L'HOMME À TÊTE DE CHOU
(2:00) (Gainsbourg) - © 1976


Je suis l'homme à la tête de chou
Moitié légume moitié mec
Pour les beaux yeux de Marilou
Je suis allé porter au clou
Ma Remington et puis mon break
J'étais à fond de cale à bout
De nerfs, j'avais plus un kopeck,
Du jour où je me mis avec
Elle je perdis à peu près tout
Mon job à la feuille de chou
A scandales qui me donnait le bifteck
J'étais fini foutu échec
Et mat au yeux de Marilou
Qui me traitait comme un blanc-bec
Et me rendait moitié coucou.
Ah non tu peux pas savoir mec
Il lui fallait les discothèques
Et bouffer au Kangourou
Club alors je signais des chèques
Sans provision j'étais fou fou
A la fin j'y fis le caillou
Comme un melon une pastèque
Mais comment...
Je ne vais pas tout
Déballer comme ça aussi sec.
Quoi ? Moi ? L'aimer encore ? Des clous.
Qui et où suis-je ? Chou ici ou
Dans la blanche écume varech
Sur la plage de Malibu.

CHEZ MAX COIFFEUR POUR HOMMES
(2:00) (Gainsbourg) - © 1976


Chez Max coiffeur pour hommes
Où un jour j'entrais comme
Par hasard me faire raser la couenne
Et rafraîchir les douilles
Je tombe sur cette chienne
Shampooineuse
Qui aussitôt m'aveugle par sa beauté païenne
Et ses mains savonneuses
Elle se penche et voilà ses doudounes
Comme deux rahat-loukoums
À la rose qui rebondissent sur ma nuque boum boum
Je pense à la fille du Calife
De la mille et deuxième nuit
Je sens la pointe d'un canif
Me percer le cœur je lui dis
« Petite je te sors ce soir o.k. »
Elle a d'abord un petit rire comme un hoquet
Puis sous le sirocco du séchoir
Dans mes cheveux
La petite garce laisse choir
« Je veux ».

MARILOU REGGAE
(2:12) (Gainsbourg) - © 1976


Quand Marilou danse reggae
Ouvrir braguette et prodiguer
Salutations distinguées
De petit serpent katangais

Quand Marilou danse reggae
Sur Marilou passer à gué
Beaucoup caresses et endiguer
Spermatozoïdes aux aguets

Quand Marilou danse reggae
Au bord climax faire le guet
Changer vitesse changer braquet
Et décoller avion Bréguet

Quand Marilou danse reggae
Elle et moi plaisirs conjugués
En Marilou moi seringuer
Faire mousser en meringué

Quand Marilou danse reggae
Quand Marilou bien irriguée
Jamais jamais épiloguer
Record à corps homologué

Quand Marilou danse reggae
Petit détail à divulguer
En petit nègre dialogué
Après l'amour pisser sagaie

TRANSIT À MARILOU
(1:33) (Gainsbourg) - © 1976


Vroum vroum me voici rose zinc
Avion fantôme hou hou
Aéroplane vieux coucou
Dont l'altimètre se déglingue
C'est à peine si je distingue
Les balises du terrain où
Je me pose en casse-cou
J'alanguis dans la nuit buccale
Je vais transiter un coup
Serai-je chez les cannibales ?
Une haleine de peppermint
M'envahit le cockpit ding-ding
Je me sens vibrer la carlingue
Se dresser mon manche à balou
Dans la tour de contrôle en bout
De piste une voix cunnilingue
Me fait « glou glou
Je vous reçois cinq sur cinq »
Mais qu'est ce que c'est que ce trou
Perdu, suis je en pays zoulou ?
Mais non voyons suis je dingue
Je suis à Marilou

FLASH-FORWARD
(2:38) (Gainsbourg) - © 1976


Un soir qu'à l'improviste chtac
Je frappe à ma porte toc toc
Sans réponse je pousse le loqu
Et j’écoute gémir le hamac
Grincer les ressorts du paddock
J'avance dans le black
Out et mon Kodak
Impressionne sur les plaques
Sensibles de mon cerveau une vision de claque
Je sens mon rythme cardiaque
Qui passe brusquement à mach
Deux tic tac tic tac
Comme sous un électrochoc
Elle était entre deux macaques
Du genre festival à Woodstock
Et semblait une guitare rock
À deux jacks
L'un à son trou d'obus l'autre à son trou de balle
Crac
Eh doc... Qui moi paranoïaque ?
Demandez donc un peu au vioque
Qui est portier de nuit au Rox-
Y Hôtel si je débloque
C'est à jamais sur le bloc-
Notes de ma mémoire black
Sur white et quoi que
Je fasse ça me reviendra en flash back
Bordel jusqu'à ce que j'en claque

AÉROPLANES
(2:37) (Gainsbourg) - © 1976


Marilou se fait des aéroplanes
En repliant des dépliants d'agence de voyage genre cook
Où l'on peut voir des pin up à gros seins new-look
Sur fond d'azur de Louisiane
Elle est marrante, c'est une fan
Du captain Cook
Elle a sur lui toute un press-book
Aussi sur Tarzan dont elle est folle comme Jane
Je la vois assez l'enlacer et lui de liane en liane
Pousser son cri en volapük
Du coté de Pernambouc
Et moi Chita le singe qui leur cavale au cul dans la savane
Pauvre idiote tu rêves tu planes
Me traites de fauché de plouc
De minable d'abominable bouc
Qu'importe, injures un jour se dissiperont comme volute Gitane

PREMIERS SYMPTÔMES
(1:15) (Gainsbourg) - © 1976


J'ai ressenti les premières atteintes du mal
Sous les sarcasmes de Marilou
Mes oreilles après des mots comme « vieux con, pédale »
Se changèrent en feuilles de chou
Aux aurores j'allais au café buraliste
Faire provision de fumigènes
Et je demandais au pompiste
Derrière le zinc, le plein de kérosène
Puis traînant mes baskets
Je m'allais enfermer dans les water-closet
Où là je vomissait mon alcool et ma haine
Titubant je m'en revenais
Et les petits enfants riaient
De mes oreilles en chou-fleur
J'avais pris peu à peu la tronche d'un boxeur

MA LOU MARILOU
(2:42) (Gainsbourg) - © 1976


Oh ma lou
Oh ma lou
Oh Marilou
Petite gueuse
Shampooineuse
De mes rêves
Oh ma lou
Oh ma lou
Oh Marilou
Si tu bronches je te tords le cou
Oh ma lou
Oh ma lou
Oh Marilou
Tiens toi à
Carreau la
Vie est brève
Oh ma lou
Oh ma lou
Oh Marilou
Un faux pas et t’voilà au trou
Oh ma lou
Oh ma lou
Oh Marilou
Tu as mon âme
Monogame
Et ma sève
Oh ma lou
Oh ma lou
Oh Marilou
C'est pour toi et un point c'est tout
Oh ma lou
Oh ma lou
Oh Marilou
J'aime tes deux Seins tes yeux
Et ta fève
Oh ma lou
Oh ma lou
Oh Marilou
Fais gaffe ou
Je te rentre dans le chou

VARIATIONS SUR MARILOU
(7:41) (Gainsbourg) - © 1976


Dans son regard absent
Et son iris absinthe
Tandis que Marilou s'amuse à faire des vol-
Utes de sèches au menthol
Entre deux bulles de comic strip
Tout en jouant avec le zip
De ses Levis
Je lis le vice
Et je pense à Caroll Lewis

Dans son regard absent
Et son iris absinthe
Tandis que Marilou s’évertue à faire des vol-
Utes de sèches au menthol
Entre deux bulles de comic strip
Tout en jouant avec son zip
À entrebâiller ses Levis
Dans son regard absent et son iris
Absinthe dis je je lis le vice
De Baby Doll
Et je pense à Lewis
Caroll

Dans son regard absent
Et son iris absinthe
Quand crachent les enceintes
De la sono lançant
Accords de quartes et de quintes
Tandis que Marilou s'esquinte
La santé s’éreinte
À s'envoyer en l'air...

Lorsqu'en un songe absurde
Marilou se résorbe
Que son coma l'absorbe
En pratiques obscures
Sa pupille est absente
Mais son iris absinthe
Sous ses gestes se teinte
D’extases sous-jacentes
À son regard le vice
Donne un côté salace
Un peu du bleu lavasse
De sa paire de Levis
Tandis qu'elle exhale
Un soupir au menthol
Ma débile mentale
Perdue en son exil
Physique et cérébral
Joue avec le métal
De son zip et l’atoll
De corail apparaît
Elle s'y coca-colle Un doigt qui en arrêt
Au bord de corolle
Est pris près du calice
Du vertige d'Alice
De Lewis Caroll

Lorsqu'en songes obscurs
Marilou se résorbe
Que son coma l'absorbe
En des rêves absurdes
Sa pupille s'absente
Et son iris absinthe
Subrepticement se teinte
De plaisirs en attente
Perdu dans son exil
Physique et cérébral
Un à un elle exhale
Des soupirs fébriles
Parfumés au menthol
Ma débile mentale
Fait teinter le métal
De son zip et narcisse
Elle pousse le vice
Dans la nuit bleue lavasse
De sa paire de Levis
Arrivée au pubis
De son sexe corail
Écartant la corolle
Prise au bord du calice
De vertigo Alice
S'enfonce jusqu'à l'os
Au pays des malices
De Lewis Caroll

Pupilles absente iris
Absinthe baby doll
Écoute ses idoles
Jimmy Hendrix Elvis
Presley T-rex Alice
Cooper Lou reed les Roll
Ing stones elle en est folle
Là-dessus cette narcisse
Se plonge avec délice
Dans la nuit bleue pétrole
De sa paire de Levis
Elle arrive au pubis
Et très cool au menthol
Elle se self-contrôle
Son petit orifice
Enfin poussant le vice
Jusqu'au bord du calice
D'un doigt sex-symbole
S’écartant la corolle
Sur fond de rock’n’roll
S’égare mon Alice
Aux pays des malices
De Lewis Caroll

MEURTRE À L'EXTINCTEUR
(0:47) (Gainsbourg) - © 1976


Pour éteindre le feu au cul de Marilou
Un soir n'en pouvant plus de jalousie
J'ai couru au couloir de l’hôtel décrocher de son clou
L'extincteur d'incendie
Brandissant le cylindre
D’acier je frappe paf et Marilou se met à geindre
De son crâne fendu s’échappe un sang vermeil
Identique au rouge sanglant de l'appareil
Elle a sur le lino
Un dernier soubresaut
Une ultime secousse
J'appuie sur la manette
Le corps de Marilou disparaît sous la mousse

MARILOU SOUS LA NEIGE
(2:24) (Gainsbourg) - © 1976


Marilou repose sous la neige
Et je me dis et je me redis
De tous ces dessins d'enfant que n'ai-je
Pu préserver la fraîcheur de l'inédit

De ma Lou en bandes dessinées je
Parcourais les bulles arrondies
Lorsque je me vis exclu de ses jeux
Érotiques j'en fis une maladie

Marilou se sentait prise au piège
Tous droits d’reproduction interdits
Moi naïf j'pensais que me protégeaient
Les droits du copyright opera mundi

Oh ma Lou il fallait que j'abrège
Ton existence c'est ainsi
Que Marilou s'endort sous la neige
Carbonique de l'extincteur d'incendie

LUNATIC ASYLUM
(3:21) (Gainsbourg) - © 1976


Le petit lapin de playboy ronge mon crâne végétal
Shoe shine boy
Oh Marilou petit chou
Qui me roulait entre ses doigts comme du caporal
Me suçotait comme un cachou
Elle savait le dialecte chou
Poupouppidou
Tu sais ma lou
Dans cette blanche clinique
Neuropsychiatrique
A force de patience et d'inaction
J'ai pu dresser un hanneton
Sur ma tête héliport
L'helicoléoptère
De ses élytres d'or
Refermant l'habitacle
Incline ses antennes
Porteuses d' S.O.S.
Mais merde les phalènes
Frémissantes de stress
Interceptent en vol
Mes signaux de détresse
Manque de bol
Les parasites de radio Pou
Ont brouillé mes messages fou
Que j'étais de toi Marilou