C'EST PAS DE L'AMOUR
(4:57) (J. J. Goldman - M. Jones) - © 1990


Ça ressemble à la Toscane douce et belle de Vinci 
Les sages et beaux paysages font les hommes sages aussi 
Ça ressemble à des images, aux saisons tièdes, aux beaux jours 
Au silence après l'orage, au doux toucher du velours 
  
C'est un peu comme ces musiques qu'on entend sans écouter 
Ces choses qui n'existent jamais tant que le manque qu'elles ont laissé 
Ça ressemble à ces grand'routes, sans virage, sans détour 
La dolce vita sans doute 
Mais en tout cas c'est pas d'l'amour 
  
Ça ressemble à la sagesse, à ces paix qu'on signe un jour 
Juste au prix de nos jeunesses, sans trompette ni tambour 
C'est plein de baisers caresses, plein de mots sucrés d'enfants 
Attestations de tendresse, rituel rassurant 
Harmonie, intelligence et raison ou sérénité 
Complice connivence, autant de mots pour exprimer tout ce que c'est 
  
C'est un peu tout ça tour à tour 
Mais en tout cas c'est pas d'l'amour 
  
Sans peur et sans solitude, le bonheur à ce qu'on dit 
Y a bien des vies sans Beethoven et sans avis 
Pourquoi pas des vies sans cri 
  
Mais qu'on soit contre ou qu'on soit pour 
En tout cas c'est pas d'l'amour 
  
C'est pas d'l'amour 
C'est plus d'l'amour

VIVRE CENT VIES
(4:41) (J. J. Goldman - M. Jones) - © 1990


J'aimerais tant être au pluriel
Quand mon singulier me rogne les ailes

Etre une star en restant anonyme
Vivre à la campagne mais en centre ville

Effacer mes solitudes
Sans dieu ni famille et sans habitude

Blanche princesse, ou masseuse à Bangkok
Sage philosophe et puis chanteur de rock

Brûler mes nuits, noyer mes jours
Etre fidèle à des milliers d'amours

Vivre sa vie, rien que sa vie
Crever d'envies, un petit tour et fini

Ça fait trop mal, c'est pas moral
Vivre même à demi, tant pis, mais vivre cent vies

J'aimerais tant changer de sang
Changer de rêves et de tête et d'accent

Une terre, une maison, un grand feu
Vivre en nomade et libre, coucher sous les cieux

Mais qui est qui ? Et qui n'est qu'un ?
Rien que le juge et jamais l'assassin ?

NÉ EN 17 À LEIDENSTADT
(3:54) (J. J. Goldman - M. Jones) - © 1990


Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt 
Sur les ruines d'un champ de bataille 
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens 
Si j'avais été allemand ? 
  
Bercé d'humiliation, de haine et d'ignorance 
Nourri de rêves de revanche 
Aurais-je été de ces improbables consciences 
Larmes au milieu d'un torrent ? 
  
Si j'avais grandi dans les docklands de Belfast 
Soldat d'une foi, d'une caste 
Aurais-je eu la force envers et contre les miens 
De trahir, tendre une main ? 
  
Si j'étais née blanche et riche à Johannesburg 
Entre le pouvoir et la peur 
Aurais-je entendu ces cris portés par le vent 
Rien ne sera comme avant ? 
  
On saura jamais c'qu'on a vraiment dans nos ventres 
Caché derrière nos apparences 
L'âme d'un brave ou d'un complice ou d'un bourreau ? 
Ou le pire ou le plus beau ? 
Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les moutons d'un troupeau 
S'il fallait plus que des mots ? 
  
Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt 
Sur les ruines d'un champ de bataille 
Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens 
Si j'avais été allemand ? 
  
Et qu'on nous épargne à toi et moi si possible très longtemps 
D'avoir à choisir un camp

UN, DEUX, TROIS
(4:18) (J. J. Goldman - M. Jones) - © 1990


Ça m'a pris par surprise
Quand j'étais qu'un gamin
J'regardais tomber mes nuits
Et j'en attendais rien

Moi à Springfield Massachussetts
La vie coulait comme de l'eau
Un matin j'ai pris perpète
En ouvrant la radio

Ça s'appelait rock and roll
Moi ça m'a rendue folle
Moi j'y ai rien compris
Sauf que c'était ma vie
T'y comprends rien mais qu'ça sonne

Ça f'sait 1,2,3
 Pretty mama
 
4, 5, 6
 I miss you
 
7, 8, 9
 Cannot get enough
 
10, 11, 12
 I ain't got the blues
 
One, two, three
 Come on baby
 
Four, five, six
 A kiss
 
Seven, eight, nine
 You're on my mind
 
Ten, eleven, twelve
 Tell me when
 

Il paraît qu'il y en aurait qui se damnent
Pour du pouvoir pour de l'or
Chacun sa façon de brader son âme
On les plaint pour ce qu'ils ignorent

Moi quand j'entends l'intro de "Hey Joe"
Oh je l'comprends mieux qu'aucun mot
Et rien ne me met dans le même état
Que la voix d'Aretha

Et c'était plus qu'une musique
Un langage, une communion
Une religion laïque
Notre façon de dire non

Des cheveux longs jusqu'au blouson
Mêmes idoles et mêmes temples
Nous allions tous même direction
Nulle part, oui mais ensemble

NUIT
(5:40) (J. J. Goldman - M. Jones) - © 1990


Y a des qualités de silence
Comme les étoffes ou le bois
Des profonds, des courts, des immenses
Des que l'on n'entend presque pas

Coule la pluie, cheveux et veste
Mouille ce qui ne pleure pas
Marcher le long de rues désertes
Où tu me manques pas à pas 
  
Tu manques, si tu savais
Tu manques tant
Plus que je ne l'aurais supposé
Moi qui ne tiens pas même au vent 
  
Prendre un taxi, tourner des pages
Féliciter, battre des mains
Faire et puis refaire ses bagages
Comment allez-vous ?, à demain

On apprend tout de ses souffrances
Moi, j'ai su deux choses, après toi :
Le pire est au bout de l'absence
Je suis plus vivant que je crois 
Tu manques, si tu savais
Infiniment, tout doucement
Plus que je ne me manque jamais
Quand je me perds de temps en temps 
Danger, dit-on, la lune est pleine
Est-elle vide aussi parfois ?
Invisible, à qui manquerait-elle ?
Peut-être à d'autres, pas à moi

Tu manques, si tu savais
Tu manques drôlement

Tu m'manques

JE L'AIME AUSSI
(6:14) (J. J. Goldman - M. Jones) - © 1990


On devrait pas croiser dans les rues 
Les beaux regards des belles inconnues 
Surtout ne plus entendre les voix 
De ces sirènes aux parfums hors la loi 
J'ai pas tué, pas nié, pas volé 
Pas même réussi à regretter 
Quand j'suis contre elle, c'est pas contre toi 
Et quand on aime, d'abord, on n'compte pas 
On pardonne un jour tous les faits de guerre 
On n'oublie guère les effets de l'amour 
  
Banale histoire anormale, amorale 
Illégal écart entre bien et mal 
Belle et blasphème la même nouvelle 
Primo je t'aime, t'aime 
  
Mais qu'y puis-je si j'l'aime aussi ? 
On n'aura jamais de train pour l'amour 
Jamais d'horaires, de rails, sans détours, la vie 
J'l'aime aussi 
Et Rome sermonne et clochers carillonnent 
Y en a pourtant tant qui n'aiment personne 
  
Si l'homme occidental est monogame 
Sait-on si l'amour l'est aussi ? 
Pas loin d'ici, à quelques kilomètres 
L'on dit que le "game est poly" 
Jules et Jim et Jeux interdits 
Quand les musiques en trio sont jolies 
Dites-moi qui, qui mérite ici 
L'exclusivité de toute une vie ? 
  
Dans les marées basses du manque d'amour 
Bénis les vivants même à double tour d'envie 
J'l'aime aussi 
Où et quand, à qui, de quoi s'excuser 
Y en a tant qui haïssent à volonté

CHANSON D'AMOUR (...!)
(4:07) (J. J. Goldman - M. Jones) - © 1990


Chanson d'amour, hystérie du moment, écrans, romans, tout l'temps 
Des p'tits, des lourds, des vrais, d'autres du flanc 
C'est trop, finissons-en 
Ça dégouline de tous les magazines 
Ça colle aux doigts, ça colle au cœur, c'est dégoûtant 
En vérité, 
Qui pourrait m'en citer 
Un seul qui lui ait donné 
Plus de liberté 
  
Des amours propres, les plus sales, écœurants 
J'en ai croisés souvent 
Enfants parents, photos, sourires, charmants ! 
  
Nés pour venger tous leurs échecs, donnant donnant 
Amours "vautour" ou "vitrine", j'en ai vus 
Mais des amours tout court, ça court pas les rues 
  
Abus d'confiance, vulgaire anesthésique 
Inconscience pathétique 
Ça peut cacher nos misères un moment 
Comme un alcool, comme une drogue, un paravent 
Mais y'a toujours un des ces sales matins 
Où qu'on se dit que l'amour, ça sert à rien 
  
Trêve de discours, y a rien d'pire que l'amour 
Sauf de ne pas aimer 
Autant le faire, c'est clair 
Et puis se taire

A NOS ACTES MANQUÉS
(4:42) (J. J. Goldman - M. Jones) - © 1990


A tous mes loupés, mes ratés, mes vrais soleils 
Tous les chemins qui me sont passés à côté 
A tous mes bateaux manqués, mes mauvais sommeils 
A tous ceux que je n'ai pas été 
  
Aux malentendus, aux mensonges, à nos silences 
A tous ces moments que j'avais cru partager 
Aux phrases qu'on dit trop vite et sans qu'on les pense 
A celles que je n'ai pas osées 
A nos actes manqués 
  
Aux années perdues à tenter de ressembler 
A tous les murs que je n'aurai pas su briser 
A tout c'que j'ai pas vu, tout près, juste à côté 
Tout c'que j'aurais mieux fait d'ignorer 
  
Au monde, à ses douleurs qui ne me touchent plus 
Aux notes, aux solos que je n'ai pas inventés 
Tous ces mots que d'autres ont fait rimer qui me tuent 
Comme autant d'enfants jamais portés 
A nos actes manqués 
  
Aux amours échouées de s'être trop aimées 
Visages et dentelles croisés juste frôlés 
Aux trahisons que j'ai pas vraiment regrettées 
Aux vivants qu'il aurait fallu tuer 
  
A tout ce qui nous arrive enfin, mais trop tard 
A tous les masques qu'il aura fallu porter 
A nos faiblesses, à nos oublis, nos désespoirs 
Aux peurs impossibles à échanger 
  
A nos actes manqués

PEURS
(4:58) (J. J. Goldman - M. Jones) - © 1990


Qu'est-ce qu'on aurait dû ?
Qu'est-ce qu'on aurait pu ?
Personne y peut rien
Chacun son destin

Ici, c'est comme ça
C'est chacun pour soi
La vie, les rumeurs
Peurs contre peurs

On l'a trouvée bizarre
Dès qu'elle est arrivée
Avec son genre à part
Son air d'pas y toucher

Elle était pas bavarde
A peine bonjour bonsoir
J'ai mis les mômes en garde
Nous, on veut pas d'histoire

Elle était pas vilaine
Moi, j'la trouvais vulgaire
Toujours la même dégaine
Pas coiffée, un drôle d'air

Elle prenait des taxis
Elle fumait dans l'couloir
Elle f'sait quoi dans la vie ?
J'm en fous, j'veux pas l'savoir

Peurs contre peurs, nous sommes d'ici, elle est d'ailleurs
Peurs contre peurs, elle est partie un jour
On reste entre nous peurs contre peurs

On voyait d'la lumière
Si tard a-t-on idée
Qu'est-ce-qu'elle pouvait bien faire ?
Elle avait pas la télé

Elle avait pas d'visite
Elle avait pas d'courrier
Elle a même eu les flics
Non, c'était à côté

On dit de source sûre
Qu'un voisin l'a croisée
La nuit dans une voiture
Moi, rien peut m'étonner

Elles ont ça dans la peau
C'est comme des animaux
C'est c'que nous avait dit
Un gars des colonies

Peurs contre peurs. nous sommes d'ici elle est d'ailleurs
Peurs contre peurs, un jour elle est partie
Nous sommes restés, nos peurs aussi

Qu'est-ce qu'on aurait dû ?
Qu'est-ce qu'on aurait pu ?
Personne y peut rien
Chacun son destin

Ici, c'est comme ça
C'est chacun pour soi
On demande rien

Qu'est-ce que vos croyez
C'est partout pareil
Nos yeux, nos oreilles
Vaut mieux les fermer

Ici, tout est dur
On aime les serrures
Pas les étrangers

On l'a trouvée bizarre
Dès qu'elle est arrivée
Avec sont genre à part
Son air d'pas y toucher

Elle était pas bavarde
A peine bonjour bonsoir
J'ai mis les mômes en garde
Nous, on veut pas d'histoire

Pas d'histoire

TU MANQUES
(9:14) (J. J. Goldman - M. Jones) - © 1990


La nuit t'habille dans mes bras 
Pâles rumeurs et bruits de soie
Conquérante immobile
Reine du sang des villes
Je la supposais, la voilà

Tout n'est plus qu'ombre, rien ne ment
Le temps demeure et meurt pourtant
Tombent les apparences
Nos longs, si longs silences
Les amants se perdent en s'aimant

Solitaire à un souffle de toi
Si près, tu m'échappes déjà
Mon intime étrangère
Se trouver, c'est se défaire
A qui dit-on ces choses-là ?

As dawn lights up another day
Visions I once had fade away
All of those words unspoken
My wildest dreams all broken
It wasn't supposed to be that way

Should I leave why should I stay
Solitaire à un souffle de toi
Leavin' behind me yesterday
Tout près, tu m'échappes déjà
Am I free or forsaken
Mon intime étrangère
Cheated or awakened
Se trouver, se défaire
Does it matter anyway ?