jupon vole,
Et s'envolent nos rêves d'enfants,
Mais un beau jour, tête folle,
Loin du petit bois de Saint-Amand,
Et loin du temps de l'école,
Je suis partie, vole, vole au vent,
Bonjour l'arbre, mon bel arbre,
Je reviens, j'ai le cœur content,
Sous tes branches qui se penchent,
Je retrouve mes rêves d'enfant,
Y'a un arbre, si je meurs,
Je veux qu'on me couche doucement,
Qu'il soit ma dernière demeure,
Dans le petit bois de Saint-Amand,
Qu'il soit ma dernière demeure,
Dans le petit bois de Saint-Amand,
Y'a un arbre, pigeon vole,
Mon cœur vole,
Pigeon vole et s'envole,
Y'a un arbre, pigeon vole...
MARIENBAD
(4:43) (Barbara / F. Wertheimer) - © 1973
Sur le grand bassin du château de l'idole,
Un grand cygne noir, portant rubis au col,
Dessinait sur l'eau, de folles arabesques,
Les gargouilles pleuraient, de leur rire grotesque,
Un Apollon solaire de porphyre et d'ébène,
Attendait Pygmalion, assis au pied d'un chêne,
Je me souviens de vous,
Et de vos yeux de jade,
Là-bas, à Marienbad, là-bas, à Marienbad,
Mais, où donc êtes-vous?
Avec vos yeux de jade,
Si loin de Marienbad, si loin de Marienbad,
Je portais, en ce temps, étole d'engoulevent,
Qui chantait au soleil et dansait dans les temps,
Vous aviez les allures d'un dieu de lune inca,
En ce fièvres, en ces lieux, en ces époques-là,
Et moi, pauvre vastale, au vent de vos envies,
Au cœur de vos dédales, je n'étais qu'Ophélie,
Je me souviens de vous,
Du temps de ces aubades,
Là-bas, à Marienbad, là-bas, à Marienbad,
Mais, où donc êtes-vous?
Vous chantez vos aubades,
Si loin de Marienbad, si loin de Marienbad,
C'était un grand château, au parc lourd et sombre,
Tout propice aux esprits qui habitent les ombres,
Et les sorciers, je crois, y battaient leur sabbat,
Quels curieux sacrifices, en ces temps-là,
J'étais un peu sauvage, tu me voulais câline,
J'étais un peu sorcière, tu voulais Mélusine,
Je me souviens de toi,
De tes soupirs malades,
Là-bas, à Marienbad, à Marienbad,
Mais, où donc êtes-vous?
Où sont vos yeux de jade,
Si loin de Marienbad, bien loin de Marienbad,
Mais si vous m'appeliez, un de ces temps prochains,
Pour parler un instant, aux croix de nos chemins,
J'ai changé, sachez-le, mais je suis comme avant,
Comme me font, me laissent, et me défont les temps,
J'ai gardé, près de moi, l'étole d'engoulevent,
Les grands gants de soie noire et l'anneau de diamant,
Je serai à votre heure,
Au grand château de jade,
Au cœur de vos dédales,
Là-bas, à Marienbad,
Nous danserons encore,
Dans ces folles parades,
L'œil dans tes yeux de jade,
Là-bas, à Marienbad,
Avec tes yeux de jade,
Nous danserons encore,
Là-bas, àMarienbad,
Mais me reviendras-tu?
Au grand château de jade,
À Marienbad...
LA DAME BRUNE
(3:59) (G. Moustaki / Barbara & G. Moustaki) - © 1967
Pour une longue dame brune,
J'ai inventé,
Une chanson au clair de la lune,
Quelques couplets,
Si jamais, elle l'entend, un jour,
Elle saura,
Que c'est une chanson d'amour,
Pour elle et moi.
Je suis la longue dame brune,
Que tu attends,
Je suis la longue dame brune,
Et je t'entends,
Chante encore au clair de la lune,
Je viens vers toi,
Ta guitare, ancre de fortune,
Guide mes pas.
Pierrot m'avait prêté sa plume,
Ce matin-là,
À ma guitare de fortune,
Je pris le La,
Je me suis pris pour un poète,
En écrivant,
Les mots qui passaient par ma tête,
Comme le vent.
Pierrot t'avait prêté sa plume,
Cette nuit-là,
À ta guitare de fortune,
Tu pris le La,
Et tu t'es pris pour un poète,
En écrivant,
Les mots qui passaient par ta tête
Comme le vent.
J'ai habillé la dame brune,
Dans mes pensées,
D'un morceau de voile de brume,
Et de rosée,
J'ai fait son lit contre ma peau,
Pour qu'elle soit bien,
Rien à l'abri et bien au chaud,
Entre mes mains.
Habillée d'une voile de brume,
Et de rosée,
Je suis la longue dame brune,
De ta pensée,
Chante encore au clair de la lune,
Je viens vers toi,
À travers les monts et les dunes,
J'entends ta voix.
Pour une longue dame brune,
J'ai inventé,
Une chanson au clair de la lune,
Quelques couplets,
Je sais qu'elle l'entendra un jour,
Qui sait, demain,
Pour que cette chanson d'amour,
Finisse bien.
Bonjour, je suis la dame brune,
J'ai tant marché,
Bonjour, je suis la dame brune,
Je t'ai trouvé,
Fais-moi place au creux de ton lit,
Je serai bien,
Bien au chaud et bien à l'abri,
Contre tes reins...
LE MAL DE VIVRE
(3:53) (Barbara) - © 1965
Ça n'prévient pas quand ça arrive,
Ça vient de loin,
Ça s'est promené de rive en rive,
La gueule en coin,
Et puis un matin, au réveil,
C'est presque rien,
Mais c'est là, ça vous ensommeille,
Au creux des reins,
Le mal de vivre,
Le mal de vivre,
Qu'il faut bien vivre,
Vaille que vivre,
On peut le mettre en bandoulière,
Ou comme un bijou, à la main,
Comme une fleur en boutonnière,
Ou juste à la pointe du sein,
C'est pas forcement la misère,
C'est pas Valmi, c'est pas Verdun,
Mais c'est les larmes aux paupières,
Au jour qui meurt, au jour qui vient,
Le mal de vivre,
Le mal de vivre,
Qu'il nous faut vivre,
Vaille que vivre,
Qu'on soit de Rome ou d'Amérique,
Qu'on soit de Londres ou de Pékin,
Qu'on soit d'Égypte ou bien d'Afrique,
Ou de la porte Saint Martin,
On fait tous la même prière,
On fait tous le même chemin,
Qu'il est long quand on doit le faire,
Avec son mal au creux des reins,
Ils ont beau vouloir nous comprendre,
Ceux qui nous viennent, les mains nues,
Nous ne voulons plus les entendre,
On ne peut pas, on n'en peut plus,
Et tout seuls dans le silence,
D'une nuit qui n'en finit plus,
Voilà que, soudain, on y pense,
À ceux qui n'en sont pas revenus,
Du mal de vivre,
Leur mal de vivre,
Qu'il devaient vivre,
Vaille que vivre,
Et sans prévenir, ça arrive,
Ça vient de loin,
Ça s'est promené de rive en rive,
Le rire en coin,
Et puis un matin, au réveil,
C'est presque rien,
Mais c'est là, ça vous émerveille,
Au creux des reins,
La joie de vivre,
La joie de vivre,
Oh, viens la vivre,
Ta joie de vivre...
LES INSOMNIES
(2:44) (Barbara) - © 1981
À voir tant de gens qui dorment et s'endorment à la nuit,
Je finirai, c'est fatal, par pouvoir m'endormir aussi,
À voir tant d'yeux qui se ferment, couchés dans leur lit,
Je finirai par comprendre qu'il faut que je m'endorme aussi,
J'en ai connu de grands, des beaux, des bien bâtis, des gentils,
Qui venaient pour me bercer et combattre mes insomnies,
Mais au matin, je les retrouvais, endormis dans mon lit,
Pendant que je veillais seule, en combattant mes insomnies,
À force de compter les moutons qui sautent dans mon lit,
J'ai un immense troupeau qui se promène dans mes nuits,
Qu'ils aillent brouter ailleurs, par exemple, dans vos prairies,
Labourage et pâturage ne sont pas mes travaux de nuit,
Sans compter les absents qui me reviennent dans mes nuits,
J'ai quelquefois des vivants qui me donnent des insomnies,
Et je gravis mon calvaire, sur les escaliers de la nuit,
J'ai déjà connu l'enfer, connaîtrais-je le paradis?
Le paradis, ce serait, pour moi, de m'endormir la nuit,
Mais je rêve que je rêve qu'on a tué mes insomnies,
Et que pâles, en robe blanche, on les a couchées dans un lit,
À tant rêver que j'en rêve, les voilà mes insomnies,
Je rode comme les chats, je glisse comme les souris,
Et Dieu, lui-même, ne sait pas ce que je peux faire de mes nuits,
Mourir ou s'endormir, ce n'est pas du tout la même chose,
Pourtant c'est pareillement se coucher les paupières closes
Une longue nuit, où je les avais tous deux confondus,
Peu s'en fallut, au matin, que je ne me réveille plus,
Mais au ciel de mon lit, y avait les pompiers de Paris,
Au pied de mon lit, les adjudants de la gendarmerie,
O Messieurs dites-moi, ce que vous faites là, je vous prie,
Madame, nous sommes là pour veiller sur vos insomnies,
En un cortège chagrin, viennent mes parents, mes amis,
Gravement, au nom du Père du Fils et puis du Saint-Esprit,
Si après l'heure, c'est plus l'heure, avant, ce ne l'est pas non plus,
Ce n'est pas l'heure en tout cas, mais grand merci d'être venus,
Je les vois déjà rire de leurs fines plaisanteries,
Ceux qui prétendent connaître un remède à mes insomnies
Un médecin pour mes nuits, j'y avais pensé moi aussi,
C'est contre lui que je couche mes plus belles insomnies,
À voir tant de gens qui dorment et s'endorment à la nuit,
J'aurais fini, c'est fatal, par pouvoir m'endormir aussi,
Mais, si s'endormir c'est mourir, ah laissez-moi mes insomnies,
J'aime mieux vivre en enfer que dormir en paradis,
Si s'endormir c'est mourir, ah laissez-moi mes insomnies,
J'aime mieux vivre en enfer que mourir en paradis...
MES HOMMES
(4:06) (Barbara) - © 1968
Ils marchent le regard fier, mes hommes,
Moi devant, et eux derrière, mes hommes,
Et si j'allonge le pas, ils me suivent pas à pas,
Je leur échappe pas, mes hommes, mes hommes,
Où que je sois, ils sont là, mes hommes,
Je n'ai qu'à tendre les bras, en somme,
Je les regarde venir, fière de leur appartenir,
C'est beau de les voir sourire, mes hommes,
Moi qui suit fille des brumes, en somme,
De la nuit et de la lune, tout comme,
Quand j'arrive, le teint clair, moi devant et eux derrière,
Je comprends bien que les gens s'étonnent, s'étonnent,
Car, ils viennent de Tunisie, mes hommes,
Marseille, Toulon, le Midi, mes hommes,
Ils marchent avec insolence, un petit rien dans la hanche,
Ça ressemble à une danse, mes hommes,
Ils ne m'appellent Madame, mes hommes,
Mais, tendrement, ils me nomment, patronne,
Ils se soumettent à ma loi, je me soumets à leur loi,
Que c'est doux d'obéir, à mes hommes,
Tout d'amour et de tendresse, mes hommes,
M'ont fait une forteresse, mes hommes,
Non, vous ne passerez pas, c'est à eux, n'y touchez pas,
Ils sont violents quelquefois mes hommes mes hommes,
Ils se sont fait sentinelles, mes hommes,
Ils pourraient être cruels, mes hommes,
Ils me veillent, comme moi, je les veille quelquefois,
Moi pour eux, et eux pour moi, mes hommes,
Quand naissent les premières feuilles, d'automne,
Quand le chagrin se fait lourd, mes hommes,
Vont se mettre, sans un mot, debout, autour du piano,
Et me disent tendrement, patronne, patronne,
C'est fou comme ils sont heureux, mes hommes,
Quand le son du piano noir, résonne,
Ils vont faire leurs bagages, et on reprend le voyage,
Faut qu'ils violent du paysage, mes hommes,
Quand descend la nuit furtive, mes hommes,
À pas de loup, ils s'esquivent, personne,
Ils vont chasser dans la nuit, bergers, gardez vos brebis,
Qui ont le goût et l'envie, des hommes, des hommes,
Car, de la blonde à la rousse, mes hommes,
Ils vont coucher leur peau douce, mes hommes,
Et repartent dans la nuit, courtois, mais pas attendris,
Quand ils ont croqué le fruit, la pomme,
Ils reviennent au matin, mes hommes,
Avec des fleurs dans les mains, mes hommes,
Et restent là, silencieux, timides, baissant les yeux,
En attendant que je leur pardonne,
Ils ont installé mon lit, mes hommes,
Au calme d'une prairie, mes hommes,
Je peux m'endormir à l'ombre, ils y creuseront ma tombe,
Pour la longue nuit profonde, des hommes, des hommes,
Pas de pleurs, pas une larme, mes hommes,
Je n'ai pas le goût du drame, mes hommes,
Continuez, le regard fier, je serai là, comme hier,
Vous devant, et moi derrière, mes hommes.
MA PLUS BELLE HISTOIRE D'AMOUR
(4:50) (Barbara) - © 1967
Du plus loin que me revienne
L'ombre de mes amours anciennes
Du plus loin du premier rendez-vous
Du temps des premières peines
Lors j'avais quinze ans à peine
Cœur tout blanc et griffes aux genoux
Que ce fût, j'étais précoce
De tendre amours de gosses
Ou les morsures d'un amour fou
Du plus loin qu'il me souvienne
Si depuis j'ai dit je t'aime
Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous.
C'est vrai je ne fus pas sage
Et j'ai tourné bien des pages
Sans les lire, blanches et puis rien dessus
C'est vrai je ne fus pas sage
Et mes guerriers de passage
À peine vus, déjà disparus
Mais à travers leurs visages, c'était déjà votre image
C'était vous déjà et le cœur nu
Je refaisais mes bagages
Et poursuivais mon mirage
Ma plus belle histoire d'amour c'est vous.
Sur la longue route, qui menait vers vous
Sur la longue route, j'allais le cœur fou
Le vent de Décembre me gelait au cou
Qu'importait Décembre, si c'était pour vous.
Elle fut longue la route, mais je l'ai faite la route
Celle-là qui menait jusqu'à vous
Et je ne suis pas parjure, si ce soir je vous jure
Que pour vous, je l'eus faite à genoux
Il en eût fallu bien d'autres
Que quelques mauvais apôtres
Que l'hiver et la neige à mon cou
Pour que je perde patience
Et j'ai calmé ma violence
Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous.
Mais tant d'hivers et d'automnes
De nuits, de jours et personne
Vous n'étiez jamais au rendez-vous
Et de vous perdant courage, soudain me prenait la rage
Mon dieu que j'avais besoin de vous
Que le Diable vous emporte
D'autres m'ont ouvert leur porte
Heureuse, je m'en allais loin de vous
Oui, je vous fus infidèle, mais vous revenais quand même
Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous.
J'ai pleuré mes larmes, mais qu'il me fût doux
Oh qu'il me fût doux, ce premier sourire de vous
Et pour une larme qui venait de vous
J'ai pleuré d'amour, vous souvenez-vous?
Ce fut un soir de Septembre, vous étiez venu m'attendre
Ici même, vous en souvenez-vous?
À vous regarder sourire, à nous aimer sans rien dire
C'est là que j'ai compris tout à coup
J'avais fini mon voyage, et j'ai posé mes bagages
Vous étiez venu au rendez-vous
Qu'importe ce qu'on peut on dire, je tenais à vous le dire
Ce soir je vous remercie de vous
Qu'importe ce qu'on peut on dire
Je suis venue pour vous dire
Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous.
J'ENTENDS LES CLAIRONS SONNER
(1:49) (Barbara) - © 1967
J'entends sonner les clairons
C'est le chant des amours mortes
J'entends battre le tambour
C'est le glas pour nos amours
Sur le champ de nos batailles
Meurent nos amours déchirées
Les corbeaux feront ripaille
J'entends les clairons sonner
T'as voulu jouer à la guerre
Contre qui et pour quoi faire
J'étais à toi toute entière
J'étais déjà prisonnière
Mais du matin qui se lève
Du jour à la nuit sans trêve
Tu voulais ton air de gloire
Et je ne sais quelle victoire
Entends sonner les clairons
C'est le chant des amours mortes
Entends battre le tambour
C'est le glas pour nos amours
Sur le champ de nos batailles
Meurent nos amours déchirées
J'ai lutté vaille que vaille
Mais je n'ai rien pu sauver
Ci-gît couché sous la pierre
Tout nu sans une prière
Notre amour mort à la guerre
Ah, fallait, fallait pas la faire
Ci-gît un printemps à Rome
Et la moitié d'un automne
Ci-gît sans même une rose
Notre amour paupières closes
Entends sonner les clairons
C'est le chant des amours mortes
Entends battre le tambour
C'est le glas pour nos amours
À tant vouloir jouer à la guerre
À tant vouloir la gagner
Tu m'as perdue toute entière
Tu m'as perdue à jamais
Tu peux déposer les armes
Oui, j'ai fini de t'aimer
Il est trop tard pour tes larmes
Entends les clairons sonner.
LE TEMPS DES LILAS
(2:27) (Barbara) - © 1967
Il a foutu le camp, le temps du lilas,
Le temps de la rose offerte,
Le temps des serments d'amour,
Le temps des toujours, toujours,
Il m'a plantée là, sans me laisser d'adresse,
Il est parti, adieu Berthe,
Si tu le vois, ramène-le moi,
Le joli temps du lilas.
On en sourit du coin de l'œil,
Mais on en rêve du grand amour,
Je l'ai connu, j'en porte le deuil,
Ça ne peut durer toujours,
Je l'ai valsée au grand soleil,
La valse qui vous fait la peau douce,
Je l'ai croqué, le fruit vermeil,
À belle dents, à belle bouche,
J'en ai profité du temps du lilas,
Du temps de la rose offerte,
Du temps des serments d'amour,
Du temps des toujours, toujours,
Avant qu'il me quitte, pour me planter là,
Qu'il me salue, adieu Berthe,
J'en ai profité, t'en fais pas pour moi,
Du joli temps du lilas.
Il nous arrive par un dimanche,
Un lundi, un beau jour comme ça,
Alors, chaque nuit qui se penche,
S'allume dans un feu de joie,
Et puis un jour, c'est la bataille,
Meurent la rose et le lilas,
Fini le temps des épousailles,
C'est la guerre entre toi et moi.
Et le voilà qui fout le camp sans nous crier gare,
La rose est trop ouverte,
On veut le rattraper mais il est trop tard,
Le joli temps du lilas,
Il vous plante là, sans laisser d'adresse,
Il salue, adieu Berthe,
Il vous file entre les doigts,
Le joli temps du lilas,
Mais va t'en balancer à ses branches,
Va t'en rêver dans ses jardins,
Va t'en traîner, hanche contre hanche,
Du soir jusqu'au petit matin,
Mais va t'en profiter du temps du lilas,
Du temps de la rose offerte,
Du temps des serments d'amour,
Du temps des toujours, toujours.
DIS QUAND REVIENDRAS-TU ?
(3:14) (Barbara) - © 1967
Voilà combien de jours, voilà combien de nuits,
Voilà combien du temps que tu es reparti
Tu m'as dit cette fois c'est le dernier voyage,
Pour nos cœurs déchirés c'est le dernier naufrage
Au printemps tu verras, je serai de retour,
Le printemps c'est joli pour se parler d'amour
Nous irons voir ensemble les jardins refleuris
Et déambulerons dans les rues de Paris.
Dis, quand reviendras tu
Dis, au moins le sais-tu
Que tout le temps qui passe
Ne se rattrape guère
Que tout le temps perdu
Ne se rattrape plus
Le printemps s'est enfui depuis longtemps déjà
Craquent les feuilles mortes, brûlent les feux de bois
À voir Paris si beau dans cette fin d'automne
Soudain je m'alanguis, je rêve, je frissonne
Je tangue, je chavire, et comme la rengaine
Je vais, je viens, je vire, je tourne et je me traîne
Ton image me hante et je te parle tout bas
Et j'ai le mal d'amour et j'ai le mal de toi.
Dis, quand reviendras tu
Dis, au moins le sais-tu
Que tout le temps qui passe
Ne se rattrape guère
Que tout le temps perdu
Ne se rattrape plus.
J'ai beau t'aimer encore, j'ai beau t'aimer toujours
J'ai beau n'aimer que toi, j'ai beau t'aimer d'amour
Si tu ne comprends pas qu'il te faut revenir
Je ferais de nous deux mes plus beaux souvenirs,
Je reprendrais ma route, le monde m'émerveille
J'irai me réchauffer à un autre soleil
Je ne suis pas de celles qui meurent de chagrin
Je n'ai pas la vertu des femmes de marin.
Dis, quand reviendras tu
Dis, au moins le sais-tu
Que tout le temps qui passe
Ne se rattrape guère
Que tout le temps perdu
Ne se rattrape plus.